🇫🇷 #Moi Président, je repenserai intégralement le fonctionnement de l'école et l'enseignement supérieur
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🇫🇷 #Moi Président, je repenserai intégralement le fonctionnement de l'école et l'enseignement supérieur

L’éducation forge les Hommes. De sa qualité dépend l’ouverture d’une nation. De son ouverture dépend l’adaptabilité de ses citoyens. De son objectivité dépend l’autonomie de pensée et la capacité de s’ouvrir au monde et d’ouvrir le monde. D’accepter les mondes, celui des autres qui deviennent selon l’éducation la source de richesse ou de haine.

La formation corrige les tirs et permet de les essuyer. Elle devrait permettre d’adapter l’homme à son temps, ses compétences aux nécessités de l’évolution, de mener vers le retour ou l’adaptation à l’emploi. D’en inventer de nouvelles formes.

Le système devrait avoir pour obsession d’aider chacun de trouver sa place, quelque soit son niveau ou sa provenance, il devrait privilégier la recherche de qui l’on est afin de choisir ce pour quoi on est fait plutôt que de poursuivre un diplôme ou un parcours souvent inadapté à sa propre personnalité et envie.

En lisant ces lignes nombreux sont ceux qui réalisent que notre système est bien loin de ces objectifs théoriques et pourtant incontournables. Notre système est défaillant à plusieurs point de vue et lui redonner la capacité de servir ses objectifs initiaux devrait être notre unique objectif.

Nos lacunes ?

Notre système éducatif suit la mauvaise répartition de nos populations. Les ghettos aboutissent à des zones d’abandon éducatif, des zones de « non éducation », mais aussi de « non droit », qui à leur tour produisent médiocrité et exclusion et dans le pire des scénarios, radicalité et déviances.

Notre système éducatif n’est plus l’outil d’élévation sociale qu’il a pu être. La mixité se perd et les élites se reproduisent socialement, ruinant cette richesse qui naît de la différence. 600 000 élèves quittent l’école chaque année avec un niveau minable et viennent enrichir les statistiques de l’illettrisme qui avoisine les 3 millions.

La mixité se perd. Sur certaines promotions Normale Sup comprend 90% d’enfants de professeurs. Les écoles de commerce du fait de leur coût ne parviennent plus, malgré les bourses et admissions directes à assurer l’équité de traitement et les meilleurs lycées et prépas sont interdits aux origines modestes. Pire, ces écoles enseignent à une population sans diversité un contenu inadapté et politiquement convenu. Qui interdit l’ouverture et donc l’évolution.

Le système reste basé sur une reproduction de l’existant, sur la répétition à l’infini d’images souvent dépassées et sur une pédagogie magistrale, qui tue la créativité, l’autonomie, la connexion à la réalité, dans un monde où l’adaptabilité et la créativité vont être la condition de la réussite. Le savoir passe avant l’individu et seul le professeur incarne le savoir. Un professeur qui n’a AUCUNE obligation de se former !

>>> Lire aussi cette tribune co-écrite avec le chef Thierry Marx et Nicolas Sadirac de l'école 42.

Les professeurs n’ont pas l’autonomie nécessaire pour changer leur pédagogie, et le système n’incite même pas à la perméabilité au monde extérieur. Les universités n’ont pas de stages obligatoires ou très peu. La sélection est considérée comme tabou. Les métiers techniques sont encore considérés comme un échec et l’apprentissage reste un signe de déclassement. En faisant des mathématiques et des écoles élitistes le seul critère de succès on a surclassé 2% des élèves en déclassant les 98% restant.

Nos élites, encore bien formées et cortiquées, restent formés dans un référentiel fermé au moment où le référentiel change dramatiquement. Pire, elles apprennent à ne fonctionner qu’entre elles, par exclusion des autres, asséchant ainsi toute velléité de créativité, de challenge des idées, de confrontation des talents nés de la différence de point de vue.

Enfin, nous avons privilégie le parcours aux compétences, et confondu quotient intellectuel et compétence. L’un n’entraîne pas forcément l’autre.

L’Urgence ? Moi, président voilà ce que je proposerai :

  • Délester l’éducation nationale de 50% son administration centrale, qui étouffe l’ensemble, et laisser plus d’autonomie aux directeurs, aux écoles, aux professeurs, mieux payés, mieux formés, mieux équipés. Lancer une réforme complète de la pédagogie basée sur le savoir-être, l’envie, l’autonomie, la créativité et la détection de qui est l’élève et non plus de ce qu’il doit faire pour faire carrière. Découvrir qui l’on est avant de savoir ce que l’on veut (ou doit) faire et chercher l’excellence en tout, afin de revaloriser toutes les formations y compris techniques ou manuelles.
  • Supprimer la notion de diplôme comme fin en soi, pour en faire un « rapport d’étape ». Tout change très vite, 40% des emplois actuels vont disparaître en 10 ans. Un diplôme ne peut être considéré comme la fin du parcours mais comme une simple étape. Ce qui imposera une remise en cause permanente, y compris des élites.
  • Imposer la notion d’alternance dès le plus jeune âge, afin que dès 8 ans, par de petites immersions allant croissantes avec l’âge, les enfants puissent confronter les concepts et théories à la réalité. Ce mode doit devenir le mode par défaut de toute l’éducation.
  • Laisser l’autonomie aux écoles et universités de se rapprocher du monde de l’entreprise afin de garantir l’adéquation entre enseignement supérieur et réalité professionnelle.
  • Laisser prospérer les formations qui aboutissent à un emploi assuré et anticiper les besoins de l’économie en aidant les acteurs privés à lancer les formations qui débouchent sur des emplois. L’Ecole42, ou Simplon, en sont les meilleurs exemples. Même sans diplôme, ils sont recrutés et très bien payés.
  • Faire des 32 milliards de la formation professionnelle un budget de conquête qui échappe aux partenaires sociaux et soit géré par les régions via un partenariat avec les entreprises. Priorisons les PME et les chercheurs d’emplois, notamment les seniors.

Sur cette base nous retrouverons progressivement une éducation agile, ouverte, mixte, qui vise l’excellence et privilégie l’adaptation tout en maintenant les savoirs fondamentaux. Nous devons nous assurer de préparer des adultes autonomes, capables de penser par eux mêmes sans dépendre des technologies. Des maîtres et non des esclaves. Les technologies devront magnifier leur savoir, mais non le fournir, aider à leur réflexion au lieu de la leur servir toute faite comme en rêvent nombre des acteurs du digital mondial. Une éducation doit privilégier la capacité de l’homme à maîtriser son destin et non le déléguer par paresse. S’enrichir par l’ouverture que permet le numérique, sans en dépendre. Une pensée pré-mâchée et préfabriquée est une absence de pensée.

Le monde qui se dessine aura un levier majeur pour garantir la place de l’homme. Ce levier c’est la formation. Actionnons le dans le bon sens !


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Cet article fait partie d'une série de billets publiés par les membres et des Influencers sur LinkedIn à l'occasion de la #Présidentielle2017.

>>> Vous aussi, vous êtes inspiré-e ? Partagez vos appels et autres suggestions aux candidats en publiant un article ici en utilisant le hashtag #Présidentielle2017.

David Agostinho

Head Of New Business | PIM | DAM | Business Passionate

7 ans

DENIS Jacquet ce paragraphe : "Le système reste basé sur une reproduction de l’existant, sur la répétition à l’infini d’images souvent dépassées et sur une pédagogie magistrale, qui tue la créativité, l’autonomie, la connexion à la réalité, dans un monde où l’adaptabilité et la créativité vont être la condition de la réussite. Le savoir passe avant l’individu et seul le professeur incarne le savoir. Un professeur qui n’a AUCUNE obligation de se former !", en particulier, attire mon attention. Je ne connais pas un SEUL professeur de l'élémentaire qui ne bondirait pas au plafond à lire ce paragraphe. Il relève d'une profonde méconnaissance du travail de ces professeurs. Dans la doxa du moment, l'école est responsable de tout, d'absolument TOUT, et les professeurs des connards privilégiés. Alors on veut tout changer, absolument tout, et on fantasme sur un système parfait qui n'existe pas, qui n'existera jamais ! Ce qui m'agace à vous lire, c'est que je partage notamment votre point de vue sur l'administratif de l'éducation nationale qui étouffe le système. Le dernier scandale sur le logiciel de paye est là pour l'attester. Mais dire que le système se base sur une "reproduction de l'existant'' n'est absolument pas vrai. J'ajouterai que quelque soit le système, l'école ne pourra absolument rien face à des parents qui conçoivent l'école élémentaire comme une garderie et les professeurs comme des prestataires de services. Pour finir, je pense et tous les professeurs que je connais de l'élémentaire le pensent également, que le système n'est pas parfait, mais n'est pas non plus complètement pourri.

Marie Noëlle Touzain

Aider les entreprises à développer les compétences et les capacités indispensables aux transformations & à l'innovation

7 ans

merci et bravo pour cette analyse d'une réalité dont nous sommes nombreux à ne plus vouloir mais qui perdure année après année en dépit des constats et des faits.

𝕄𝕒𝕣𝕥𝕚𝕟𝕖 ℂ𝕙𝕒𝕣𝕝𝕚𝕖𝕦𝕩

🗽Créatrice et Coordinatrice de projets culturels🗼Responsable de la mise en oeuvre des projets

7 ans

Oui, donner le gout de lire, de découvrir et d'aller chercher la connaissance est la meilleure façon d'avancer... D'éclairer l'avenir, de susciter des envies !

Imane Joti

Professeur chercheur en Langue et littératures françaises

7 ans

La réalité des esprits carrés qui résistent à la réforme est difficile à changer. Mais, je reste optimiste puisque j'enseigne les techniques de communication à des étudiants universitaires avec cette perception de l'avenir. Mes projets vont aussi dans ce sens!

Patrick Cottais 🦋🕊️♥️

Consultant en #organisation du travail

7 ans

Bien former la jeunesse c'est un investissement pour l'avenir, un homme l'avait parfaitement compris : le général De Lattre de Tassigny. Notre système génère des résultats qui se détériorent : appliquons l'amelioration continue et laissons la liberté aux enseignants des méthodes à mettre en œuvre par contre fixons des objectifs et évaluons les résultats.

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