L'égalité hommes-femmes au rabais

L'égalité hommes-femmes au rabais

Le 17 novembre 2017, les dirigeants européens célébraient en grande pompe la proclamation du Pilier Européen des Droits Sociaux: une espèce de charte d’une vingtaine de grands principes autour desquels l’Europe sociale est articulée. Si nous le critiquions au motif qu’il ne s’agissait que d’une grande déclaration, ils juraient leurs grands dieux que le Pilier deviendrait la nouvelle boussole des politiques européennes.

Aujourd’hui, les Ministres de l’Emploi se rencontrent pour finaliser la directive sur l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle... après en avoir retiré les dispositions les plus intéressantes, proposées par la Commission.

Le congé parental, pour lequel le Président Juncker et la commissaire Thyssen proposaient initialement une période d’au moins quatre mois par parent et par enfant. Ils envisageaient également un congé paternité d’au moins 10 jours. Ces congés auraient été rémunérés comme un arrêt maladie. Enfin, ils prévoyaient un congé « aidant » de 5 jours ouvrés minimum pour s’occuper d’un enfant ou parent malade. Ce n’est pas rien lorsque l’on sait qu’une femme sur cinq - donc, près de 10 millions de femmes ! - est inactive parce qu’elle doit s’occuper d’un plus jeune ou d’un senior.

Au fil des discussions entre Etats membres, les ambitions de la Commission furent sensiblement abaissées : exit le congé « aidant »! exit la rémunération calquée sur celle de l’arrêt maladie! Le texte se borne maintenant à indiquer que le niveau de rémunération doit être « adéquat »… Ce qui, nous sommes bien d’accord, ne veut strictement rien dire. Le résultat ridicule de ces négociations s’explique par le fait que les Etats sont hostiles à ce que l’UE légifère dans le domaine social et veulent conserver leur pré carré. Cela illustre à nouveau que les gouvernements sont les principaux responsables de l’échec de l’Europe sociale. Et que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est un principe que l’on soutient... tant qu’il n’implique pas des dépenses publiques supplémentaires, car les idées sur la table coûteront de l’argent aux pouvoirs publics. Mais cette dépense qui n’atteint pas des niveaux extravagants est-elle moins légitime que l’achat de F16 ou d’aides aux entreprises par exemple ?

Il n'est pas inintéressant de savoir que 2/3 des Ministres autour de la table étaient des hommes. La parité en politique reste une lutte de longue haleine. Mais le résultat eut-il été différent si davantage de femmes siégeaient à la table du Conseil ? Rien n'est moins sûr si l'on se fie à l'auto-satisfaction de Muriel Pénicaud, la Ministre du Travail d'Emmanuel Macron. Cela démontre que la lutte contre les inégalités entre les genres et le changement des mentalités est un combat qu'il faut poursuivre avec force et que sur ces questions, le fait d'être que nos pays soient représentés par des hommes ou par femmes est moins important que la famille politique dont ils émanent. Le travail de mes collègues @Benoit Hellings et @Georges Gilkinet sur ces sujets au niveau belge en est un bon exemple.

De ce point de vue, le Parlement européen dont la position n’est pas encore formellement arrêtée est lui plus ambitieux. Il commence par élargir le congé de paternité aux pères ou, dans les pays où le mariage homosexuel est reconnu, « au second parent équivalent ». La rémunération est selon les cas équivalent à celle perçue à l’occasion d’un congé maladie ou à 75 % du salaire brut du travailleur. Les eurodéputés précisent également que « les Etats membres et/ou partenaires sociaux peuvent maintenir ou introduire des dispositions plus favorables pour les travailleurs que celles prévues dans la présente directive » et que le respect de ces dispositions ne peut pas donner lieu à des reculs sociaux ailleurs.

Autant dire que les négociations entre eurodéputés et Ministres risquent d’être tendues au cours des prochains mois et tout en ne perdant pas de vue qu’un accord doit survenir avant les élections de mai 2019.

© Juliane Liebermann @jule_42

Martine Antoine

Attachée à la Direction Médicale - Hôpital Erasme - Cliniques Universitaires de Bruxelles

6 ans

Dans mon domaine médical, il est clair que la parité homme-femme n'est qu'un mot! Un exemple, un commission "paritaire" typique : deux femmes et 10 hommes ;-))

Brigitte Guiot

Copywriter at Federal Public Service Foreign Affairs, Foreign Trade and Development Cooperation

6 ans

Peut-être que l'égalité des hommes et des femmes est là, il y a autant de chance qu'une femme politique soit aussi coincée, arrogante et irréfléchie qu'un homme politique?

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets