L'électricité solaire à Bongboka-Monene, et la vie s'améliore
Qui êtes-vous Anne-Sophie ?
A-S : Je m'appelle Anne-Sophie Gerst, j'ai 34 ans et je travaille au sein du Département concertation et environnement qui s'assure de prendre en compte l’aspect environnemental et sociétal tout au long de la vie des projets de transport d’électricité, de la mise en place à la maintenance.
28 personnes composent ce département et chacune est spécialisée sur diverses thématiques. Pour ma part, je travaille sur les sujets comme le bruit, le bilan carbone, les champs électromagnétiques, les relations avec le monde agricole, les études d'impact environnemental, etc.
Depuis quand êtes-vous bénévole à Electriciens sans frontières ? Pourquoi avoir décidé de vous engager ?
A-S : Je me suis engagée à Electriciens sans frontières depuis un peu plus d’un an suite à un échange avec un collègue, lui-même bénévole dans l’ONG.
Je voulais consacrer du temps, en dehors de mon travail, à une association de développement et je trouvais intéressant d'avoir le lien entre mon métier et l'aspect développement durable couvert par Electriciens sans frontières.
Electriciens sans frontières m'a paru être une ONG assez bien structurée, sérieuse et dans laquelle le suivi des projets et la pérennisation sont pris en compte. Toutes ces choses m'ont bien plu.
Le fait de savoir que le mécénat de compétences existe m’a également confortée dans mon choix car cela peut m'intéresser à l'avenir.
"Un nouveau type de bénévolat et des nouveaux besoins émergent et sont en train d'évoluer, notamment avec la crise sanitaire qui a bousculé les habitudes des uns et des autres."
Quelle forme revêt votre engagement au sein de l’association ?
A-S : L’aspect environnemental, qui est très lié à mon métier, me tient personnellement à cœur. A l’origine, je me suis engagée pour participer à un projet sur la gestion des déchets. Le projet ayant pas mal évolué au cours des mois, c'est finalement un groupe de travail, dont je suis membre, qui a été créé. De manière générale, quand on évoque le développement sociétal, je me questionne très vite sur l’impact environnemental de ce qu’on fait.
(Photo ci-dessus : un habitant accompagné de Anne Henry, membre de l'association SOLASO77)
Quel est votre rôle au sein du groupe de travail « déchets » d’Electriciens sans frontières ?
A-S : Ce groupe a pour objectif de réfléchir à comment gérer les installations mises en place par Electriciens sans frontières quand elles deviennent obsolètes et comment réduire notre impact environnemental en gérant mieux les déchets. Il se réunit régulièrement pour échanger sur les informations et les contacts que chacun a trouvé et définir les prochaines étapes et actions.
Le groupe de travail a besoin d’éléments concrets pour avancer, un bénévole, qui partait au Sénégal dans le cadre d’un projet de développement, a été mandaté par le groupe de travail pour aller rencontrer des interlocuteurs locaux dans le cadre de de nos recherches pour la gestion des déchets. Le groupe pourra ainsi s’appuyer sur ses retours pour avancer.
Vous êtes membre d’une l’équipe travaillant sur un projet d’électrification en République Démocratique du Congo, racontez-nous.
A-S : Le 2ème volet de mon engagement à Electriciens sans frontières, c'est que j'ai été, jusqu'à récemment, manager de projet pour un projet d’électrification solaire à Bongboka-Monene en République Démocratique du Congo.
J'ai lancé le projet, et avancé sur le dimensionnement, la recherche de prestataires pour l'électrification de plusieurs structures dans le village et la rédaction du dossier projet pour les instances de décision à Electriciens sans frontières. Quelques temps plus tard, j'ai demandé à Electriciens sans frontières à passer le lead du projet à quelqu'un d'autre parce que je me rendais compte que je n'avais pas suffisamment de temps pour faire avancer le projet dans des délais convenables.
La gestion d’un projet est quand même très consommatrice de temps. Je trouve que, vis-à-vis de l'association et du village qui nous avaient sollicités, je n'avançais pas assez vite et que ce n'était pas cohérent avec la qualité qu'on veut fournir à travers nos projets. Je suis toujours membre de l'équipe mais un nouveau manager de projet vient d’être nommé.
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Question bonus : en 2020, le bénévolat à Electriciens sans frontières était réparti comme suit : 76% d’hommes et 24% de femmes ; 50% d’actifs et 50% de retraités. Vous êtes une femme active avec un temps limité à consacrer à votre bénévolat, pensez-vous qu’un nouveau type de bénévolat se dessine au sein de l’ONG ?
A-S : Complètement ! La plupart des projets qui sont menés à terme, le sont grâce aux retraités, issus notamment du domaine de l'électricité, ce qui s’avère logique puisqu’ils ont plus de temps à consacrer à l’ONG.
Je pense qu'il y a vraiment quelque chose de nouveau qui se dessine à Electriciens sans frontières et qui à mon avis, va répondre aux besoins des nouveaux bénévoles tout en étant utiles aux plus anciens. Le modèle évolue avec par exemple, la création de webinaires, la mutualisation des efforts (documents types…), des contacts avec les entreprises… La mutualisation évite la frustration de ne pas avancer assez vite et permet aux bénévoles de se concentrer sur l’essentiel pour faire avancer les projets.
"Quelque chose de nouveau se dessine à Electriciens sans frontières qui va répondre aux besoins des nouveaux bénévoles tout en étant utiles aux plus anciens."
A mon avis, un nouveau type de bénévolat et des nouveaux besoins émergent et sont en train d'évoluer, notamment avec la crise sanitaire qui a bousculé les habitudes des uns et des autres.
Qu’est-ce que cette expérience de bénévolat vous apporte ?
A-S : Je fais du bénévolat parce que j'aime me sentir utile dans ma vie, en dehors de mon travail et de manière désintéressée. C'est vrai que c'est important pour moi d’avoir du sens dans ce que je fais et c'est pour cela que je choisis les actions sur lesquelles je m'engage. J'aime bien aussi voir les sujets qui me tiennent à cœur avancer, je parle notamment de l'environnement, domaine dans lequel il y a, je pense, vraiment plein de choses à faire.
Le bénévolat me permet de rencontrer des personnes de profil et d'âge complètement différents du mien que je ne croise pas par ailleurs, même si ces derniers temps avec le Covid nous faisons la plupart de nos réunions à distance.
"Le fait que les projets soient faits de manière sérieuse est important à mes yeux car l’objectif est d’impacter les populations sur le long terme et que nos actions aident au développement."
Cette expérience répond à une question d’éthique personnelle. Par exemple, quand je regardais les critères des projets d’Electriciens sans frontières, tout l'aspect « pérennisation » est mis en avant. Je trouve cela très important de ne pas venir mettre en place une installation puis de ne plus se mêler de ce qui se passe après un an. Quand on voit le temps que demande le montage d’un projet, si au bout d'un an il n’est plus utilisable parce que personne ne sait comment l’entretenir, je n’y vois ni l'intérêt sociétal, ni environnemental… Le fait que les projets soient faits de manière sérieuse est important à mes yeux car l’objectif est d’impacter les populations sur le long terme et que nos actions aident au développement.
Quels conseils donneriez-vous à un(e) collègue qui souhaite s’engager auprès d’Electriciens sans frontières ?
A-S : Je dirais que quel que soit le temps qu'on ait à consacrer à son bénévolat, il y a quelque chose à faire. Il faut être au clair sur le temps qu'on a à consacrer et aussi bien se renseigner sur tout ce qu’il est possible de faire en tant que bénévole, parce qu’il y a vraiment plein de possibilités.
Il y a vraiment une évolution du bénévolat qui se dessine et qui, à mon avis, va répondre aux besoins des nouveaux bénévoles (temps dédié, mutualisation des outils…) tout en étant utile aux bénévoles présents de longue date.
Finalement, il faut voir au-delà du nom Electriciens sans frontières parce que la première chose qu’on imagine ce sont les projets alors qu’il y a toutes les équipes de support et d'appui derrière chaque projet. Il y existe aussi le groupe de travail sur les déchets et il y en a sûrement d'autres spécialisés sur d’autres sujets… Il y a sûrement plein d'autres types de bénévolat dont même moi je n'ai pas connaissance et qui peuvent être utiles.
Le mot de la fin
Le point principal que moi j'aurai eu à partager c'est effectivement cette évolution du bénévolat et des besoins des bénévoles eux-mêmes, cette évolution a d’ailleurs déjà commencé. A mon sens, c'est très important pour garder des bénévoles, notamment les plus jeunes qui sont actifs et qui ont un autre regard sur le bénévolat donc c’est une bonne chose d'avoir un peu toutes les générations.
Chargé de projet innovation, communication Energie Renouvelable chez CNR / Affaires Publiques Lyon La Duchère/ Chargé de cours énergies et sciences politiques
2 ansBien dit ! 👏👏👏👏👏👏👏🏿👏🏿👏🏿
Responsable de groupe Environnement national, précédemment directrice juridique adjointe, responsable en consulting et communication
2 ansBravo Anne-Sophie Gerst 👏