L’étrange défaite de la dette

Pour le président de la République, le dérapage du déficit budgétaire n’est que le fait d’un « choc conjoncturel » qui s’est matérialisé par une baisse des recettes fiscales.

Peut-être Emmanuel Macron a-t-il omis de constater que, l’an passé, les dépenses publiques ont été supérieures de 20 milliards d’euros à ce qui était prévu dans la loi de finances ? Face à cette situation, le couple exécutif a courageusement opté pour la stabilité fiscale. Mais, avec une dépense publique à peine rabotée et une charge de la dette en forte hausse, le nouveau déficit prévu cette année sera encore très proche des 150 milliards d’euros.

De l’argent qui va de nouveau être emprunté sur les marchés et qui va venir gonfler la dette publique. Si bien que, d’après les calculs de l’ Institut économique Molinari , cette dette franchira dans un an le cap des 1 000 milliards d’euros supplémentaires par rapport à ce qu’elle était lorsqu’ Emmanuel Macron a été élu à la présidence de la République.

Pire encore : le nouveau programme de stabilité qui sera présenté à Bruxelles dans quelques jours prévoit une nouvelle augmentation de l’endettement public d’ici à la fin du quinquennat.

Depuis la mise en œuvre de l’euro en 2001, le poids de la dette française a doublé, alors que celui de la dette allemande est revenu à son niveau initial. Elle est là la nouvelle « étrange défaite » française. Elle est aussi dans l’absence d’« énergie persévérante » – pour reprendre les mots de Tocqueville – nécessaire pour réduire à tout prix, et sur le long terme, la dépense publique.

Yves de Kerdrel