L'être humain est-il un cul de sac ?
Tout se passe comme si chaque être humain se considérait comme un monde à lui tout seul. Chacun se comporte comme s’il avait toujours été là et comme s’il serait toujours là, immuable et éternel.
Or, la pensée adulte débute avec la considération de la seule certitude incontestable : chacun de nous disparaîtra. Nous devrions remettre nos pensées et actions dans cette perspective. Par passion morbide ? Pas du tout mais ainsi beaucoup de questions qui nous obsèdent perdraient de leur acuité, comme le fait de gagner de l’argent, d’avoir un statut social enviable, d’avoir raison, d’être reconnu…
Prenons le fait d’avoir raison, qui est sans doute celui qui me demande le plus d’énergie. Quand je considère les différentes positions que j’ai défendues au fil de ma vie, je suis saisi de vertige : comment ai-je pu dépenser autant d’énergie à argumenter pour des idées que je ne partage plus du tout ? Est-ce bien le même être humain qui a proféré tout cela ? Cela rend modeste sur la solidité de nos opinions et cela permet de les relativiser…
Notre corps est une enveloppe provisoire où transitent des aliments, de l’air, des pensées, des affects… et nous ne savons pas bien qui nous sommes vraiment. Peut-être ne sommes-nous que des transporteurs de « paroles » dans une longue chaîne qui vient de la nuit des temps… la seule question importante serait donc : quelles paroles transmettons-nous ?