La Banque du Canada relève son taux de 75 bp. Et alors ?

"Les taux hypothécaires plus élevés entraînent un recul du marché du logement, comme prévu, suivant la période de croissance insoutenable enregistrée durant la pandémie." (BoC)

La Banque du Canada a relevé la cible de son taux au jour le jour pour la cinquième fois consécutive, aujourd'hui de 75 points de base, la faisant passé à 3,25 %, soit le taux le plus élevé depuis 2008, et cela après la hausse "monstre" de 100 points de base lors de la dernière réunion, qui avait déjà retenu l'attention de tous.

Dans son communiqué, la Banque du Canada a déclaré que son taux d'intérêt directeur "devra encore être relevé", car les perspectives et les attentes en matière d'inflation restent élevées, affirmant qu'elle est "résolue" dans son "engagement" à maîtriser cette inflation, qui je le rappelle fait partie de son mandat, ce qui réduit à néant ou presque tout espoir de "pause" lors de la prochaine réunion car "le Conseil de direction juge encore que le taux directeur va devoir augmenter davantage".

Le durcissement de la politique monétaire se poursuivra en mode pilotage automatique, et sera "utilisé comme outil complémentaire de ces hausses", a-t-elle déclaré. Jusqu'à présent, le total des actifs figurant à son bilan a diminué de 24 % par rapport au sommet.

Mais la question qu'on se pose est bien évidement de combien les taux devront-ils encore augmenter ? vous vous en doutez que la BoC ne nous le dira pas. Mais elle y réfléchit :

"À mesure que les effets du resserrement de la politique monétaire deviendront plus évidents dans l’économie, la Banque évaluera jusqu’où il faudra encore relever les taux d’intérêt pour ramener l’inflation à la cible. Le Conseil de direction reste déterminé à tenir son engagement à assurer la stabilité des prix et continuera de prendre les mesures nécessaires en vue de l’atteinte de la cible d’inflation de 2 %." en gros, tout dépend des données à ce moment là.

Le communiqué indique que la chute des prix de l'essence a entraîné une légère baisse de l'IPC global, qui est passé de 8,1 % en juin à 7,6 % en juillet, soit les 2 taux les plus élevés depuis 40 ans. Elle met aussi en garde les lecteurs en rapportant que "plus [les attentes d’inflation à court terme restent élevées] , plus la forte inflation risque de s’enraciner." ce qui revient presque à parler de l'effet Pygmalion.

Logement, je cite "Les taux hypothécaires plus élevés entraînent un recul du marché du logement, comme prévu, suivant la période de croissance insoutenable enregistrée durant la pandémie". En effet, comme prévu dans le Rapport sur la politique monétaire Juillet 2022 "L’activité dans le secteur du logement devrait reculer de façon importante"

Il faut comprendre que les prêts hypothécaires sont soit des prêts à taux variable ou des prêts hypothécaires dont les taux sont fixés que pour 1 à 5 ans qui s'ajustent ensuite, le marché du logement est donc plus impacté par les variations des taux à court terme que le marché du logement américain, où les prêts hypothécaires à taux fixe sur 30 ans dominent.

"Le ralentissement observé sur le marché immobilier a eu peu d’incidence sur les montants des nouveaux prêts hypothécaires, mais les paiements mensuels sont en hausse." '(Equifax)

Le volume de nouveaux prêts hypothécaires a chuté de 16,4 % au deuxième trimestre de 2022 par rapport aux sommets atteints au deuxième trimestre de 2021. Les prix élevés des maisons ont eu une incidence sur l’abordabilité pour tous les consommateurs, et en particulier les primo acquéreur. Alors que le ralentissement de la croissance des prix est positif, le montant moyen du prêt primo acquéreur n’a diminué que de 0,5 % en glissement trimestriel et la mensualité moyenne a augmenté de 10 % !

Le ralentissement du marché canadien de l'habitation est pour moi loin d'augmenter l'abordabilité. Le mélange de taux d'intérêts élevés avec une overdose d'inflation fait convulser le portefeuille des ménages. Nombres d'entre-eux peuvent même avoir du mal à se qualifier pour un simple prêt hypothécaire.

La demande et les soldes de cartes de crédit continuent d’augmenter

Les soldes de cartes de crédit ont atteint leur plus haut niveau depuis le quatrième trimestre de 2019. Selon Equifax, Le principal changement observé en matière de crédit à la consommation concerne les personnes dont la cote de crédit est assez faible, ceux qui risquent davantage de manquer des paiements. Les soldes de cartes de crédit des consommateurs dont la cote est inférieur à 620 ont augmenté de 7,4 % par rapport au premier trimestre de 2022 et de 16,2 % par rapport au deuxième trimestre de 2021.

Encore une fois "quoi de mieux que d'offrir un objet à une personne au moment qui pourrait lui être le plus utile" (DETTE & COVID-19 | Une perfusion de liquidité avant l'injection du vaccin.) et avec une inflation pareille, ces mêmes consommateurs avec une faible cote de crédit essayent de s'en sortir comme ils peuvent et les prêteurs se les arrachent. Avec des taux d'intérêts autour des 20% sur les soldes des cartes de crédits, on comprend facilement qu'une forte concurrence s'installe et Equifax confirme que les limites de crédit offertes pour les nouvelles cartes sont beaucoup plus élevées que celles des périodes précédentes.

Avec l'augmentation du taux directeur, ça coute plus cher pour les prêteurs qui s'endettent pour soutenir les limites de crédit offertes sur les cartes de crédits mais les "cigales" sont rentables, il suffit seulement de les attirés et de les laissé chanté. La limite des nouvelles cartes est donc supérieure à 5 800 $ (la plus élevée depuis 7 ans) et les dépenses mensuelles moyennes par carte et par consommateur ont atteint près de 2 370 $ au deuxième trimestre, en hausse de 427 $ (22 %) par rapport au deuxième trimestre de 2021. Le volume de nouvelles cartes a pour sa part augmenté de 16,2 % par rapport au dernier trimestre. Pas la peine de sortir vos calculatrices, c'est plus simple de juste comprendre que ça en fait beaucoup et que des fourmies peuvent probablement se métamorphosé en "cigales".