La bonne humeur

Un matin, on se lève, content de vivre, confiant en soi, en l’avenir, léger, l’esprit clair, et plein d’idées riantes : voilà la bonne humeur. Le lendemain, on se réveille d’un réveil amer, avec des idées noires plein la tête, mécontent, chicane, contradicteur, hargneux, misanthrope, tout ramassé sur soi-même, ruminant quelques souvenirs désagréables : voilà la mauvaise humeur.

On ne saurait exagérer l’importance de la bonne humeur. D’abord, elle porte bonheur. C’est une vérité de la dernière évidence. N’avez-vous pas remarqué que, dans vos jours de très bonne humeur, la fortune vous a été mystérieusement favorable ? Ce sont les jours où tout nous réussit, où tout nous sourit. Tous nos souhaits sont exaucés, les affaires les plus embrouillées se démêlent et s’éclaircissent comme par magie : les gens que nous rencontrons n’ont que des choses aimables à nous dire. C’est dans ces jours-là qu’il faut demander parce qu’on est sûr d’obtenir, chercher parce qu’on est sûr de trouver, se présenter parce qu’on est sûr d’être reçu.

Rien n’inspire comme la bonne humeur. Il n’y a pas de café, pas d’élixir qui vaille la bonne humeur, pour éclaircir les idées. Quand on est de mauvaise humeur, on fait mal tout ce qu’on a à faire. La bonne humeur au contraire, c’est la grâce, c’est l’harmonie.

Voici un troisième bienfait de la bonne humeur, et non le moindre : elle nous rend meilleurs. Elle nous dispose à la bienveillance et à l’indulgence. Nous imaginons partout de bons sentiments, de bonnes intentions, nous prenons tout en bonne part.

La bonne humeur est contagieuse et c’en est le plus grand bienfait. Quand nous sommes vraiment de bonne humeur, tous les visages s’éclairent autour de nous. Nous rayonnons, c’est-à-dire que notre bonne humeur rayonne, comme la chaleur, sur tous ceux qui nous approchent. C’est dans le groupe le plus intime, plus serré de la famille que cette influence est surtout visible. Quand un proche s’assombrit, tous les fronts s’assombrissent ; tout de suite un poids pèse sur toutes les poitrines, les paroles se font rares et basses, les tout jeunes enfants eux-mêmes sont inquiets et observent : on se sent dans une atmosphère plus lourde et comme étouffante…

L’idéal serait donc d’être toujours de bonne humeur, ou du moins de pouvoir s’y mettre à volonté.

Auteur inconnu