La bonne question est celle que l'on pose.
À un chef de projet junior qui me posait toute sorte de questions sur les bonnes mesures à adopter pour évoluer dans son métier, j'ai pris le temps de répondre dans les termes qui suivent. J'espère qu'il ne me tiendra pas rigueur, son nom restant masqué, d'avoir pris la liberté d'exposer ces quelques reflexions.
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Bonjour,
votre question est un peu brute de décoffrage mais j'apprécie les démarches directes. En premier lieu, puisque vous vous affichez comme responsable d'un projet, veillez à soigner l'apparence et le contenu du projet en question. Trop de failles dans l'experience utilisateur et tout l'intérêt que vous suscitez peut s'envoler d'un clic.
J'en réfère au site web auquel est attaché votre projet.
Ensuite j'ai un sentiment partagé quand vous suggérez la mise à disposition de développeur(ses) par votre entremise. Qu'est-ce qui me prouve / explique / justifie la qualité de vos ressources ? Commercialement, en amont de toute demande il doit y avoir une offre. Quelle est votre offre ? Comment est-elle structurée ? Si j'ai besoin d'un équipe de développement, pouvez-vous en monter une et me garantir sa solidité ? J'irais plus loin en me demandant, quelle est la valeur ajoutée de cette offre par rapport à celle du marché ? Aujourd'hui il y a une demande d'excellence en matière de développement, et c'est sur ce créneau que vous vous positionnez.
Alors où est cette excellence ?
Attention, je ne remet pas en doute vos compétences ou vos qualités humaines en disant cela, seulement, mon questionnement ne trouve pas réponse et les recruteurs n'ont pas attendu pour cultiver leur connaissance en IT ou en gestion de projet; ce qui peut vous mettre dans une situation délicate.
Prenons point par point vos questions :
1 - Nécessité de s'initier au Marketing Digital
Littéralement boire toute la technologie s'y rapportant : SEA, SEO, comportemental, social, sémantique, éditorial, technique, réseaux, systèmes, cloud, j'en passe. Impératif. Connaitre l'écosystème permet de s'y déplacer, d'être force de proposition, de constituer les équipes de talents complémentaires.
Dans la pratique, se rapprocher de Google, Facebook, Instagram pour mettre en place des campagnes Search, Vidéo, Display par zone, thématique et CSP. Faire viser ces campagnes par les équipes d'assistance pour qu'ils corrigent le tir et vous fournisse au fur et à mesure toutes les clés de leur grande, très grande machinerie. Garder à l'esprit que la techno actuelle est déjà obsolète, que le présent n'existe pas en ligne, il est toujours devant vous (à tort ou à raison, je n'en jugerai pas ici). L'IT et le marketing qu'il véhicule sont des puits de science sans fonds, mais il faut se jeter dedans corps et âme si on veut un jour en tirer parti.
2 - Business development
Des idées, on en a ou on en trouve toujours, mais on a rarement les moyens de les mettre en œuvre au bon moment; donc :
• Trouvez des moyens financiers (familiaux, amicaux, banquiers, investisseurs...)
• Constituez un réseau dense et fiable de techniciens et d'apporteurs d'affaires sur lesquels vous puissiez vous reposer en toute confiance
• Planifiez, testez, ajustez, lancez, auditez, ajustez et recommencez, jusqu'à ce que ça fonctionne.
• Remettez vous toujours en question, que ça fonctionne ou pas
• L’échec est le fondement de la réussite.
• Vos pires ennemis se trouvent dans votre premier cercle relationnel, vous et votre famille compris. Faites le ménage.
On a quand même la chance d'avoir à disposition des ressources et des outils, du code open source aux marketplaces, de nos laptops surpuissants à nos téléphones et au pourcentage de temps utile grandissant que nous leur accordons. Utilisons-les à bon escient.
À propos des réseaux sociaux où quasiment tout se joue désormais, un atout majeur est de comprendre comment se négocie l'attention du public au sein de ces plateformes. Pas de formule magique, que de la pratique, mais les résultats peuvent être impressionnants, et rapides. Quelle marque aujourd'hui peut s'offrir le luxe de ne pas exister sur les réseaux ? C'est à mon sens encore très largement sous exploité, en France en tout cas.
L'intelligence business ne s'invente pas même si certain l'ont dès le plus jeune âge, certains parviennent à la cultiver et à l'acquérir avec l'experience. J'ai envie de dire que seul la confrontation avec la réalité du marché peut vous forger jusqu'à ce que vous soyez à même de porter des projets d'envergure. Frottez vous toujours à plus coriace que vous, le diable se cache toujours dans l'ombre de la consolation.
The market is the market is the market (dixit Gary Vaynerchuk). Plus tôt on le comprends, plus tôt on gagne. Il faut savoir accepter les lois du marché avant de peut-être un jour espérer pouvoir sinon les lui dicter, y participer et l'influencer.
3 - Avantages / inconvénients du métier
Commençons par l'agréable : l'aspect créatif;
Les chantiers numériques sont toujours très excitants en phase de recherche, épuisants en production et tellement satisfaisant au moment de la recette qu'on ne demande qu'à recommencer. Pour moi, l'IT est une source de challenges et de création toujours renouvelée, depuis bientôt 20 ans. Je crois pouvoir dire que mon métier me passionne et que j'y trouve un moyen d'expression et de satisfaction de mon appétit créatif.
Si on est malin et persévérant, ce peut être très rémunérateur, quel que soit le poste occupé dans la chaine numérique.
Les points négatifs : l'égo peut parfois souffrir des refus, reculades et tempérament de client tempêtueux, délais incompressibles et débordements de stress. C'est un métier à la fois très intellectuel et très gourmand de ressources physiques. Comme toute entreprise, le secteur IT n'est pas sans risque. Il est réellement nécessaire d'avoir un moral à toute épreuve pour supporter l'évolution des technos qui rends parfois un projet périssable 6 mois après sa livraison.
Il y a par ailleurs un véritable spectre de la paupérisation et de l'effondrement du marché "moyen", Ce qui nous ramène à la notion d'excellence évoquée plus tôt.
4 - Compétences critiques
Je me rappelle avoir été pris de vertiges le jour où WIRED avait titré "Le Web est Mort, Vive le Web" il y a 8 ans de cela, et il avait tellement raison. Le web meurt et renait tous les jours, c'est un bouillon de cultures et de sciences qui ne s'arrêtera pas tant qu'il ne s'est pas dépassé lui même. Demain nous interagirons avec des AI toujours plus pertinentes et de mieux en mieux intégrées à nos quotidiens. Je pense que pour un vingtenaire en 2018, il y a tout intérêt à se pencher maintenant sur les évolutions drastiques que vont connaître l'offre, la demande et les vecteurs de services qui porteront ces équilibres. Ce seront eux les arbitres. À nous (vous) autres de nous (vous) positionner en conséquence pour ne pas nous (vous) retrouver sur le banc de touche à regarder passer le temps et les véhicules autonomes.
En synthèse
Investissez le champ technique en cumulant les spécialisations (languages + infrastructures + scaling).
Écoutez attentivement le marché, il vous dira sa vérité, vous n'aurez plus qu'à executer ses volontés.
Faites le bien autour de vous, on vous le rendra au centuple.
Bien cordialement.