La Citadelle des Ombres :

La Citadelle des Ombres :

Aujourd’hui, mon voyage au-delà de la Frontière débute et je me dirige vers l’Est, laissant Khem derrière moi. Comme prévu, je pénètre au sein des Territoires Extérieurs et de la plaine qui borde ceux-ci.

Combien de Secrets plusieurs fois millénaires sont t’ils dissimulés au-delà de cet horizon qui se dévoile devant moi ? Au loin, j’aperçois les Monts du Levant ; ils s’étendent à l’infini tout le long de la nappe herbeuse que je foule désormais de mes bottes crottées. Je m’en rapproche progressivement, mais je sais que la route sera encore longue avant de pouvoir atteindre leurs premiers contreforts.

Ensuite, il me faudra entreprendre l’ascension de leurs sentiers étroits et sinueux bordés de précipices sans fonds, avant d’atteindre mon but : la Citadelle des Ombres. Je crois d’ailleurs déjà y discerner quelques endroits au fond desquels l’antique Race Draconique s’est jadis réfugiée. Nombre de Légendes racontent d’ailleurs que ces créatures Mythiques se sont emmurées au plus profond de leurs tanières abyssales à l’issue des batailles qu’elles ont jadis menées, afin de s’y endormir pour jamais.

Pourtant, ces mêmes récits que j’ai lus lors de mes études à la Grande Bibliothèque de la Cité de Cristal, ne disent t’ils pas que leur Réveil est proche ? Ne révèlent t’ils pas que les Ages Sombres sont sur le point de se terminer ?

Il y a un instant, également, mes pas m’ont fait croiser la route de colosses de pierre ; plusieurs d’entre eux étaient renversés ; leurs gravats étaient partiellement recouverts de ronces multicolores aux épines empoisonnées.

Ce qui m’a pourtant le plus frappé, ce sont leurs visages : ils avaient tous les traits figés par la stupeur et l’effroi. Il semble d’ailleurs me souvenir de plusieurs Légendes que j’ai lues peu avant lectures mon départ de la Cité de Cristal. Elles expliquaient que la plaine conduisant au cœur des Territoires Extérieurs, était protégée par de gigantesques statues dont les tètes touchaient les Étoiles du Ciel. Elles décrivaient également que ces colosses avaient été érigés en l’honneur de ceux qui avaient jadis peuplé les Territoires Extérieurs, et qu’ils étaient destinés à en protéger l’accès. Je m’en éloigne donc, et mon regard se tourne désormais vers l’Orient et ses Monts du Levant ; dernière étape de mon périple.

Car, je le pressens, le vent du changement se met en mouvement. Au dessus de moi, le Ciel s’obscurcit ; les étoiles prennent la place annoncée par les Grands Mages de jadis. Et moi, je continue mon voyage en direction de la Citadelle des Ombres ; masse gigantesque accrochée au flanc du plus haut des sommets des Monts du Levant comme un des Gardiens des limites du Monde Connu.

Je continue mon périple au-delà de la Frontière, et je progresse de plus en plus loin vers l’Est. Les Géants de Pierre ont désormais définitivement disparu dans mon dos. Loin devant moi, j’aperçois les Montagnes du Levant qui se rapprochent progressivement de moi. J’arrive désormais à les détailler un peu plus distinctement, et je me rends compte que leurs plus hauts sommets sont recouverts de neiges éternelles ; des nuages brumeux et multicolores les enveloppent. Et ils sont en permanence zébrés d’éclairs dont les échos se répercutent jusqu'à moi.

Parfois, je distingue fugitivement d’étranges créatures ailées qui en surgissent. Elles émettent alors des hurlements stridents, tout en déployant leurs ailes démesurées, avant de se replonger à au cœur de ces volutes nébuleuses.

Mes pieds foulent une herbe désormais jaunâtre. Mes yeux fixent avec davantage d’attention encore la plaine qui s’étend à l’infini, et je ne peux que constater que tout n’y est que désolation. De temps à autres, des amas de pierres en partie recouverts de ronces aux épines vénéneuses s’y aperçoivent. Parfois également, des roches isolées presque totalement dissimulées sous des masses informes de moisissure, croisent mon chemin.

D’autres fois encore, ce sont des centaines de minuscules champignons protubérants qui s’accrochent à elles. Ailleurs, je rencontre des cadavres aux entrailles déchiquetées, aux visages figés par l’horreur absolue. Les armes de ce qui a autrefois été des êtres humains sont rongées par la rouille, et sont éparpillées autour d’eux à des centaines de mètres à la ronde. Les drapeaux qu’ils empoignaient jadis fièrement sont fichés dans le sol craquelé, et leurs fanions lacérés sont sans cesse assailli par un vent putride et nauséabond surgi de nulle part.

Mais je ne dois pas avoir peur de ce que cette plaine exhibe devant moi. Je dois constamment garder à l’esprit que mon seul est unique objectif est d’atteindre la Citadelle des Ombres…

Mon voyage au-delà de la Frontière séparant l’Empire et les Territoires Extérieurs, m’éloigne donc progressivement de plus en plus de la ville dans laquelle j’ai passé la plus grande partie de mon adolescence. Je laisse derrière moi l’une des plus importantes métropoles du Monde Connu qu’est la Cité de Cristal.

Mais, le Monde Connu ne se limite pas à l’Empire, bien entendu. Loin vers l’Ouest s’étendent les Royaumes Annexés ; au Nord, se trouvent les Cités jumelles de Fyndareth et de Kyndareth ; au Nord-Ouest existent les Nations Elfiques de Querylöth et de Quadrygöl déchirées par la guerre civile depuis l’entrée des Races Humaines dans les Ages Obscurs. Toujours au Nord-Ouest, les scindant en deux sur plusieurs centaines de kilomètres, se discerne la Mer Sanglante. Et, encore plus loin, se dévoile l’Autre Rivage, aussi appelé « Continent Oublié », sur lequel personne n’a posé les yeux depuis la Chute des Géants et les bouleversements Cataclysmiques qu’ont connu la planète à cette époque.

Des rumeurs persistantes ne prétendent t’elles pas qu’avant la fin de l’Age d’Or de ces Demi-dieux, ce dernier était rattaché à cette partie du Globe ?

Mes pas me conduisent toujours plus loin ; je discerne de mieux en mieux les plus hauts sommets des Monts du Levant. La route que je suis me rapproche toujours plus de la Citadelle des Ombres. Je me rapproche aussi des terribles Secrets que je dois y apprendre de la bouche même d’Elwin le Gris.

Je croise maintenant la route d’un énorme Mégalithe profondément fiché dans le sol craquelé. Je m’arrête un instant devant lui afin de l’examiner de plus près. Et je me rends compte que ses parois sont constellées de pentagrammes étoilés à son sommet, et d’écritures hiéroglyphiques à sa base. Mais, ces étranges tracés sont en grande partie dissimulés sous des monceaux de moisissures verdâtres les rendant à moitié indéchiffrables.

Ces images me semblent malgré tout étrangement familières. Dans mon souvenir en effet, je crois en avoir aperçu certains à l’intérieur d’ouvrages que j’ai jadis étudié. C’était durant mes études au sein de la Grande Bibliothèque enfouie dans les sous-sols de la Cité de Cristal. J’étais alors un jeune Novice en ce qui concerne notre Art. Et si je me souviens bien de ce que j’ai entrevu parmi les nombreux symboles catalogués sur les pages parcheminées de ces ouvrages, ces pentagrammes ressemblent à des avertissements. Ils datent certainement de l’Age des Géants, ou peut-être, juste après les Grandes Batailles qui ont vu la Chute de ceux-ci et de l’Ancien Empire.

Quant aux textes hiéroglyphiques, j’ai l’impression qu’ils retracent l’un des multiples affrontements que nos anciens Maîtres ont connu face aux hordes Draconiques. Ils rappellent, j’en ai le sentiment, l’une de leurs rencontres sanglantes. C’était peu de temps avant le Cataclysme, et que les Dragons ne refluent jusque dans leurs antres mi-montagneuses mi abyssales.

Je murmure plusieurs mots : « Azeth Hym Sekathyt Rafoth Dé Kamak ». Et mes doigts se chargent de flux ; l’Art emplit mon corps et se diffuse jusqu’au cœur de chaque cellule de celui-ci : le Mégalithe est donc investi d’une Magie puissante et ancienne. J’hésite. Je ne sais que faire, car tout ceci m’intrigue au plus haut point. Je pense que je vais rester ici jusqu'à la fin de la journée. Et je vais étudier ce Mégalithe de plus près afin de trouver la solution à l’énigme qu’il me pose…

J’ai décidé de faire une pause sur la route de l’Est. Au loin, je discerne un instant les Monts du Levant, et, au-delà, je ressens la puissance et la majesté de la Citadelle des Ombres. Mais, avant de continuer mon chemin dans leur direction, j’ai décidé d’utiliser les quelques heures qu’il me reste avant la tombée du jour, à tenter de décrypter les écrits hiéroglyphiques de la mystérieuse Pierre Levée que j’ai devant moi. Et bien qu’une multitude de moisissures multicolores les recouvrent en grande partie, je devine, plus que je ne lis, ce qu’elles évoquent.

Aux abords des textes, apparaissent également de nombreux symboles Esotériques, ainsi qu’un Pentacle aux cotés éclatés. Il semble d’ailleurs me souvenir que j’ai aperçu plusieurs d’entre eux dans des ouvrages que j’ai étudié jadis ; alors que les bâtiments de la Grande Bibliothèque de la Cité de Cristal s’élevaient encore dans la partie la plus ancienne de l’immense édifice qui la composait.

D’après ce que je crois me rappeler, ces symboles sont souvent associés à des sortilèges issus de la Magie de la Terre. Il faut dire que l’Archimage Elfwindhel m’en a instruit de ses rudiments à l’époque où j’étais encore un novice.

Lorsque j’y pense, une image d’Elfwindhel me revient en particulier : A ce moment-là, celui-ci était mon Mentor. Sa puissance et ses Connaissances de l’Art étaient connues de tous. Et j’ai été surpris lorsque, peu après mon arrivée au sein de l’Ecole rattachée à la Grande Bibliothèque, il a décidé de me prendre sous sa protection.

Il est vrai que mes aptitudes à exercer l’Art étaient manifestes ; je possédais une dextérité qui me permettait de manipuler extrêmement aisément les composants Magiques nécessaires à la composition de tel ou tel enchantement. Ma mémoire était déjà phénoménale, et j’apprenais plus vite que la plupart de mes camarades les nombreuses formules – complexes à retenir pour la grande majorité d’entre elles – utiles dans la manifestation de ces incantations. Je fixais aisément les différentes consonances verbales ou écrites indispensables à leur réussite. Et cela m’avais très vite amené d’innombrables inimitiés parmi mes collègues.

D’autant que, également, physiquement, j’étais assez différent de la plupart des jeunes de mon âge. Déjà, j’étais quelqu’un de très solitaire. Mais, mes singularités physiques, autant que mentales, étonnaient ou effrayaient, voire, terrorisaient, beaucoup de personnes que je côtoyais.

Seul Elfwindhel n’a pas été choqué, ni par mon apparence, ni par mon intellect. Mes yeux perçants, dont la rumeur disait qu’ils étaient capable de sonder l’âme de n’importe qui, de la mettre a nu, ne l’alarmaient pas. Il considérait au contraire ceux-ci comme un avantage.

C’est, entre autre, pour ces raisons – sans compter toutes les autres que je n’évoquerai pas ici – qu’il a pris sur lui de m’enseigner bien plus qu’a mes confrères. Une fois les cours officiels terminés, il m’emmenait dans son cabinet de travail. Il m’instruisait des multiples voies que pouvaient emprunter notre Science. Je consultais des dizaines d’ouvrages que je n’aurais pas pu examiner avant des années d’études, en suivant un parcours officiel et un enseignement traditionnel. Et c’est durant ces heures d’apprentissage supplémentaires que j’acquis des Savoirs dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence autrement.

De fait, c’est lors de la lecture de l’un des manuscrits dont Elfwindhel m’avait donné pour charge de recopier quelques passages, que j’ai aperçu ce Pentagramme qui m’intrigue tant. Je me demande si ce tracé ancré au cœur de la Pierre Levée ne représente pas une protection Magique à l’encontre d’un certain type de Créature Surnaturelle. Mais, de quelle sorte, je ne saurai le dire.

Tout ce que je peux déclarer, c’est qu’un Etre qui n’est pas issu de notre Monde est emprisonné à l’intérieur de ce Mégalithe. Je vais donc essayer de comprendre ce que ces textes hiéroglyphiques signifient jusqu'à la tombée de la nuit, afin de déterminer le lien entre eux et ces Symboles hermétiques…

Mon examen des écritures hiéroglyphiques apparaissant sur la Pierre Levée devant laquelle je me trouve se poursuit. Je lève malgré tout un instant les yeux au-delà. Ceux-ci parcourent la plaine s'étendant bien plus loin que l'horizon, puis à l’Est jusqu'au pied des Monts du Levant ; ma prochaine étape. C’est ensuite que j’entamerai leur ascension afin d’atteindre ma destination finale qu'est la Citadelle des Ombres. Puis, mon regard se plonge à nouveau en direction des traces énigmatiques de ce Mégalithe qui m'intriguent tant.

Je laisse de côté les pentagrammes de mise en garde que j'ai observé tout à l’heure. Je me pencherai de nouveau sur eux un peu plus tard. Pour le moment, ce sont ces idéogrammes qui m'intéressent. A première vue, ils paraissent très anciens ; ils ont été écrits, il y a, au moins, plusieurs centaines d'années. A cette époque, si je me souviens bien de ce que j'ai lu, les Territoires extérieurs faisaient partie de l’Ancien Empire. C'était avant la Chute des Géants, la libération des Races Humaines de leur esclavage, et l'apparition des Ages Obscurs ; nous les vivons toujours, d'ailleurs.

J'ai l'impression que ces hiéroglyphes évoquent les batailles qui ont opposés les Géants sur cette plaine, aux Dragons, à l'issue de leur Age d'Or. Ils doivent certainement rendre gloire à la mémoire de ceux qui se sont battus et qui sont morts ici.

Pour ceux qui ont étudié les ouvrages de la Grande Bibliothèque qui font référence à cette période, ils savent de quelle manière l'Ancien Empire s'est effondré, et quels déchirements s'en sont suivis. Nous vivons d'ailleurs encore les Ages Sombres qu’a entraînés la fin de cette Ere.

En tout cas, ces textes saluent ceux qui sont tombé non loin d'ici, et soulignent le pacte qui a été conclu à l'issue de ces batailles fratricides, obligeant les Dragons à se retirer dans leurs antres, au plus profond des Montagnes du Levant. Ils expriment aussi brièvement de quelle manière les nations d'aujourd'hui ont été bâti sur les décombres de l'Ancien Empire, et pourquoi Querylöth et Quadrygöl se déchirent encore à l'heure actuelle. Il faudra que je revienne plus longuement sur tout cela.

Je m'interroge maintenant sur le lien entre ces pentagrammes apparaissant au sommet de la Pierre Levée, et les écritures hiéroglyphiques inscrites à sa base. Je me demande quelle sorte de Créature Magique a bien pu être emprisonnée à l'intérieur de ce Mégalithe. Je m’interroge sur ce qui la rattache au récit accompagnant les pentagrammes y faisant référence. Peut-être est t'elle enchaînée aux souvenirs de ces événements dramatiques qui ont entrainé la Chute de l'Ancien Empire ? Peut-être doit t'elle protéger le site sur lequel se sont déroulés ces combats meurtriers de toute intrusion, et anéantir ceux qui oseraient profaner la mémoire de ces Héros d'un autre Age ?

Car, d'après ce que j'en ai appris dans les ouvrages de la Grande Bibliothèque, l'Ancien Empire était en plein déclin depuis déjà longtemps. Des luttes fratricides opposaient de nombreux clans au sein de la Noblesse Impériale.

Plusieurs partis se déchiraient afin de déterminer qui allait succéder au jeune Empereur Mÿthrain. Et la Cité d'Ham, gouvernée par le Géant Ydraïl, était le point de faire sécession avec le reste de l'Empire. Les Races Humaines éparpillées un peu partout sur le Continent profitaient de la situation pour se rebeller contre leurs Maîtres. C'est alors que le danger Draconique a surgi de l'horizon, venant de l'autre coté du Monde. Et celui-ci a tout dévasté sur son passage, accélérant un déclin inéluctable.

Des Batailles Apocalyptiques s'en sont suivi au cœur des plaines sur lesquelles je chemine depuis l’aube. Elles ont transformé la physionomie du Continent de fond en comble, fait disparaître Géants et Dragons, et ouvert la voie aux Ages Sombres dans lesquels l'Humanité actuelle se trouve encore à l'heure actuelle.

Mais revenons au Mégalithe que j'étudie depuis plusieurs heures maintenant. Mon Mentor Elfwindhel serait certainement en grande partie d'accord avec moi dans l'analyse des textes hiéroglyphiques qui y sont inscrits. Je souris un instant en jetant un coup d'œil vers l’Est, en direction des Monts du Levant, en me disant qu'au rythme de mon cheminement, mon voyage vers la Citadelle des Ombres risque de s'éterniser. Mais, il est vrai que je ne suis pas pressé d'arriver à destination. Ceux qui m'attendent là-bas ne m'en voudront pas si je m'attarde un peu en route.

Quant à mon examen des pentagrammes, et à ce que je pense les rattacher à ces textes si énigmatiques, je ne pense pas être très loin de la vérité. Mais je me renseignerais davantage à ce propos une fois arrivé à la Citadelle des Ombres...

A suivre ?


Leila Oufkir

Journaliste - écrivain - rédactrice print et web

5 ans

Bonjour Dominique. Merci de votre confiance pour l'appréciation de cet extrait. Je ne saurais que trop vous encourager à poursuivre vos efforts d'écriture. Il y a vraiment un socle très captivant dans l'univers que vous avez imaginé. Personnellement, je suis une grande lectrice d'Heroïc fantasy et notamment de Robin Hobb dont je reconnais par petites touches l'influence (si je ne m'abuse : l'Art, entre autres). Toutefois, pour être publiable par une maison d'édition traditionnelle, il manque à votre récit quelques codes littéraires correspondant au genre que vous prisez. Pour bien faire, vous devez décortiquer les ouvrages de vos auteurs préférés et vous contraindre à une sorte de mimétisme vertueux. En les parcourant dans le détail, vous vous rendrez compte du travail de réécriture et de réorganisation qu'il vous reste à accomplir. Un narrateur (récit à la troisième personne) par exemple, vous permettrait d'apporter davantage de hauteur à votre vision et cela vous permettra d'amener des renseignements sur votre personnage et sur les mondes qui l'entourent avec plus de discernement (le "je" omniscient tout du long du récit est peu crédible, limitatif et fastidieux pour le lecteur). Par ailleurs, si l'on se projette à peu près bien dans l'espace, aucune notion de temps ne vient guider le lecteur (à part le "depuis l'aube" en fin d'extrait, qui nous questionne davantage qu'il ne nous renseigne)  ; les émotions sont absentes également. L'effort physique ou mental, que l'on rencontre beaucoup dans la fantasy, n'y sont pas. C'est comme si le héros vivait hors de lui-même... D'ailleurs, on ne sait pas qui parle. Quel est son nom ? A l'inverse, l'histoire complexe des peuples et des différents âges, très riche, très intéressante, vraiment bien pensée, avec des noms propres absolument excellentissimes... tout cela arrive trop vite, avec des informations tous azimuts qui se cannibalisent l'une l'autre, à tel point que l'on n'a pas le temps de s'en imprégner, ni de comprendre pourquoi ces infos arrivent à cet instant précis du récit. J'ai envie de vous dire : prenez votre temps. Savourez chaque partie de votre récit en le décortiquant, en lui donnant de l'épaisseur avant de passer à un autre aspect des événements. La science-fiction a ceci de particulier qu'elle impose à ses auteurs une puissance de frappe narrative exceptionnelle. Vous ne devez faire l'économie d'aucun aspect de la vie de vos personnages : les détails et la crédibilité doivent être irréprochables et bien supérieurs aux autres genres littéraires. Il y a aussi beaucoup de redondances à gommer, des maladresses de style qui pénalisent vraiment votre narration ainsi que des fautes d'orthographe (c'est bête à dire mais les éditeurs y sont très sensibles)  : un important travail de réécriture me semble nécessaire mais heureusement, cela n'est pas le plus difficile à accomplir. Je pense que vous devez, dans un premier temps, aller au bout de votre histoire sans vous arrêter. Ensuite seulement, vous devez retravailler une, deux, voire trois fois votre manuscrit. Plus encore si nécessaire ! Car il y a un fort potentiel chez vous, c'est indéniable. Enfin, dernier conseil d'une importance cruciale : mieux vaut nous donner des verbes d'action pour nous faire vivre les aventures de votre héros plutôt que de le laisser se décrire ou se raconter lui-même. Cela ne fonctionne pas. Par exemple, pour décrire son physique comme vous le faites, il vaut mieux (peut-être) qu'il se remémore une scène où un individu (une femme qu'il aime, pourquoi pas ?) lui fait comprendre pour la première fois, d'une manière peu amène, qu'il est "différent" de ses semblables. Vous obtiendrez un meilleur résultat. Etc... Donc, mon diagnostic final : excellent début d'histoire qui laisse présager de belles aventures, vraiment génial, mais il faut encore soigner le style et la cadence, apporter plus de réalisme (c'est le paradoxe de la pure fiction !) et amener les faits avec des verbes d'action, de l'émotion et des dialogues. Bref, il faut vous distinguer en peaufinant votre style (il va mûrir avec l'entraînement) et ajuster votre rythmique : les séquences doivent se succéder opportunément et s'épanouir lentement mais efficacement... (raison pour laquelle l'Héroïc fantasy, ce sont des pavés de plusieurs centaines de pages à chaque tome !). Quoiqu'il en soit, je vous souhaite bonne chance ! J'ai bon espoir que vous y parviendrez et je serai très probablement l'une de vos premières fans ! :) Amitié.

pascal Leloup

méthode Feldenkrais - Auteur / Éditeur

5 ans

Bonjour, il me semble que vous êtes un peu désespéré, en pensant que c'est à cause des autres, de l' absence de réseau, que vous n'êtes pas publiés. La vrai question est le plaisir que vous éprouvez à écrire ? Le sens que ça a pour vous ? J'ai commencé votre texte, ce n'est pas le genre de narration que je lis, mais je peux vous faire un petit feedback : il manque encore une ou plusieurs relectures, sans doute un peu d'élagage de mots redondants, quelques erreurs d'orthographe à corriger. Plutôt que d'écrire de nombreuses œuvres, reprenez en une, celle qui est la plus précieuse pour vous, relisez la, retravaillez-la, demandez des regards extérieurs, pas des éloges. C'est tellement plus facile de dire que c'est parfait que de trouver des failles. Et le réseau vous le construirez vous même, en autoedition pourquoi pas, soyez confiant et positif, doutez pour vous améliorer, sans rejeter les difficultés sur les éditeurs, qui ne sont pas parfait, qui ont leurs difficultés, les mêmes que vous, au final ce sont les lecteurs qui décident.

Dominique, au terme de ce chapitre, il est indéniable que j'ai ressenti l'envie de continuer ma lecture, d'en savoir plus, de découvrir cet univers et la suite de cette histoire. Je suis lecteur, depuis ma plus tendre enfance, et je lis de tout, pas seulement des écrivains connus et encensés d'ailleurs. Je suis aussi éditeur, une toute petite maison d'édition, qui vient de naître, et qui est la pierre angulaire d'un projet plus vaste. Je suis aussi écrivain, j'ai publié le tome 1 d'une saga de science-fiction l'année dernière. C'est pourquoi je suis à même d'émettre un avis étayé, et je dois dire que votre histoire m'intéresse. J'aime votre style d'écriture, votre façon de poser un monde, de tenir en haleine le lecteur, et l'érudition latente qui transparaît chez vous. Je ne dispose pas encore d'un gros réseau de diffusion, celui-ci est en cours de constitution. Mais si vous n'arrivez pas à vous faire publier par une grosse maison d'édition, ayant pignon sur rue, alors sachez que je suis intéressé pour vous publier, et vous faire découvrir du grand public. Bien à vous.

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