La communication pour la cohésion et l’action
Et si la communication était le moyen trouvé par l’homme pour compenser sa faiblesse initiale par rapport aux autres créatures de la nature ? Comme le rappelle Thierry Wellhoff, président de l’agence Wellcom, dans un récent ouvrage visant à réhabiliter la communication, c’est l’opinion exprimée par Nietzsche (1).
Dans le Gai Savoir, le philosophe allemand écrivait en effet que “si nos actions, pensées, sentiments et mouvements parviennent - du moins en partie - à la surface de notre conscience, c’est le résultat d’une terrible nécessité qui a longtemps dominé l’homme, le plus menacé des animaux : il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son semblable, il avait besoin de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible”.
Pour Nietzsche, c’est donc en prenant conscience de sa vulnérabilité, en reconnaissant les limites de sa puissance et en identifiant les dangers d’un environnement peuplés de nombreux compétiteurs et prédateurs que les hommes ont pris conscience de la nécessité de se réunir pour survivre à un univers hostile. Contemplant leur faiblesse individuelle, ils ont recherché un moyen de donner naissance à une force collective. Et ce moyen a été la communication.
Formulée en 1882, cette hypothèse conserve un grand intérêt pour les membres de l’entreprise d’aujourd’hui. Elle a en effet le mérite de rappeler l’essence de la communication et son objectif premier : permettre aux hommes de faire groupe et de constituer des communautés agissantes mues par des “pensées” et des “sentiments” mais aussi par des “actions” et des “mouvements”. Elle souligne ainsi qu’une authentique communication s’inscrit dans la vie même des organisations. Salutaire rappel : loin de représenter un simple vernis ou une activité auxiliaire gérée par une poignée d’experts, la communication est l’outil collectif par lequel les membres d’un groupe coconstruisent au quotidien le projet commun qui les réunit.
(1) Le procès de la communication, par Thierry Wellhoff, Editions Manitoba/Les Belles-Lettres, octobre 2016, 256 p.