La créativité des "Savoir Faire" au coeur de la chaîne de valeur lors de la Conférence Luxe organisée à Paris-Dauphine le 4 Février 2016
En pleine agitation autour du mercato des designers, en proie à une remise en cause du timing des défilés qui déflorent des produits indisponibles sur le marché, en plein burn-out de directions artistiques épuisées par des agendas ministériels, le luxe s’est offert une parenthèse dans la prestigieuse Université Paris Dauphine sur le thème des « Savoir-Faire et Faire Savoir ».
En adressant les problématiques du Savoir Faire, il est vite apparu que l’essentiel se situait à la fois dans la transmission des gestes, mais aussi et surtout dans la capacité des maisons à irriguer de la créativité et de l’innovation.
Non seulement, les entreprises se doivent de lutter et d’investir pour que l’apprentissage perdure, mais il leur faut aussi constamment dépoussiérer ces métiers en injectant des idées neuves dans les studios, en confrontant les jeunes et les anciens, en s’adaptant au style de vie de l’époque et en trouvant de nouvelles sources d’inspiration.
Pour, au final, faire surgir une audace créative totalement maîtrisée.
Pour autant, Faire Savoir l’excellence du geste des artisans dans un monde où les technologies de l’information sont toutes puissantes, n’est pas si simple. Montrer l’envers du décor peut se révéler fastidieux et paraître chercher une légitimité trop connotée « marketing ». En réalisant un produit reflétant l’exigence extrême de ses auteurs, laquelle soit visible ou impalpable, les ateliers forcent l’admiration et démontrent par l’exemple l’expression d’une rigueur d’exécution.
En somme, œuvrer encore et toujours au service du désir provoqué par un produit d’exception.
Dans ce contexte, Isabelle Doyen – Nez Annick Goutal – nous a expliqué comment son travail était à la fois impacté par les catastrophes naturelles détruisant les plantations de Cascarille en Haïti, par les conflits politiques fermant l’accès au Galbanum iranien ou par une tendance de formulation de parfum renonçant à la trilogie classique tête/coeur/fond.
Yves Salomon – Président de la maison éponyme – nous a décrit la saga familiale et la place qu’a reconquise la Fourrure de très haut luxe dans les défilés des grands couturiers, grâce à un retour en force de la création et par la confrontation fructueuse de jeunes créateurs avec ses équipes d’artisans ayant plus de 30 ans de métier.
Emmanuelle Guillon – Directrice de la Communication Louis Vuitton – nous a fait comprendre comment un malletier pouvait accompagner les grandes révolutions qui ont marqué le Voyage depuis 150 ans, passant du fiacre à la voiture automobile, du steamer au paquebot de croisière, du Constellation au A380, tout en faisant émerger le sac féminin comme l’accessoire incontournable d’une génération en constant déplacement.
Dominique Barbiery - Directeur Général Paraffection - nous plongea dans les méandres de la Mode féminine en levant le voile sur des maisons à l’hyper-technicité et au savoir-faire ancestral. En accueillant, en supportant et en conseillant ce tissu de PME souvent fragiles, il nous a sensibilisé au fait que les grands noms de la Mode reposaient sur des compétences stratégiques exposées à la concurrence internationale, à l’aléas d’une transmission inter- générationnelle et à l’accélération endiablée du rythme des collections.
Dans un monde qui zappe, qui surfe et qui vit dans l’immédiat, ce fût un moment de grâce où l’héritage du passé, le temps présent et les créations à venir ont convergé autour d'une création de valeur très précieuse : provoquer une émotion irrésistible.
Merci aux équipes du Club Luxe de Dauphine Alumni et du Master Marketing Luxe 207 ayant rendu possible cet évènement devant plus de 400 personnes.