La culture, c'est la paix
Quand on s’attaque à un semblant de définition d’un mot, on se trouve plus ou moins minuscule selon celui-ci. « Culture » est très vaste et écrasant quand on essaie d’être exhaustive. Donc je n’essaierai pas.
Je réalise souvent dans mon activité et dans mes lectures que le même mot ne recouvre pas du tout la même réalité selon la personne qui l’emploie, à l’oral et à l’écrit. Et qu’également en découvrant ce que quelqu’un met derrière un mot, on en apprend énormément sur un nombre incalculable d’éléments : ses convictions, ses questionnements, sa personnalité, ce à quoi il ou elle est attachée… Le sens dont quelqu’un habille un mot pour servir son discours permet à l’auditeur, au lecteur, selon la distance qu’il perçoit avec sa propre définition du mot, d’adhérer et de s’enhardir de similarités et de confiance, ou de s’écarter, quelques fois dans une révolte sanguine.
Le même mot, selon les idées qu’on lui adjoint, provoque, rassemble ou scinde. Le langage est vivant dans le sens où les sentiments qu’il génère couvrent une palette extrêmement large et très éloignée de l’aseptise utile d’un dictionnaire. Les mots sont la sève des idées, notamment en politique.
Je vais écrire un peu sur le mot culture parce que je le trouve mal traité. J’aurais pu choisir « animal », « féminisme », « égalité » ou « semblable » mais ça aurait été moins drôle et beaucoup plus facilement populaire.
- Le dogme est mortifère
Photo par Adrian Regeci sur Unsplash
La culture est éminemment vivante. Son expérience est permanente pour absolument tout le monde, sans même qu’on s’en rende compte. Je souligne qu’on vit bien la culture, on l’hérite chaque jour un peu plus à mesure qu’on vieillit, on l’agrémente de qualificatifs de tous ordres dans toutes les formes d’art auxquelles on est exposé. Nous sommes exposés à la culture. Parlez-moi d’exposition je pense à un quai de gare bondé autant qu’au Grand Palais. Parce que chacun d’entre nous se promène avec sa propre exposition intime, écouteurs aux oreilles ou destination choisie, langue, rêves…
Le mot culture prononcé par certains conservateurs (notez l’absurde…) est mort, d’un ennui terrible, manipulé jusqu’à devenir synonyme de poussière voire de maison hantée. Le dogme est dans l’usage du mot culture aussi mortifère qu’il peut l’être pour les monuments que l’on fait des religions. De la même façon que lecture et interprétation sont fondamentales pour vivre un culte, amour et ouverture sont fondamentaux dans l’exercice de notre exposition.
- La culture résout l’étranger
Photo par Amanda Scharkss sur Unsplash
Se sentir étranger est rarement agréable. Ça pourrait être drôle de remarquer qu'il est très peu probable que celles et ceux qui sont sensibles à l'art contemporain hissent rarement dangereusement les barrières du mot "français". Mais en fait c’est triste et douloureux.
Ce qui est palpitant avec la culture, les œuvres, l’art, c’est que dans leur expérience intime on aime souvent immédiatement ou on déteste immédiatement. Et alors s’ouvre la fameuse fourchette. Essayons-nous de comprendre les limites en nous qui font que l’on n’arrive pas à atteindre la beauté que d’autres voient en grand ? Ou passons-nous directement à la sentence qui exclut définitivement l’œuvre du mérite de faire partie de notre collection ?
Je laisse ça à votre sentiment. De mon côté je confesse ne pas aimer Verlaine. Je me considère donc handicapée ou en tous cas insuffisante et je travaille à la compréhension de cette limite, entre beaucoup d’autres. À un moment donné, on peut ressentir intensément le fait que la culture nous dépasse entièrement puisqu’elle inclut tout le monde, elle.
- L’amour
Photo par Nick Fewings sur Unsplash
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Les flammes brûlent et nous allument, c’est un fait. Arc de triomphe, Jeux Olympiques, Marseillaise…Il y a des symboles culturels, il y a des drapeaux. Il y a des livres, des tableaux, des morceaux, des danses, des images… Il y a des émotions que l’on partage avec des personnes qui sont mortes depuis très longtemps, et que l’on voudra vivre avec nos contemporains.
Dans l’exercice de notre culture il y a absolument toute chose, avec l’amour au centre, et la communion que l’on recherche. La culture se partage à l’infini sans jamais se dissoudre pour quiconque y est prêt.
Le constat de ceux qui déplorent une perte de culture est en fait le constat de leur propre inaptitude à vivre.
On vit la culture seule ou accompagnée, on la rencontre et on la ramène chez soi. On l’hérite, on la crée. L’appréhension de la culture est pour moi plus sentimentale qu’intellectuelle. Les artistes sont ainsi pour moi les garants les plus vibrants de l’éternité de la culture en action.
Et la culture en action, c’est la paix.
AI artist/Image Prompt Engineer
2 ansTristement, j'ai écrit cet article plus de deux semaines avant le début de la guerre alors que l'opinion n'y croyait pas. Signaux faibles peut-être, il aurait fallu l'écrire il y a un an.