Quelle est la différence entre Éric Zemmour, Virginia Woolf et Stefen King en tant qu’auteurice à succès?
En tant qu’être humain, tout les différencie, en tant qu’auteurice, rien.
Vous allez me demander comment on peut comparer trois personnes si opposées idéologiquement en disant que leur écriture est semblable. Mais en fait, ce qui les lient c’est qu’ils font sens pour celleux qui les lisent.
La lecture est une quête de sens et pour qu’un-e auteurice réponde au besoin des personnes qui lisent.
Quand on écrit de manière professionnelle, on doit malgré tout répondre à certains critères de storytelling pour être lu-es, qui diffèrent de l'écriture dans un cadre personnel. Certain-es y arrivent, après une certaine expérience, sans y penser, d’autres doivent y réfléchir un peu plus.
La quête de sens chez l'être humain est un besoin fondamental. Il est d'ailleurs exacerbé chez les personnes neuroatypiques, qui se retrouvent bloquées lorsqu'il est temps d'agir d'une manière illogique.
La personne qui lit veut avoir des réponses aux questions qu’elle se pose au fond d'elle et surtout pouvoir projeter sa lecture dans sa vie quotidienne, même si l’univers est complètement fantasmagorique. Des livres comme Mange, Prie, Aime ou Contagion ont réussi ce tour de force.
Le style n'est d'aucune manière la raison de leur succès. Ils se sont vendus à des millions d’exemplaires, car ils répondaient à un besoin vital: celui de savoir comment mieux se connaitre et atteindre le bonheur pour le premier, avoir des réponses à une pandémie mondiale dont on n'avait ni les tenants ni les aboutissants dans le second. Ils ont également créé du mouvement et des communautés tissées serrées. Ils ont créé une réalité.
La réalité n'est pas un fait concret, c'est un amalgame qui se crée dans notre cerveau, selon nos connaissances, nos besoins et notre environnement. Et c'est pour cela que nous ne sommes pas une masse monolithique, mais des personnes dont la vision du monde diffère pour chaque personne.
Que ce soit Zemmour, Woolf ou King, tout comme Bardella ou Jobs de manière orale pour leur part, ils créent des réalités tangibles pour les personnes avec lesquelles leur storytelling résonne. Depuis que le monde est monde, c'est ainsi qu'il est façonné: par les histoires qu'on se raconte à soi-même et aux autres, qu'on transmet ou qu'on efface, qu'on propage ou qu'on silencie.
On écrit pour être lu souvent, mais on devrait surtout écrire pour transmettre un message. Pour permettre aux gens qui nous lisent de faire un pas en avant, de se découvrir, de se réaliser.
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Quand on écrit quelque chose qui nous tient à coeur, en lequel on croit, nos valeurs apparaissent et c’est grâce à elles que nos mots trouvent écho dans le coeur de notre lectorat. N’ayez donc pas peur de mettre de vous dans vos textes.
Être une femme ou une personne marginalisées ne devraient pas être un frein bien au contraire. On a besoin de ces histoires, de ces archives pour modeler un monde plus égalitaire, plus éthique, plus en paix et surtout plus divers.
La disparition du mot autrice au 17e siècle n'est qu'un exemple parmi tant d'autres pour permettre à une certaine catégorie de personnes de mettre la main mise sur l'Histoire.
Nos histoires sont dangereuses car nous la forgeons, nous la modelons et nous lui donnons corps. Je ne vais pas citer Spiderman, mais avec un grand pouvoir vient... Vous connaissez la suite.
Que vous écriviez des essais, de la chick-lit ou de la fantasy, vous avez des choses importantes à dire, car vous êtes important-es, ce que vous avez à dire l’est.
Je ne répéterai jamais assez que quelqu’un qui écrit mal n’est pas quelqu’un qui fait des fautes ou a du mal à formuler ses idées. Un mauvais auteur est un auteur dont le message:
Écrire pour vendre ou pour être célèbre est un mauvais plan, tout comme créer une entreprise pour seulement faire du cash. Ce n'est pas pérenne et cela peut avoir des conséquences délétères.
Si vous n’allez pas plus loin que l’aspect matériel ou pécuniaire de l'écriture, alors il y a de grandes chances pour que votre livre reste sur les tablettes à prendre la poussière.
Rappeler vous que les gens cherchent du sens pour se créer une réalité à la hauteur de leurs idéaux, des mots qui répondent à leurs besoins et leur désirs. Nourrir son lecteur n'est pas une mince affaire, mais on peut toujours apprendre à mieux cuisiner pour le faire.