La dialectique de l’échec

La dialectique de l’échec

J’avais fait un cauchemar : j’avais rêvé d’un territoire ruiné après avoir été gouverné par un apprenti sorcier poursuivi par la dialectique de l’échec et qui avait affronté presque « en même temps » des calamités dont il était en partie responsable, en marchant dans tous les sens, sans but et sans projet, et en gesticulant comme l’un de ses prédécesseurs.

En 2024, la France aurait pu célébrer un triste anniversaire : celui des 10 ans de pouvoir d’un Président qui vint aux affaires en étant nommé ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique dans le gouvernement Valls 2. Qu’a-t-il fait pour les DOM en général et pour Mayotte en particulier en tant que ministre comme en tant que président depuis 10 ans ? Rien. Pendant qu’il ruinait l’hexagone en mercenarisant ses électeurs à coup de « quoi qu’il en coûte » et à de maintes occasions.

Son attitude pendant sa première année de règne en 2017 avait abouti à la hausse des taxes sur les carburants, à la flambée des tarifs de l’électricité et du gaz et à la stagnation du SMIC et elle avait engendré la crise des Gilets Jaunes en 2018. Un an après le mouvement des Gilets jaunes, l’épidémie mondiale de coronavirus arrivée en France début 2020 l’avait conduit à décréter la « guerre sanitaire » et un premier confinement, alors même que le système de santé appauvri et dégradé depuis des années était incapable de se mobiliser. En 2023, sa réforme brutale des retraites avait engendré le blocage des raffineries, des transports et des ports, tandis que la grève des éboueurs transformait les trottoirs parisiens en poubelles à ciel ouvert. La même année, les banlieues avaient été ravagées par des émeutes après la mort de Nahel, un jeune de 17 ans tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre.

Un an plus tard, le 9 juin 2024, le Rassemblement national remportait les élections européennes avec 31,37 % des voix. La liste de la majorité présidentielle était largement distancée (14,6 %) et se retrouvait talonnée par le Parti socialiste (13,83 %). Dans la foulée, le chef de l’État avait dissous à la surprise générale l’Assemblée nationale, convoquant des législatives anticipées. Le RN et la nouvelle coalition de gauche du Nouveau Front populaire ambitionnaient alors d’accéder à Matignon et de prendre la main sur un pays ruiné par une dette abyssale de 3 159,7 milliards d’€.

Ces législatives anticipées avaient incité les Français laissés pour compte à plébisciter le Rassemblent National et déboucher sur une France ingérable parce que pulvérisée par les rivalités personnelles des Egos les leaders politiques et des partis.

Le cyclone du 14 décembre 2024 qui a rasé Mayotte n’a fait que déconstruire le fruit d’une ignominie d’un véritable désastre économique social écologique éducatif sanitaire et sécuritaire qui ravageait depuis des décennies une île insalubre. 5 jours après, le président de la République a été vivement pris à partie et huéà Mayotte, par des habitants désespérés. Devant les invectives de ses compatriotes « Démission! », « tu racontes des salades », « de l'eau, de l'eau, de l'eau » ou encore « Est-ce qu’on devait attendre le cyclone pour votre présence ? On en a marre », « Demain toi tu repars et nous on galère ! » Emmanuel Macron a répliqué : « C’est pas moi le cyclone ».

Il avait pourtant été le cyclone politique qui avait précédé le cyclone climatique. Venu à Mayotte comme un messie à quelques jours de Noël, il risque de faire oublier l’innocence de l’enfant qui vit le jour dans une étable devant des bergers attendris. En 2017, Emmanuel Macron avait trahi François Hollande. En 2024, c’est un peu le père Fouettard qui trahit le Père Noël son compère.

Jean-Pierre Guéno

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