La fac qui change la vie

Pendant la période de chômage qui a suivi ma sortie du salariat, j’avais commencé par suivre une formation de coaching. Celle-ci me fut presque inutile tant j’avais déjà lu de livres sur le sujet. C’est alors qu’au hasard de Google j’ai découvert que l’université de Paris 2 dispensait un Diplôme de coaching développement personnel en entreprise. Le rêve ! Pour pouvoir postuler si l’on n’a pas fait d’études, le règlement précisait qu’il faut avoir été cadre pendant au moins 5 ans. Je l’avais été 5 ans et 2 mois. Étais-ce un signe du destin ?

Je décide de tenter ma chance mais seulement à moitié. C’est à dire que je décide de postuler juste pour découvrir comment ça se passe. Je me répète à l’envie qu’une fac si prestigieuse ne voudra certainement pas de quelqu’un comme moi; mais que je peux tenter malgré tout l’admission “pour voir”. Qui sait, si je comprend les mécanismes décisionnels peut-être pourais-je réussir dans les années à venir ? Je me fais couper les cheveux que je porte très longs depuis l’adolescence et j’achète ma première veste de costume.

Le jour de l’oral arrive et pour la première fois je rencontre Agnès dont j’ai déjà parlé plus haut et Thierry. Ils sont incroyablement bienveillants et montrent une réelle envie de me connaître et de me comprendre. Thierry me questionne sur ce qui me motive; je lui explique à quel point je veux une vie professionnelle dans laquelle j’apporte de l’amour aux gens. Je quitte l’entretien en n’y croyant pas vraiment. Quelques jours plus tard, en plein boulevard de Clichy un coup de fil me sidère sur place: je suis admis.

Au début, je n’en mène pas large. Je suis le moins scolarisé de la promo et les autres étudiants expliquent leur prestigieux CV, l’un d’eux a fait Harvard. Ça m’impressionne tellement que j’ai envie de rentrer dans un trou de souris. Puis arrive le cours de philo, le prof nous challenge: “qui sait de qui est cette citation ?”, “qui connaît ce concept ?”. Très peu lèvent la main mais j’en fais partie. Mon niveau de confiance en moi commence à augmenter.

Le reste de l'année est rythmé par le passage d'intervenants tous plus inspirants les uns que les autres. Fort de mon expérience déjà longue d’accompagnement, j'interagis régulièrement avec eux ; je pointe ce qui me touche, j'enrichis leurs apports de cas pratiques et d’illustrations concrètes. Je me sens de plus en plus à l’aise dans le monde des coachs et futurs coachs.

C’est au cours de cette même année qu’Agnès me permet de rencontrer un premier cabinet de conseil qui sera suivi d’autres, je deviens vraiment un coach. Le jour de la remise des diplômes, je découvre que je suis major de ma promo et le compte de fée ne s’arrête pas là : Agnès et Thierry m’entraînent dans un coin pour me demander si je veux bien donner moi aussi un cours dans ce très beau cursus, ce que je fais depuis ce jour.

Cette expérience a été incroyablement enrichissante, et je suis rempli de gratitude d'avoir eu l'occasion d'en faire partie. J'ai désormais confiance en mes capacités et je me sens capable d'utiliser mes compétences pour avoir un impact positif sur le monde.

Cette année fut décisive dans ma vie pour de nombreuses autres raisons:

J’ai dû rédiger un mémoire. Ce fut la première fois de ma vie où j’ai réalisé un long écrit. Sans cet “entraînement” ce livre n’aurait jamais été écrit

Pendant cette année mais aussi pendant les suivantes pour enseigner, j’ai dû apprendre à penser à conceptualiser mes coachings. C’est vraiment ce qui a forgé mon raisonnement pour ensuite être capable de comprendre le métier de consultant et pour pouvoir penser pour eux des manières spécifiques de coacher

Plus généralement pendant toute l’année j’ai pensé coaching, j’ai jonglé avec des notions qui n’appartenaient pas à mon monde : transfert, contre transfert, cadre éthique etc… Peu à peu la posture du coach s’enracinait en moi

Mais surtout ce que nous avons vécu à Paris 2 fut une véritable initiation spirituelle qui a forgé en nous un regard qui fait que nous ne regarderons plus jamais le monde ou nos clients de la même manière.

Bref, j’étais parfaitement armé pour pouvoir me lancer corps et âme dans ma vocation de coach.