La fonction RH dans tous ses états
Chief Happiness Officer, People Operations Officer, Talent Acquisition Manager...
Derrière ces variations de dénominations se cache une transformation sans précédent des ressources humaines. Depuis déjà plus de 10 ans les fonctions RH mutent et les professionnels du secteur agrègent de plus en plus de sujets à leur périmètre. Face à la crise sanitaire, cette mutation s’accélère : on demande aux équipes RH d’être sur tous les fronts.
Au-delà d’une évolution des missions, on assiste aussi à un réel changement de posture : l’humain reprend le pas sur l’administratif et le juridique. Mais la dissociation entre la perception du métier et l’expérience vécue met les professionnels sous haute tension.
Après avoir entendu chez mes clients de nombreux bruits de couloir (ou devrais-je dire bruits de câbles informatiques qui relient nos bureaux virtuels les uns aux autres) et suite aux échanges informels au sein de mon réseau, j’ai eu envie d’ouvrir la discussion.
Finalement, ça veut dire quoi, “être professionnel RH”, en 2021 ?
Où est le H de RH ?
Selon une étude menée par Qapa.fr, en 2017, à la question "Selon vous, les RH sont-elles toujours humaines ?” les salariés ont répondu “non” à une écrasante majorité : 84% des femmes et 79% des hommes !
Le rôle d’expert administratif prend ainsi le dessus dans l’imaginaire des collaborateurs. Ces derniers reprochent aux DRH et RRH, entre autres, de ne pas être assez à l’écoute, de manquer de disponibilité et d’être trop proche de la direction à défaut d’être proche d’eux.
Conséquence ? Les salariés se sentent déconnectés et n’ont pas confiance en leurs responsables RH qui ne répondent pas à leurs attentes. Cet aspect a été souligné par le compte Instagram Balance Ton Agency qui pointe le management toxique des RH de certains grands groupes, ce qui a donné lieu à un flot de témoignages d’ex-collaborateurs.
(source : BalanceTonAgency sur Instagram)
Ressources humaines ou administration du personnel ?
Le volet administratif et juridique représente une part non négligeable des missions des professionnels du secteur des ressources humaines. Et ce sont eux-mêmes qui le disent :
En 2020, 73% des RH déclarent passer au moins la moitié de leur temps de travail à des tâches administratives (Enquête “Les RH au quotidien” - Editions Tissot)
Cela laisse très peu de place à l’humain, au développement des carrières et des compétences ou à la Qualité de Vie au Travail (QVT).
Symptomatique de cet état de fait, le gouvernement lui-même classe les missions de la fonction RH autour de 4 grands axes :
- Le recrutement des collaborateurs
- La rémunération du personnel
- La gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences
- L’amélioration des conditions de travail
L’humain semble donc un peu laissé pour compte, noyé dans la masse de la paperasse.
I had a dream
Des missions centrées sur l’humain, c’est pourtant ce qui anime les professionnels des métiers des ressources humaines.
75% ont choisi leur métier pour sa dimension humaine et sociale (Editions TIssot, baromètre 2020 “Les RH au quotidien)
On observe une dissociation entre la perception et l’expérience vécue. La réalité s’éloigne à la fois des envies des professionnels RH et des attentes des collaborateurs.
Where’s the catch ?
Qu’attendons-nous pour changer la donne ?
Il y a, bien sûr, autant de manière d’exercer que de professionnels et autant d’approches que de cultures d’entreprise. Ce qui est certain c’est qu’on en demande toujours plus aux équipes RH. La fonction se diversifie de par les mutations sociétales et l’évolution des besoins des entreprises, mais aussi et surtout pour mieux répondre aux attentes des collaborateurs.
Face à la crise sanitaire, la mutation de la fonction RH s’est encore accélérée. On leur a demandé d’être des couteaux suisses au cœur de la gestion de crise en entreprise.
78% des RH déclarent être davantage sollicités par les salariés et 88% par la direction en période de Covid-19 (Enquête “Les RH au quotidien - Editions Tissot)
Comment faire, alors, pour concilier des demandes toujours croissantes de la part des collaborateurs comme des dirigeants, et les injonctions à être plus humains et à se concentrer sur les individus et leurs épanouissements individuels ?
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La fonction RH n’en est qu’aux prémices de sa métamorphose. Ses missions évoluent et se transforment au rythme des évolutions de la société et des attentes des salariés.
Bousculée et remise en question sur ses pratiques et ses missions, la fonction RH se voit accorder une marge de manœuvre de plus en plus large et participe activement à la transformation de l’entreprise via son volet humain.
Le “H” de RH prend toute son importance, et c’est tant mieux ! On me souffle dans l’oreillette qu’une nouvelle dénomination voit le jour… on parlerait de “Human Partner”, une jolie manière de qualifier ce nouveau rôle.