La France, un pays "handisensible" mais pas trop!
En 1987, la loi française a imposé aux entreprises et collectivités d’au moins 20 salariés, de compter parmi leurs effectifs au moins 6% de travailleurs handicapés. Près de 30 ans plus tard, et malgré des renforcements de la loi en 2005 notamment, l’emploi des personnes reconnues travailleurs handicapés reste très problématiques, plus de 40% des entreprises soumises à cette obligation ne s’y conforment pas. La différence dérange et trop préfèrent payer pour ne pas s’y confronter alors qu’ils pourraient vraiment s’en enrichir.
Attention aux raccourcis, on ne peut pas faire ce reproche qu’aux recruteurs privés, la fonction publique n’atteint à ce jour que 5 petit pourcents d’agents handicapés… Vous vous direz sûrement que c’est déjà pas si mal, mais étant donné le devoir d’exemplarité que lui impose sa position ce n’est pas assez. D’autant plus que 6% n’est pas un plafond mais un minimum. Il faut croire que le système national ressemble sur ce point parfaitement à sa population.
Les citoyens ne sont en effet pas non plus très sensibles à la situation des handicapés tant qu’un de leurs proches n’est pas touché. Bien sûr si vous les abordez avec un micro dans la rue, ils seront nombreux à exprimer de la compassion, du respect, de l’ouverture à leur égard ; pourtant cela ne les empêchera pas quelques minutes, heures, ou jours plus tard de pester à la vue d’une place de parking réservée vide alors que le secteur est saturé. C’est ainsi, un peu comme la pauvreté, nous sommes très sensibles tant que cela reste caché.
De ce point de vue, l’Etat semble aussi approuvé cette lâcheté et d’ailleurs, ces derniers mois, les preuves ne manquent pas. Cette année, deux grands signaux ont été adressés aux entreprises et collectivités ne souhaitant pas supporter la cohabitation avec les personnes porteuses de handicap. Du point de vue emploi tout d’abord, un des alinéas de la loi Macron précise qu’un autoentrepreneur reconnu travailleur handicapé permet aux entreprises commanditaires une réduction d’heures de « travail handicap » au sein de leurs structures. Tout bénéf… les avantages financiers, sans « l’inconvénient » d’avoir à intégrer la personne différente au sein de leurs équipes. Petite consolation pour certains travailleurs handicapés indépendants, l’espoir d’un avantage concurrentiel pour décrocher certains contrats.
Autre exemple de rectification législative récente, le renvoi de l’application de la loi accessibilité à 2020. Cette obligation de mise en accessibilité des lieux ouverts au public avait été votée en 2005. Ainsi, elle accordait 10 ans aux sociétés, services publics, l’adaptation de leurs locaux ouverts au public, pour que tous puissent y accéder. Résultat, pour ne pas avoir fait d’efforts en ce sens, l’Etat a offert un délai supplémentaire de 5 ans aux « anti-actifs » en la matière… serait-ce dû au fait que les administrations font parties des principaux contrevenants ? Toujours est-il que les victimes de cette inaction restent les dindons de la farce… mais vous me direz tant que l’impact électoral est minime, peu d’espoir que les choses changent… le jour où une contamination chimique nationale entraînera une explosion des effectifs « handicap », alors peut-être que nos représentants publics se soucieront de tous ces enjeux !?
Enfin, pour apporter une ultime preuve de cette insensibilité de la France à la cause handicap, je citerai le milieu qui occasionnellement s’empare du sujet pour faire des articles, reportages ou émissions : les médias. Vous aurez sûrement remarqué que s’ils évoquent le sujet du handicap avec souvent beaucoup de bienveillance, ils n’offrent que peu de places à cette diversité, qu’ils trouvent « magnifique », sur leurs antennes. Sans penser exclusivement à la télévision, où l’apparition de certaines infirmité heurteraient l’œil du téléspectateur, vous ne me ferez pas croire qu’une personne en fauteuil voir non voyante ne peut pas avoir une voix adaptée à la radio ??? Pourtant, derrière les grands discours, on observe peu ou pas de volontarisme de la part des rédactions et autres maisons de production. Tout comme la population qu’ils abreuvent en programmes et journaux, ils considèrent que cette différence doit parfois étre évoquées, sans jamais gêner leur petite tranquillité !!!
Auteur de 9 romans : LYS BLEU ÉDITIONS (Paris) - Agent littéraire : Fanny CAIRON (Nantes) - Mon site auteur : desliresetreunir.com - Accompagnateur mobilité ADANEV 13 - Engagements politiques UE
9 ansTant que notre pays donnera la priorité au travail, aux hommes en bonne santé, âgés entre 30 et 48 ans, très diplômés...en faisant la démonstration que tout autre profil serait plus difficile à intégrer et à maintenir dans l'emploi, les personnes en situation de handicap et les femmes resteront des sujets de conversation. Pour un changement citoyen, que chaque salarié prône la mixité et l'inclusion de tous quand un emploi se crée dans son proche environnement.
enseignante education Nationale lycee professionnel
9 anstrès beau post. L'administration est loin d’être au point y compris l’éducation nationale. Beaucoup à dire sur le handicap invisible et sa difficulté d'inclusion. La société française est frileuse avec le handicap.
Acheteur Prestations intellectuelles techniques
9 ansMonsieur Faivre, votre article est juste est courageux mais de grâce, ne tombez pas vous aussi dans le cliché "handicap = fauteuil roulant, sourd, ou muet". 80% des handicapés en France souffrent d'un handicap non visible. Sinon je suis entièrement d'accord avec vous sur le "retard" de la France face au regard sur le handicap. Des pays comme l'Espagne ou la Suisse "intègrent" beaucoup mieux que nous ces populations qu'ils considèrent comme normales. En Espagne pratiquement tous les boutons d’ascenseur ont un relief en braille et les feux diffusent un message sonore lorsque l'on peut traverser. Et ce depuis que je sais marcher (hum, depuis pas mal d'années en fait ;)).