La journée des femmes, un trompe-l’œil utile pour justifier l’inaction

J’ai eu la chance ce matin du 8 mars d’animer un panel composé de femmes remarquables  en charge de la diversité au sein de grands groupes, Isabelle Michel-Magyar pour Schneider Electric, Mathilde Tabary pour Carrefour, Laurence Reckford pour Total, Anne-Laure Thomas-Briand pour le groupe La Poste.  Au-delà de la photo autour de la vieille cloche qui symbolise une ouverture des marchés placée sous le signe de l’égalité hommes femmes, comment ne pas déplorer le public clairsemé ? Pas d’hommes et une poignée de femmes  dans une salle sensée être remplie de financiers, l’un des secteurs où les femmes sont rares ! Conclusion attristée des intervenantes : « Difficile de mobiliser sur le sujet, d’autant plus que les statistiques s’améliorent ».
Et oui mesdames et messieurs, études après études, les chiffres montrent que le nombre de femmes dirigeantes progressent grâce au triple effet des programmes internes de promotion, des lois sur les quotas et de la pression exercée par les actionnaires convaincus que les femmes sont sources de performances et de création de valeur… Selon MSCI par exemple les entreprises aux boards féminisés ont des performances moyennes de 10,1% par an contre 7,4 % pour celles qui ne sont pas dans ce cas de figure.

Alors pourquoi si peu de transformation en profondeur des mentalités et des systèmes de pouvoir où dominent  largement les mâles blancs en costume sombres, formés au même moule ? Les femmes dirigeantes qui ont témoigné ce matin à Euronext ont montré que les programmes ambitieux mis en place depuis plus de dix ans portaient leurs fruits. Mais elles ont aussi dit qu’ils ne suffisent pas à changer les mentalités. Pour cela il faut associer tout le monde, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, et questionner les stéréotypes, les clichés que chacun colporte en toute bonne conscience. Spéciale dédicace de l’initiative salutaire à Anne-Laure Thomas-Briand. Elle a fait fabriquer et installer au siège de la Poste des centaines de silhouettes d’1,75m surmontées de ces petites phrases qui tuent du sexisme ordinaire. Ses silhouettes ont créé des débats un peu partout et permis aux uns de prendre conscience que leurs petites phrases n’étaient pas si innocentes… et aux autres d’expliquer qu’elles ne trouvaient pas drôles ces petites phrases toujours suivies de « je plaisante ».
Pour changer les mentalités, il faut donc bien plus qu’une journée caution où on réunit des femmes entre elles pour échanger sur leurs parcours plus ou moins accidentés. Ma suggestion : abolir la journée de la femme et organiser systématiquement des panels mixtes et colorés toute l’année et sur tous les sujets devant des salles combles. Chiche ?

Corinne Bégaud

Program Builder CHALLENGE+ HEC Paris Innovation & Entrepreneurship Center / Mission de Bienveilleure HEC Paris

8 ans

Mais oui assumons nos différences!

Alexander Russell

Consultant et Relecteur en développement durable chez FuturePROOF Writing Services

8 ans

Tout à fait d'accord avec Anne-Catherine. Pour ma part, j'ai presque toujours été amené à travailler dans des équipes majoritairement féminines (actuellement je suis 1 contre 4). Je remarque que les femmes sont parfois plus perspicaces sur les vraies priorités, plus douées socialement. Il suffit de voir à quel point nous hommes sont minoritaires à vouloir "oeuvrer pour un monde meilleur"! Moi, je KIFFE la diversité d'opinions donc en tant qu'homme jeune européen de parents aisés, plus il y a de femmes, âgées, d'autres cultures, milieux, mieux c'est. Hélas, les mentalités changent lentement, avec beaucoup de persévérance... Par contre, je suis totalement contre la version de l'égalité des chances qui revient à dire que nous sommes tous pareils. Nous ne sommes pas pareils, et être un homme ou une femme n'est pas pareil. C'est justement pourquoi je veux travailler avec des co-équipières - si ça ne changeait rien, ça ne changerait pas grand-chose. Le message à porter de voix haute? Le genre fait partie de nombre d'aspects qui nous rendent individuels et différents. Assumons et vendons le comme un avantage; récusons tous ceux qui y voient un inconvénient. Le brassage et mélange de profils divers, c'est toujours une force; c'est un avantage compétitif. Et au fond, c'est beaucoup plus sympas aussi! Julia HAAKE Anne-Catherine Husson-Traore Marie-Bénédicte Beaudoin Johanna Hariri Aela Cozic Aurélie de Barochez Naana Otoo-Oyortey Charlotte Scheltus Kelly Thomas @MurielAbessolo @LydiaSandner @SilvinaTesta @SylvieBlanc

Tout à fait d'accord avec vous Sophie Sanchez !

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