La marginalisation des Français de l'étranger est en marche - Lettre ouverte au Gouvernement d'Edouard Philippe

Élue conseillère consulaire Belgique, je me permets d’interpeller officiellement le gouvernement sur la marginalisation des Français de l’étranger qui est en marche depuis les dernières élections présidentielle et législatives. Et qui semble continuer sur la même lancée pour les élections sénatoriales.

Je suis inquiète de la représentativité des Français de l’étranger et de leur prise en compte par le gouvernement actuel. Nous sommes plus de 1,8 million dans le monde entier, ayant quitté la France pour des raisons aussi diverses que variées mais portant toujours notre pays au cœur. Nous participons à son rayonnement, économique, politique et culturel, mais nous partageons aussi le même désir de réussite pour la France. Cependant, depuis l’élection du Président de la République, nous n’avons de cesse de nous interroger quant à la prise en compte de notre existence. Nous avons été une première fois inquiétés de ne voir aucun Secrétaire d’Etat désigné pour les Français de l’étranger alors même que la législation nous impacte aussi directement et que nos problématiques sont réelles: la sécurité, l’enseignement français à l’étranger, le commerce extérieur, les services consulaires, la fiscalité, et l’action sociale.

Lors des élections législatives, 10 des 11 circonscriptions des Français établis hors de France ont été remportées par les députés LREM grâce à l’impulsion présidentielle, évinçant parfois des élus avec une excellente connaissance des problématiques et des territoires.  Des nouveaux députés qui ont voté sans sourciller la fin de la réserve parlementaire sans penser pour autant à une solution alternative, comme celle proposée par le Sénat qui permettrait de continuer à soutenir, en toute transparence, des projets et action de proximité pour nos compatriotes aux profils aussi divers que variés et qui ne peuvent naturellement pas compter sur l’appui financier de collectivités locales.

A l’aube des prochaines élections sénatoriales, nous apprenons que la tête de liste pour les Sénatoriales des Français de l’étranger sera une personne parachutée de l’Hexagone, inconnue de tous les élus consulaires qui sont pourtant les grands électeurs. Une personne qui n’a jamais œuvré pour la communauté des Français de l’étranger et qui demain, devrait nous aider à relever les défis que sont l’influence de la langue française, le rayonnement économique, culturel et diplomatique de la France à travers ses expatriés et binationaux, mais aussi l’importation de bonnes pratiques dans le débat national.

Alors même que la représentativité a déjà été mis à mal aux dernières élections législatives avec un faible taux de participation et la fin du vote électronique, la représentativité des Français de l’étranger est en voie de devenir un simulacre permettant d’obtenir des postes d’élus supplémentaires pour la majorité présidentielle. Sous prétexte budgétaire, les Français de l’étranger semblent être les premiers à être sacrifiés, et c’est l’influence française dans le Monde qui est ainsi fragilisée.

Elue Conseillère consulaire en 2014 en tant qu’Indépendante avec une liste de Françaises et Français issus de la société civile, j’exerce mon mandat de manière quasi bénévole avec force et convictions dans le seul intérêt de celui de la communauté des Français de l’étranger.  Mais avec cette dernière investiture pour les Sénatoriales, une question se pose : le travail de terrain dans les territoires auprès des Français et l’expérience sont-ils à ce point un repoussoir pour la République en Marche ?