Le lien de la mouche et du coach
Jean de La Fontaine avait créé la mouche du coche. Il faut à présent compter avec des nuées de mouches bavardes formées par des coachs qui ont pour mission d’asservir le verbe pour le mettre au service d’élus souvent ignares mais qui cherchent à compenser leur inculture par une éloquence fabriquée de toutes pièces afin de mieux berner les badauds que nous sommes lorsqu’ils ont le malheur de zapper et de musarder à l’écoute des chaînes dites d’information. Ils acquièrent le don de nous enfariner, bonimenteurs de foires électorales, de trottoirs médiatiques, des réseaux et des galeries des égouts sociaux. Certains parmi ces coachs en communication verbale comme en communication gestuelle, parmi ces fabricants d’éléments de langage, se prétendent « révélateurs d’authenticité » : on croit rêver ! La fréquentation abusive des mouches bavardes transforme subrepticement la politique en étron. Il faudrait pouvoir réhabiliter les attrape-mouches des campagnes de notre enfance : ces rubans anti-mouche fixés au plafond à l’aide d’une l’épingle. Les mouches engluées y agonisent cruellement en bourdonnant, en vibrant frénétiquement des ailes, faute de pouvoir s’envoler et de pouvoir continuer à se reproduire. On pourrait dire des orateurs coachés ce que le fabuliste disait des mouches du coche :
Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés
Jean-Pierre Guéno