La musique, le territoire, et la médiathèque.
Mémoire de recherche dans le cadre du master esDOC à l'Université de Poitiers

La musique, le territoire, et la médiathèque.

En 2022-2023, j’ai eu la chance de reprendre une année d’études à l’Université de Poitiers en 2e année du master esDOC, formant aux métiers de la documentation et des bibliothèques.

Ancienne intermittente du spectacle, j’ai fait cette reprise d’études dans le cadre d’une reconversion professionnelle.

Lors d’un stage effectué en bibliothèque de lecture publique avant mon entrée en formation, j’ai pris conscience des difficultés rencontrées par les bibliothécaires sur la place de la musique en bibliothèque aujourd’hui, et j'ai souhaité m'emparer de ce sujet pour mon mémoire de master.

Un domaine en évolution

En effet, la place de la musique en bibliothèque s’étant construite autour du prêt de supports physiques (d’abord le vinyle, puis le CD), les changements des habitudes d’écoute de la musique, avec l’usage massif du streaming, ont remis en question les modalités-mêmes d’existence de la musique en bibliothèque.

Si les discothécaires se sont emparé·es de la question, notamment avec l’ACIM, et qu’une étude menée par des sociologues est en cours (celle de Pierre Le Quéau et Olivier Zerbib du laboratoire PACTE), je souhaitais pour ma part intégrer à mon enquête le cas des petites structures, manquant le plus souvent de temps et de moyens pour développer la musique, mais aussi de sortir du seul cadre des bibliothèques en allant interroger les différents acteurs de l’écosystème musical local.

Bibliothèques et écosystème musical local

Dans ce mémoire, après m’être intéressée dans un premier temps à la place de la musique en France (les chiffres datant de début 2023, d’autres ont été publiés depuis), puis à la musique en bibliothèque aujourd’hui, je me suis penchée sur les relations entre les bibliothèques et l’écosystème musical local.

En étudiant le discours des bibliothécaires dans la littérature professionnelle, il semblait que les actions menées autour de la musique semblaient jugées comme réussies quand elles permettaient à la bibliothèque d’être considérée comme une actrice à part entière de l’écosystème musical local. Mais parvenir à ce résultat semblait tenir du parcours du combattant.

Je me suis donc demandée pourquoi les bibliothèques, alors qu’elles possèdent un objet et des enjeux communs avec l’écosystème musical local, semblait éprouver des difficultés à être considérées comme faisant partie de cet écosystème.

Pour répondre à cette problématique, je me suis intéressée au cas de la communauté urbaine de Grand Poitiers, et j’ai pour cela interrogé sept bibliothécaires et douze professionnel·les de la musique (artistes, structures d’enseignements de la musique, disquaire, label, scènes, etc.), en essayant d’atteindre la meilleure représentativité pour les bibliothèques comme pour les professionnel·les de la musique.

Des difficultés à plusieurs niveaux

Les points importants que j’ai déduits de cette enquête :

  • Les bibliothèques pâtissent d’un problème d’image auprès de l’écosystème musical local : la bibliothèque est encore vue comme une institution stricte et sérieuse, "temple du savoir", où le silence est exigé, loin de l’esprit "troisième lieu" revendiquée par de plus en plus d’établissements. Cela peut être un frein pour certains acteurs.
  • La nécessité de penser la politique autour de la musique dans sa globalité, au niveau de l’établissement et/ou du réseau, avec un budget alloué pour l’intégralité de ce secteur : des acquisitions des collections physiques (supports physiques, instruments) et du matériel (postes d’écoute, diffusion, etc.), jusqu’à l’action culturelle.

Sans politique claire et un budget global, il n’est pas possible d’avoir des évènements récurrents et pérennes (animations, concerts) permettant à la bibliothèque d’être effectivement identifiée comme actrice de l’écosystème musical local. (y compris par les bibliothécaires elles·eux-mêmes !)

  • Le besoin d’un soutien au niveau local (intercommunalité, département notamment via les bibliothèques départementales) via des aides financières à la programmation de musique vivante, l’acquisition et la mise à disposition de fonds (CD, vinyles, instruments…), l’organisation d’évènements (concerts, festivals, expositions, animations…), afin que les plus petites structures ne soient pas laissées à elles-mêmes.
  • Le besoin également d’un dispositif au niveau national permettant de développer des projets autour de la musique en bibliothèques avec des subventions spécifiques, comme ça l’a été pour le numérique.

Bien sûr, cette enquête a été menée sur un territoire spécifique, et pour que ces conclusions soient généralisables, il serait intéressant de la reproduire ailleurs.

Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, vous trouverez en lien mon mémoire.

Au plaisir de pouvoir en discuter avec vous !

christine rochard

RETRAITEE DE LA CIE THEATRALE ACHILLE TONIC

10 mois

bravissimo chère Estelle. Belle reconversion.

Sevil Gregory

Scénographe et plasticienne

11 mois

Bravo Estelle ! Je te souhaite de belles aventures au milieu des livre :) Et avec plaisir si on à l'occasion de se revoir. Bises !

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