La pédagogie blanche en quelques lignes
Un de mes clients en coaching me demandait récemment si j'accepterais de lui écrire quelques lignes explicitant cette "pédagogie blanche" dont nos séances de coaching sont empreintes. Ce faisant, je me suis dit que cela pourrait intéresser un lectorat plus large... dont acte.
Chère à l'anthropologie Coach and Team (du nom de la formation conçue et mise en œuvre par Vincent Lenhardt au début des année 90 en France), la pédagogie blanche s'est construite en réaction à la "pédagogie noire" si bien décrite et illustrée par Alice Miller dans plusieurs de ses ouvrages (1).
Dans ma pratique de coach et d'enseignant CT, la pédagogie blanche, c'est d'abord un regard, une intention, celle de permettre à l'autre de se (re)connecter à son Prince (ou sa Princesse), en référence au schéma d'identités élaboré par Carlo Moïso (2) et explicité par François Delivré dans son ouvrage "Le métier de coach".
Le Prince (la Princesse) est cet Être de désir, de besoins, de ressources, de relation et d'action présent en chacun de nous. La source des talents potentiels que le coach cherche à contacter, en lui et chez son client, afin de favoriser la liberté (de choix) et la responsabilité (d'assumer ses choix), conduisant à accroître l'autonomie.
En ce sens, la pédagogie blanche est aussi une philosophie qui invite à regarder chaque personne en reconnaissant sa partie positive et en lui faisant confiance. Ce processus d'activation du potentiel (du Prince), permet à la personne de mobiliser en elle-même l'énergie nécessaire au changement qu'elle souhaite voir advenir, dans sa vie personnelle et/ou professionnelle (3).
De manière opérationnelle, dans le coaching notamment, et plus largement dans toute relation intersubjective, la pédagogie blanche consiste en un subtil mélange de bienveillance et d'exigence.
Concrètement, au cours d'un processus d'évaluation par exemple (examen, entretien d'évaluation professionnelle, certification de coach...), cela consiste à valoriser ce que la personne sait, plutôt que de critiquer ce qu'elle ne sait pas, à l'évaluer à la lumière de ses compétences et de son identité profonde, avec la conviction sincère qu'elle dispose de toutes les ressources nécessaires à sa propre croissance.
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La posture qui en découle pour l'évaluateur est davantage celle d'un accompagnant, positionné aux côtés de la personne et en alliance avec elle.
Dans le même temps, l'exigence consiste à accompagner la croissance de la personne "au mieux de ce qu'elle peut", sans jamais tomber dans la facilité ou le copinage.
La personne évaluée peut ainsi se voir signifier qu'elle n'a pas réussi une épreuve ou un test, tout en étant abondamment nourrie par ce qui est "déjà là" (qualités, compétences, savoir-faire, savoir-être....) et que l'évaluateur a relevé, en considérant que la personne "objet de production" est aussi un "sujet en croissance".
En décalage complet avec cette posture bienveillante et exigeante, la pédagogie noire se focalise non pas sur ce que la personne sait ou a appris, mais sur les seules attentes de l'évaluateur à partir de son cadre de référence (ou pire, de ses projections). La posture qui en découle pour l'évaluateur est une position de pouvoir "SUR" l'autre, considéré comme un simple "objet de production" (de savoir, de résultats,...), soumis aux seuls critères de celui qui l'évalue.
L'utilité de la pédagogie blanche, dans le monde professionnel et éducatif notamment, est multiple. Elle stimule le développement des compétences tout en favorisant la construction de l'identité personnelle et professionnelle de chacune des parties. Elle est source de satisfaction, de confiance, d'estime et de dépassement de soi.
La pratiquer au quotidien nécessite présence, écoute et attention, soutenues par la conviction profonde qu'en chacun de nous, derrière le masque, réside un Prince (ou une Princesse) qui ne demande qu'à s'exprimer.
(1) Psychanalyste suisse, chercheuse sur l'enfance et autrice de plusieurs ouvrages sur le sujet dont "C'est pour ton bien" (voir illustration de l'article). (2) Psychiatre italien, psychothérapeute, didacticien et superviseur en analyse transactionnelle. Proche des idées d’Eric Berne, il promouvait auprès de ses élèves une volonté de maintenir un haut degré d’exigence sur la connaissance de la théorie. (3) Qualifié d'effet Pygmalion par les psychopédagogues, ce processus présent chez l'élève sur qui le professeur pose un regard positif, l'aide à prendre confiance en lui, à développer ses compétences et à gagner en autonomie.
Accompagnement au changement autour du digital et des manières de travailler chez Wavestone // Coach professionnel certifié // Concepteur pédagogique et intervenant sur des projets éducatifs
1 ansBernard Huberlant, merci pour cet article qui m’aide à mettre des mots sur cette pédagogie. ☺️
Co-Développement Professionnel et Managérial "Champagne & Payette" ; Coaching & Conseil
3 ansMerci Valérie, pour cette présentation claire, précise et engagée 🙏😊
Directeur - Les Chanterelles ASBL
3 ansUn grand merci pour cette synthèse éclairante !