A la poursuite de l'entrepreneuriat...

A la poursuite de l'entrepreneuriat...

L’entrepreneuriat ne se décrète pas. Il émane de la volonté d’entreprendre, naît avec l’entreprise, vit en son sein, se développe et meurt aussi avec elle.

L’entrepreneuriat est une faculté individuelle et collective, une réalité globale et complexe, compréhensible mais pas forcément reproductible.

L’entrepreneuriat a beaucoup à voir avec la culture d’entreprise : il en est la matrice d'origine et celle-ci en conserve l'empreinte..

Après 30 années occupées par les gains de productivité, la rationalisation des activités, les process organisationnels et les KPI, beaucoup d'entreprises redécouvrent que pour survivre dans un monde en pleine transformation, elles doivent régénérer l'esprit d'entreprendre. 

Au même moment, les projecteurs se braquent sur l'univers des start ups, qui accompagnent la vague du digital et attirent une génération X décomplexée, suspicieuse vis-à-vis des grandes entreprises.

L'entrepreneuriat revient sur le devant de la scène comme une évidence. Un potentiel à reconquérir dans une entreprise hiérarchisée et fractionnée, une forme d’engagement libératrice.

Quelques angles pour mieux cerner cette question de l’entrepreneuriat :

    Genèse de l'action, primauté de la culture

Entreprendre, c'est susciter une aventure collective et façonner la culture donnant du sens à cette aventure.

Cette aventure ne peut exister que si elle est porteuse de sens. Le sens fédère les aspirations individuelles, transcende les ambitions, consacre l'alliance des enjeux business et humains -qui fait la différence.

La transmission de la culture d’entreprise, l’ancrage dans son ADN, la faculté d'en provoquer l'adaptation, constituent le socle de préservation et de rénovation de l’entrepreneuriat.

Entreprendre, c'est innover.

L'innovation est intrinsèquement liée à l'existence de l'entreprise et à son développement.

Innover c'est 'saisir ce qui commence', c'est comprendre le monde tel qu’il est et se transforme avec ses aspirations et ses besoins. C'est créer des ponts entre des champs de connaissance et projeter sur ces ponts de nouvelles réalités.

En plaçant l'innovation au cœur de sa stratégie, l'entreprise challenge ses capacités entrepreneuriales dans l’ensemble de leurs dimensions : culture, organisation, modes de travail et de management, leadership.

Préserver la tension entre liberté et contraintes.

Beaucoup d'efforts de rationalisation de l'entreprise sont susceptibles d’entraîner la neutralisation de cette tension.

Au travers de leur personnalité et de leur posture, les dirigeants s'avèrent les garants ou les fossoyeurs de cette tension entre liberté et contrainte, sans laquelle l'entreprise compromet sa capacité d'entreprendre.

    Stimuler la coopération, réguler la compétition.

S'adapter à un monde en pleine mutation nécessite d'intenses efforts de coopération au sein de l'entreprise, véritable révolution culturelle pour beaucoup d'entre elles. Mais l'ambition individuelle reste un ressort essentiel à l'esprit d'entreprise et là encore, aux dirigeants d'être pleinement conscients et responsables des équilibres.

Favoriser le management de l'initiative.

La généralisation du management par objectifs, rassurante sur le plan de la performance à court terme, a enfermé beaucoup d'entreprises dans des logiques de prédétermination réductrices de leur culture entrepreneuriale. Il convient de restaurer cette dimension du management dans la constitution d'un cadre de travail favorisant l'initiative individuelle et collective.

Savoir prendre et gérer des risques.

Cela peut sembler une évidence mais à l'échelle d'une grande entreprise, le niveau des enjeux financiers associé aux objectifs de croissance durable, aboutissent à une pondération cumulée des risques.

La prise de conscience collective de cet état de surpondération du risque doit amener les dirigeants à corriger leur posture, à examiner l'impact des KPI et à inventer un pilotage proactif du risque associé au portefeuille de projets.

Une affaire de passion et d'engagement.

Donner un véritable pouvoir aux leaders-entrepreneurs, c'est instaurer à leur profit des marges de manœuvre et c'est challenger l'exercice du pouvoir 'top down'.

Le dirigeant n'est pas au-dessus de la mêlée mais dans la mêlée : à lui d'instaurer un cadre de confrontation ouvert et positif stimulant la création et l'engagement collectifs. A lui ensuite d'exercer une autorité à la fois bienveillante et exigeante. A lui de révéler les talents et de stimuler l'ambition des entrepreneurs.

Des talents différents et inconfortables.

Ce n’est pas en cherchant les bons élèves sur l’ensemble des critères de recrutement que l’on trouvera des futurs entrepreneurs.

L’entrepreneur est souvent par nature différent et inconfortable. Il échoue mais il persévère, il allie des comportements contradictoires, il n’est pas toujours le meilleur communicant ni le politique le plus accompli. C’est dans la diversité des origines et des talents, en créant un contexte favorable associant liberté et contraintes, que l’entreprise saura révéler celles et ceux qui oseront entreprendre.

    Une organisation ouverte et adaptable.

La préservation des capacités entrepreneuriales s’avère difficilement compatible avec un modèle unique d’organisation.

Il ne s’agit pas de plaquer artificiellement un modèle de start up au sein de la grande entreprise mais de laisser les 'leaders entrepreneurs' entreprendre leur organisation, en fonction de la nature des enjeux : innovation de rupture, nouveaux marchés, nouvel univers technologique.

L’entreprise capable de s'engager sur un certain niveau d’auto-organisation ou de différencier son organisation selon les enjeux aura plus de capacités à préserver sa dimension entrepreneuriale en mettant mieux en cohérence culture, modèles de leadership, modes de travail et de management.

La dissolution des capacités entrepreneuriales n'est pas une fatalité pour les grandes entreprises. La prise de conscience à laquelle nous assistons actuellement peut être salvatrice.

Les efforts de transformation de l'entreprise seront vains si celle-ci n'est pas capable de préserver et de rénover sa culture entrepreneuriale dans ses actes au quotidien, au travers de son innovation, du comportement de ses leaders, de la diversité de ses talents et de l'adaptabilité de son organisation.

 

 

 

 

 

Thomas Ledoux 🌍 Research/Innovation - CTO

Strategic Orientations | Innovation | R&D Portfolio management | Partnership | Creativity | IOT | Sustainable development | Organization & process transformation

8 ans

Excellent article ! !!!

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