La procrastination, cette ennemie insidieuse

La procrastination, cette ennemie insidieuse

Nous n'avons pas de patron pour nous chapeauter, et c'est un grand plaisir, mais cela peut aussi se révéler un grave problème pour les personnes ayant tendance à la procrastination.

Qui est-elle, cette ennemie ?

Pourquoi faire aujourd'hui ce que je peux remettre à demain ? Telle est la devise des adeptes de la procrastination.

Séduisante, elle est néanmoins la cause de nombreuses erreurs et peut considérablement nuire à notre image, surtout lorsque la loi de Murphy s'en mêle.

En quoi est-elle dangereuse ?

Pour les novices, c'est simple, ils ne connaissent pas exactement leur productivité et risquent de sous-estimer le temps qu'ils mettront à accomplir leurs tâches ou les complications qui ne manqueront pas de survenir. Comme nous ne pouvons pas étirer le temps, c'est au dernier moment qu'ils perçoivent l'inexorable : ils sont en retard.

Ceux qui la côtoient depuis longtemps ont quant à eux développé de nombreuses techniques savamment étudiées pour limiter les dégâts, au point qu'ils respectent généralement les délais. Cependant, ils n'atteignent un tel seuil de maîtrise qu'à condition de connaître parfaitement leur vitesse de travail (dans toutes les conditions possibles et imaginables) et de développer des techniques spécifiques de contournement des risques et de résolution de problèmes. Ils retomberont sur leurs pattes, mais cela leur demandera énormément d'énergie, de concentration et leur fournira une dose non négligeable d'adrénaline.

Le risque le plus conséquent de la procrastination, outre les conséquences néfastes des incontournables ratés, est d'ordre sanitaire. Même s'il dit et/ou pense apprécier l'effervescence (« Je travaille mieux sous pression. », vous vous reconnaissez dans ce propos ? 😏), l'adepte de la procrastination n'en est pas moins soumis à une augmentation du rythme cardiaque, à une montée en flèche de la tension artérielle et à la libération de nombreuses substances dans le sang, sans compter la surconsommation de café ou de soda et le manque de sommeil. Tout cela n'est pas sans conséquences sur son organisme, allant de l'irritabilité et des maux de tête jusqu'à l'épuisement, au burn-out ou, pire, au malaise cardiaque.

En outre, la procrastination, lorsqu'elle touche au développement de notre activité, peut mener à l'abandon pur et simple de certains projets, ce qui (dans le meilleur des cas) ralentira son évolution.

En quoi est-elle séduisante ?

Elle peut rapidement devenir une addiction, une sorte de jeu qui vous fait sentir invulnérable, qui vous pousse à vous surpasser : j'ai travaillé xx heures d'affilée, j'ai abattu tel volume de travail en x heures seulement… record battu.

Là ou les autres se traînent lamentablement, l'adepte de la procrastination bat des records de vitesse, éclate les statistiques, obtient des résultats impressionnants.

Mais…

Comme toute séduction, elle est aussi un peu tromperie. La qualité de mon travail est-elle vraiment la même quand je bats des records de vitesse ou quand j'ai passé une nuit blanche ? Mon attention est-elle réellement aussi soutenue après 4 heures de travail ininterrompu ?

Faut-il cesser de procrastiner ?

Ce petit coup de fouet peut également être salvateur et met un peu de sel dans notre journée et puis, en tant qu'indépendants, nous organisons notre temps comme nous le désirons. Pourquoi se priver de moments de farniente ? Sommes-nous vraiment obligés de travailler à heures fixes ? Cette question demande un approfondissement, mais il est évident que, pour certains, la routine est une ennemie bien plus dangereuse que la procrastination.

Donc, non, il n'est pas nécessaire de mettre fin à notre procrastination, mais peut-être de la doser avec parcimonie.

Prendre un parachute

Lorsque l'on pratique un sport extrême, on s'entraîne et on a recours à de nombreuses protections. Pourquoi ne pas pratiquer de la sorte avec la procrastination ?

Quelques pistes :

  • choisir judicieusement les tâches que l'on reporte
  • déterminer une date butoir pour chaque tâche, surtout pour celles qui touchent à notre activité propre
  • pointer son activité pour connaître précisément sa vitesse de travail et le volume de travail que l'on abat quotidiennement
  • prévoir une marge d'erreur, indiquer une date butoir antérieure à la date de livraison réelle, juste au cas où, pour les dossiers sensibles

Enfin, accomplir directement les tâches qui ne demandent que peu de temps ou d'énergie car la procrastination, si elle donne une illusion de puissance et de liberté, contribue à peser lourdement sur la charge mentale de chacun(e). Plus vous reportez de tâches, plus la masse des tâches à traiter s'alourdit. Plus le nombre des tâches à traiter augmente, plus il devient complexe de les organiser et surtout plus vous avez de choses constamment à l'esprit.

Et puis, de temps en temps, lâcher la bride, accepter de postposer sans culpabiliser peut être salvateur. Il est parfois nécessaire de se détacher totalement, de se déconnecter de toutes ses responsabilité, ne serait-ce que pour une journée. Dans ce cas, la demi-mesure n'existe pas. Pour profiter d'une journée de repos, il est capital de se libérer totalement de ses contraintes professionnelles, de les mettre dans un sac, au fond d'une armoire et de s'interdire d'y jeter un œil de toute la journée… mais c'est une autre histoire.


Et vous, êtes-vous un (ancien) adepte de la procrastination ? Comment évitez-vous les catastrophes ? Avez-vous des trucs à partager ?

Si, au contraire, vous ne supportez pas de remettre une tâche à plus tard, quels avantages et inconvénients trouvez-vous à votre mode de fonctionnement ?

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Olivier Barvaux

Responsable de production chez Vanhulen

7 ans

Ah, le fameux «Je travaille mieux sous pression »… jusqu'au jour où.

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