La protection sociale au cœur de la gestion de la crise...

La protection sociale regroupe l’ensemble des dispositifs de prévoyance collective qui permettent aux individus ou aux ménages de faire face financièrement aux conséquences des risques sociaux, c'est-à-dire aux situations pouvant provoquer une baisse des ressources ou une hausse des dépenses (vieillesse, maladie, invalidité, chômage, charges de famille…).

Avec plus de 750 milliards d’euros de budget (32% de notre PIB !), la protection sociale française est financée pour l’essentiel par ce que l’on appelle communément les « prélèvements sociaux obligatoires ». Avec 6% de frais de gestion, c’est 94% de ces sommes qui sont redistribuées. Ce système est régulièrement critiqué, contesté. Il faut dire que la compétitivité de nos entreprises est en jeu car la distorsion de concurrence ne serait-ce qu’avec certains pays de l’Union Européenne est flagrante (18% seulement du PIB en moyenne pour le NM 13, c’est-à-dire les 13 pays ayant rejoint l’Union Européenne depuis 2004).

Nous pouvons aussi retenir qu’en moyenne environ 10.000 € par an et par habitant sont redistribués aux français, contre 4000 € pour les habitants du NM13, un peu plus de 6000 € pour les espagnols…

Lors de la crise de 2008/2009, le rôle d’amortisseur de crise de notre dispositif a été révélé et salué, même si certains ne retiennent encore que les « prélèvements obligatoires ».

Avec la crise dans laquelle nous sommes rentrés, notre système de protection sociale n’est pas qu’un amortisseur, il est le dispositif central de protection économique et sociale de notre société : suspension et étalement des prélèvements de cotisations sociales et ainsi ajustement de la trésorerie des entreprises en difficulté, financement du chômage technique, des arrêts maladies, de notre système de santé, de la garde des enfants.

Il montre alors son efficacité et sa valeur comme socle de notre système de solidarité sociale.

Derrière ce système, il y a aussi des hommes et des femmes, salariés de nos organismes, mobilisés aujourd’hui pour la mise en œuvre des mesures annoncées par le gouvernement. Ces salariés de la Sécurité Sociale sont parfois raillés, critiqués, mais comme président depuis 8 ans de l’Union des Caisses Nationales de Sécurité Sociale (Ucanss), dont l’une des missions est d’être la fédération de employeurs de la sécurité sociale, je suis témoin de la compétence et de l’engagement du plus grand nombre dans le service public et ils en apportent la preuve ces jours-ci.

Plus précisément, comme président depuis 8 ans également de l’Acoss, la caisse nationale des Urssaf, j’ai été impressionné par la façon dont les directions de l’Acoss et des Urssaf, de l’ensemble des agents de direction concernés mais aussi de tous les acteurs, ont en moins de 24 heures après l’intervention du président de la République, commencé à mettre en place l’accompagnement des entreprises en difficulté ou potentiellement en difficulté.

La branche du recouvrement social (Acoss et ses Urssaf) peut encore progresser dans son efficience et le service rendu aux cotisants et notre conseil d’administration composé paritairement de représentants du patronat et des salariés y apporte sa contribution active; cependant, alors que notre organisation est éprouvée aujourd’hui (ne serait-ce que parce qu’à l’augmentation de la charge de travail s’ajoute comme dans toutes les secteurs l’absence de salariés), la machine continue à tourner.

A titre d’exemple, la baisse des encaissements nécessite pour l’Acoss de se refinancer en émettant de la dette sur les marchés et il s’agit de milliards d’euros en quelques jours. Fort heureusement, il s'agit d'une des savoir-faire de l’ACOSS qui vient de recevoir le prix CMD du meilleur émetteur sur le marché monétaire, toutes catégories confondues. Cette distinction vient à point nommé et va contribuer à ce que nous fassions face aux prochaines échéances.

Les épreuves que nous vivons aujourd’hui vont j’espère montrer la puissance et la pertinence de ce dispositif qui fêtera ses 75 ans le 4 octobre prochain et nous aidera aussi à mieux flécher les prélèvements sur notre économie et nos revenus vers les prestations versées.

Le terme protection sociale prend tout son sens dans la période actuelle.