LA PUISSANCE DU LIVRE 1 AN APRES

Je ne suis pas de ceux qui postent pour faire plaisir à l’algorithme avec des discours creux mais ce qui est sûr et j’aime à le dire, toute parole se doit de réveiller et de favoriser une prise de conscience.

« Après 27 ans de combat pour la diffusion du livre au Togo, nous déposons les armes. Venez profiter des derniers jours de la Star Librairie. » Tel était le cri d’agonie de la librairie star, librairie phare dans la ville de Lomé pour annoncer la fermeture de ses portes.

J’ignore ce qu’il en est pour vous mais j’avais trouvé le terme « déposer les armes » très fort. Je ne sais pas ce que vous évoque cette formulation mais moi, elle m’avait fait trembler…de peur et encore plus aujourd’hui. Je n’ai aucune idée de ce que cette suite de mots vous inspire mais à moi, cette succession de mots sciemment choisis, a une consonnance fataliste et paralysante d’un être cher qui lutte contre la mort.

Quand je lis ce poste teinté par un champ lexical de la guerre, ce que je lis réellement est : « après plus d’un quart de siècle de bataille engagée contre le crétinisme et la passivité intellectuelle…eh bien au grand dam de tous, c’est le crétinisme qui l’emporte haut la main. Mesdames et messieurs, faites une croix sur votre créativité, vos aptitudes intellectuelles, l’expansion de votre mentalité, ainsi que celle des générations futures. » Rideaux. Cercueil. Abime.

Alarmant.

« Alarmant », est l’adjectif approprié pour qualifier ce post.

Pourquoi demanderiez-vous ?

Eh bien parce qu’à l’heure où le reste du monde s’engage dans une sanguine bataille de cerveaux contre cerveaux, eh bien laisser mourir un affuteur de cerveau telle que cette librairie au profit du crétinisme était la pire chose qui puisse arriver…Et personne n’a besoin de funérailles de trop.

Il faut dire que dans le temps si vous n’étiez pas au Centre Culturel Français, c’est que vous dévoriez de belles histoires à la librairie Star. Outre les nombreux livres de cette dernière, la particularité pour moi qui suis sportif est qu’il s’agissait de la seule librairie dans le temps qui disposait du magazine Mondial Basket. Et, je suis curieux de savoir quel écrit vous passionnait plus jeune. ???

Avant, je voudrais d’abord revenir sur les vagues de commentaires qui ont suivis la très alarmante annonce de la Librairie Star. Étrangement, cette annonce qui a bien entendu fait suite à un terrible manque de fréquentation de la librairie, a en revanche suscité d’intéressantes réactions.

« La librairie n’a pas su se réinventer » constatèrent certains.

« Trop chère » Martelèrent d’autres.

« C’est une librairie de blancs » - je ne sais que penser de ce postulat.

Et puis n’oublions pas que nous sommes sur les réseaux sociaux. Donc il en va de soi qu’il y a eu des indignations, des critiques et bien d’autres que je m’aventure à qualifier de vides ou de simulacres.

Avez-vous remarqué ce que ces réactions avaient en commun ?

Ce qui semble « intéressant dans ces réactions » est qu’elles demeuraient simplistes et superficielles. Une critique constructive doit se baser sur des points factuels et concrets avec des propositions d’axe d’amélioration.

Exemples :

-          La librairie n’a pas pu se réinventer parce qu’en 27 ans, elle n’a proposé que dix nouvelles œuvres sur la thématique x.

-          Qu’est-ce qui justifierait les tarifs proposés par cette librairie ? En quoi peut-on trouver une solution réductionnelle aux plus jeunes etc… ?

 

Ironiquement, pour délivrer, une critique constructive, il faut avoir développé une agilité intellectuelle qui s’acquière essentiellement par la lecture.  Tout est dit.

D’aucuns diraient qu’il s’agit bien là d’un post de plus. Mais ce post va au-delà de la fermeture de la librairie Star et se veut être un appel à bonne volonté pour maintenir la flamme de la lecture. D’autant plus que c’est bien près d’un an plus tard après sa rédaction qu’elle parait. Pourquoi ? pourquoi pas.

J’ai bien malgré moi remarqué qu’il y a un syndrome du « y a qu’a…. Faut qu’on... » qui tue le monde francophone. Toujours dans la critique négative, stérile et sans passage à l’action. Combien se sont rapprochés de cette institution ? Combien de commentateurs posent des actes concrets au quotidien dans leur famille pour non pas une librairie mais pour le livre ? Oui d’aucun diront que le multimédia et l’avènement du numérique ont pris le pas mais hélas, ils semblent bien ignorants ces frères qui ne voient pas le côté obscur du livre numérique. Combien de pop-up distrayant avez-vous en lisant en ligne ? Combien de temps restons-nous vraiment concentrés quand nous lisons un livre en ligne et enfin et non des moindre, Ô combien sommes-nous après à récolter des problèmes oculaires et même neurologiques (migraines, céphalées) avec des présences de longues durées sur les écrans défendant l’avènement du livre numérique.

Et, disons-le-nous très chers, le livre papier a encore un charme, un chic non égalé. Avant avec le livre on avait des sessions d’histoire et de personnifications. Je pense encore au pagne noir de Bernard DADIE et de toutes les leçons de vie transmises au travers de cet ouvrage et qui sont encore d’actualité

[…LIRE est pour L’ESPRIT ce que la nourriture est pour le CORPS. Des siècles durant les SAVANTS ont consigné le POUVOIR DE LA CONNAISSANCE par écrit car les ÉCRITS restaient lorsque LES PAROLES S’ENVOLAIENT. Avec le temps les LIVRES sont devenus des GRIMOIRES qui gardaient vivants les MÉMOIRES pour que la connaissance ne se perde pas.

Oui je parle de Grimoires parce que chaque LIVRE renferme un secret et faire l’effort d’ouvrir sa pensée pour y laisser entrer de nouvelles connaissances à travers la lecture s’apparente à de LA MAGIE.

Le degré de notre CONNAISSANCE détermine la place que nous sommes en mesures d’occuper dans la société.

A toute la jeunesse je dis FORGEONS-NOUS, CULTIVONS-NOUS, LISONS… mais choisissons bien ce que nous laissons entrer ....] il s’agit là de paroles d’un grand artiste musicien togolais AMRON.

Depuis très très longtemps on nous a dit à tort ou à raison que pour cacher une information à un …. Il fallait le mettre dans un livre. Malheureusement force est de constater que les premiers concernés n’y font rien accusant toujours l’autre, si ce n’est l’autre c’est l’état (pauvre Etat qui prend sur lui…) pour leurs conditions et donnant raison à cet adage. Je nous invite à lire IsaïeBiton KOULIBALY . c’est glaçant ce qu’on pense de nous

Une personne sage m’a une fois dit que 95% du monde est gouverné par 5% du monde. En y réfléchissant ce n’est que pure réalité. Je ne suis pas un mordu de ceux qui font des MEET UP, ou des formations ou des coachs de vies et bien j’en passes. Pour une heure de coaching ou de MEET UP facturée à des milliers de XOF vous avez un simple livre de peut-être quelques centaines de francs qui a été lu. Pourquoi ne pas donc allez à la source et allez la prendre vous-même ? Gros dilemme. Les moyens de s’enrichir en lisant sont tellement inimaginables et c’est ce qui nous est vendu simplement.

Aujourd’hui l’industrie cinématographique ne produit que rarement de la nouveauté mais se base la plupart du temps sur des livres en adaptation tout en prenant soin de concaténer des milliers de pages en 2H00 min (la saga Harry Potter, les aventures d’Hercule Poirot (Agatha Christie), Le parrain, Forest gump, Le seigneur des anneaux, Slumdog millionnaire, Blade runner, La planète des singes, Shining, I am a legend  etc..). On pourrait y passer toute l’année.

La jeunesse a envie de ressembler à Aliko DANGOTE, Tony ELUMELU, Mossadeck BALLY, Lady SONIA, Jean-louis BILLON, Tidjiane THIAM, Stanislas ZEZE, Abdulsamad Rabiu, Mike ADENUGA, Kako NUBUKPO, Yasseen Mansour. Ils rêvent d’être le prochain Didier DROGBA, Victor WEMBANYAMA, Félix-Augier ALLIASSIME, Francis NGANOU, Lebron JAMES, Chatuie DIOP et j’en passe. Je prends ces exemples contemporains proches de la jeunesse qu’il voit sur les réseaux sociaux. Il faut un mental à toute épreuve et avoir la force du discernement pour avancer dans ce monde devenu trop bruyant et pollué avec les informations. Une remarque que j’ai faite, le raisonnement d’un homme cultivé avec la puissance de la lecture est toujours à contre sens de la masse, il ne se précipite pas dans la première analyse de toute situation et à tort à raison il est souvent incompris de la population n’épousant pas la propagande populaire.

J’en vois qui surréagissent à la moindre information de buzz sans se demander si cela était piloté ou pas. Restons concentrés. Même les stars TIKTOK et SNAP ont compris le système, la solution se trouve cachée et peu de gens vont la chercher. Si tout le monde allait la chercher, cela réduirait considérablement leur marge à faire mais profiterait largement à l’émergence de l’Afrique.

Loin de moi l’idée de dire que tout se résout par le livre. Je suis même le premier à prendre des pincettes avec l’exemple du livre le plus vendu sur l’éducation financière « père riche père pauvre » de Robert KIYOSAKI. Il y a un maximum d’informations à l’intérieur de cet ouvrage mais qu’il faut tropicaliser et prendre avec parcimonie.

Il en est tout autant d’autres livres tels que l’homme le plus riche de Babylone, All about love de Bell Hooks, etc..

Merci à la loi togolaise N°2009-017 du 12 Août 2009 autorisant l’adhésion au protocole de Nairobi à l’accord de florence relatif à l’importation d’objets de caractère éducatif, scientifique ou culturel, adopté à Nairobi le 26 novembre 1976 devant favoriser la réduction des taxes sur les livres. Le développement d’un peuple passe par sa propension à se cultiver.

Comment faire quand nos écrivains préfèrent éditer à Mbengue rendant le coût de revient et de réimportation chère, au lieu de le faire sur place ?

Comment faire quand pour leurs dédicaces, les écrivains préfèrent les hôtels pompeux qui soit dit en passant doivent faire du chiffre aux librairies ?

Comment faire quand l’étudiant de l’université à l’invitation d’une journée de réflexion au sein d’une librairie demande s’il y aura des bandes dessinées de Mickey ?

Comment faire quand nous n’amenons pas nos enfants ou jeunes frères en visite dans des lieux culturels dès le bas âge mais dans des lieux ludiques qu’ils perpétreront. Ne vous y trompez pas lire à bien des égards fait revivre. Les connexions synaptiques de la lecture corrigent le système nerveux suite à une crise d’hémiplégie. Le saviez-vous ?

Comment ? Comment ? Comment ? Tout autant de questions qui demeurent sans réponse parce que sans actions concrètes de notre part. Faisons d’abord notre mea culpa, ensuite arrêtons de tirer le drap de nôtre côté et de tirer ensuite sur des chimères invisibles et enfin proposons des solutions pour maintenir l’amour du livre qui j’en suis sûr sauvera sur tous les aspects la jeunesse.

Que pouvons-nous faire ? Il en est de même pour beaucoup d’établissements ? de particuliers ? d’étudiants qui voudraient bien se procurer des livres.

J’en appelle à toutes les bonnes âmes pour un podcast purement togolais et par des togolais pour redonner goût à la lecture avec des thématiques livre à l’appui analogique aux intérêts de la jeunesse à savoir, musique, culture, sport, sexe, cuisine, argent, gloire, richesse, accomplissement de soi, l’informatique, dépression, etc. Ensemble déconstruisons le mythe du HAS BEEN de la librairie papier.

Prenons l’habitude de fréquenter les lieux culturels et plus encore des librairies même si ce n’est que pour y déambuler et lire les résumés. Pourquoi pas ? quitte à y faire des rendez-vous.

Voici tout autant de leviers actionnables que nous pourrons faire pour arrêter la propagation du crétinisme digital. SENGHOR disait « l’émotion est nègre et la raison hellène » j’ose croire que cet article aura pour une fois dans le monde francophone des apports de solutions en plus des pistes proposées et que des connexions pourront être faites pour démarrer les chantiers. La mission est plus grande que nos simples personnes. Les grands changements se feront dans le temps et vu la propension du digital, il faudra peut-être aller impacter sur le terrain du digital mais on ne sera pas au moins des témoins silencieux et donc complices de de cet évènement.

Maintenant, j’ai une question : Est-ce que comme moi, vous souhaitez voler au secours du livre ?

Alors, passons à l’action dès maintenant avant qu’il ne soit trop tard.

N’oubliez pas que CHAQUE action compte.

 

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