La rébellion de Simon de Montfort: un noble français contre son roi anglais
Simon de Montfort sur la "Clock Tower" - Leicester.

La rébellion de Simon de Montfort: un noble français contre son roi anglais

14 mai 1264 : les armées de Simon de Montfort et du roi d’Angleterre Henri III s’affrontent à Lewes dans le Sussex. Bien que doté d’une armée inférieure en nombre, Montfort remporte une éclatante victoire. Henri III est capturé: la voie semble désormais ouverte aux réformes politiques voulues par Simon de Montfort et ses partisans. Comment a-t-on abouti à cette situation de crise pour le pouvoir anglais ? Comment se dénoue-t-elle ?

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Simon de Montfort est âgé de 22 ans lorsqu’il débarque en Angleterre. Nous sommes alors en 1230. Son père, Simon IV de Montfort, est mort 13 ans plus tôt lors de la croisade contre les Albigeois, qu’il dirigeait. Son frère aîné ayant hérité de l’ensemble des terres familiales en France, Simon de Montfort arrive avec l’espoir de faire valoir ses droits sur le comté de Leicester, que possédait son père avant d’en être privé par le roi Jean en 1207.

Simon de Montfort obtient rapidement gain de cause auprès d'Henri III, successeur de Jean, et récupère le Leicester en 1231. Son ascension ne s’arrête pas là : en 1238, le voilà marié à la sœur d’Henri III, Eléonore. L’ancien jeune cadet français désargenté se retrouve ainsi à 30 ans beau-frère du roi d’Angleterre, et bientôt l’un de ses plus proches conseillers. En 1248, il est envoyé en Gascogne afin d’y renforcer les positions anglaises – tâche dont il s’acquittera avec rigueur jusqu’à son départ en 1252.

L’entente entre le roi anglais et son vassal français est cependant loin d'être sans orages. Henri III est par ailleurs un roi faible, influençable et impopulaire : ses campagnes françaises de 1230 et 1242 ont été des échecs, sa gestion des finances du royaume est fortement critiquée tout comme son soutien à la Papauté. En choisissant des conseillers étrangers, il exaspère ses barons qui se sentent mis à l’écart.

En 1258, prenant la tête de l’opposition nobiliaire, Simon de Montfort impose donc au roi les « Provisions d’Oxford » : un conseil de 15 barons assiste désormais le Roi, le Parlement devra se réunir trois fois par an, l’administration est réformée. Deux commissions en charge des questions cléricales et financières sont enfin créées. Profitant des dissensions entre ses barons, Henri III renonce aux « Provisions » en 1262: la guerre civile éclate en Angleterre.

Le 14 mai 1264, les armées du Roi et de Simon de Montfort s’affrontent donc à Lewes, dans le Sussex. Les évêques de Chichester, de Londres et de Worcester, partisans de Simon, ont en vain tenté de négocier avant la bataille. Henri III, confiant en une armée plus nombreuse, subit néanmoins une cuisante défaite et est fait prisonnier.

Un conseil de 9 membres lui est vite imposé. En janvier 1265, Simon de Montfort convoque un nouveau parlement, composé de barons et de membres du clergé et, pour la première fois, de représentants des villes anglaises. Volonté « démocratique » ou calcul politique pour contrebalancer les défections qui se font autour de sa personne ? Son emprise personnelle sur les affaires du pays provoque en effet la contestation de la noblesse anglaise. En juin 1265, le comte de Gloucester, son ancien commandant en second, rencontre le Prince Edouard, fils de Henri III, à Ludlow : les deux hommes lèvent une armée pour renverser le nouveau potentat.

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Le 1er août 1265, les armées de Simon de Montfort vont subir une première défaite à Kenilworth. Elles sont à nouveau battues le 4 à Evesham : Simon de Montfort y perd la vie. Son corps sera démembré et ses morceaux exposés à travers le royaume.

Désargenté à son arrivée en Angleterre, Simon de Montfort est parvenu, par mariage, par calcul et par talent, à gagner le titre et la fortune qui lui faisaient défaut. Personnage complexe, il était décrit comme pieux, arrogant, autoritaire et soucieux du bien du peuple. Instigateur de persécutions contre les juifs à Leicester et à Londres, il est aussi celui qui rendit possible les « Provisions d’Oxford », qui s’inscrivent après la « Magna Carta » (1215) et avant la « Pétition des droits » (1628), l’« Habeas Corpus » (1679) et le « Bill of Rights » (1689), dans la construction démocratique de la monarchie britannique.

Photo 1: Simon de Montfort, St Andrews church, Old Headington, Oxford. Photo 2: le démembrement de Simon de Montfort à la bataille d'Eversham. Auteur inconnu. British Library.

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