La sacralisation de la « gaffe »

La sacralisation de la « gaffe »

Il est rarissime de n’avoir, dans une vie, jamais fait de gaffe.

Elle se définit par un acte, un comportement, un propos « inapproprié » dans une circonstance donnée, susceptible d’offenser / blesser quelqu’un ou de susciter la moquerie de celui qui la commet. La gaffe est toujours involontaire.

Elle est toujours liée au contexte culturel. Une gaffe au Japon n’est pas nécessairement une gaffe en Finlande et réciproquement. Une « gaffe » dans une entreprise ne serait pas forcément vue comme telle dans une autre Entreprise. Idem pour les « milieux » sociaux.

Certaines personnes commettent des gaffes sans le savoir ou s’en rendre compte, d’autres en sont profondément mortifiées, culpabilisées, en colère contre elles-mêmes et ont le sentiment de s’être humiliées.

Parmi elles, certaines personnes se souviennent de leur(s) gaffe(s) éternellement et lorsqu’elles y pensent revivent douloureusement la situation.

Certaines personnes sont des championnes de la gaffe, en commettent régulièrement, voire à foison, et souvent les relativisent avec humour.

Les médias et les réseaux sociaux traquent les gaffes, de la plus insignifiante à la plus compromettante pour leurs auteurs, avec comme source favorite les « personnalités » du moment.

Quand une ministre ne connait pas le prix d’un ticket de métro, ce n’est pas de la même ampleur que lorsqu’un Premier ministre déclare « Cet attentat odieux qui voulait frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. »

Incorrectement, les lapsus sont régulièrement classés parmi les gaffes, alors qu’ils ressortent d’un mécanisme fondamentalement différent. Ils sont réputés révélateurs, mais sont surtout amusants à entendre et souvent dévalorisants pour leurs auteurs.

Quel gaffeur êtes-vous ?

Partant du principe que toute gaffe est involontaire, tout le monde peut « gaffer ».

·      La première cause de la plupart des gaffes tient à un manque de connaissances (méconnaissance de protocoles, de conventions, de sujets abordés… )« Tenter de serrer la main à la Reine du Royaume-Uni »,

·      La seconde à un manque de sensibilité au contexte (l’éléphant dans un magasin de porcelaine), « allumer une cigarette lors d’un dîner organisé par la ligue contre le cancer »

·      La troisième à des étourderies (oubli d’un élément essentiel, « le témoin au mariage qui a oublié les alliances » « servir du porc à un invité alors que sa religion le lui interdit », réponse, propos ou action insuffisamment réfléchis, « demander comment se porte un disparu dont on a oublié la disparition »

·      La quatrième à une préférence pour l’action immédiate. Les personnes « speed », réfléchissant vite, aimant à « agir » et très réactives commettent parfois des gaffes par « précipitation ». « Transférer ou répondre à un mail sans l’avoir entièrement lu », « Accepter une offre sans avoir pris connaissance des conditions particulières », « Se tromper de destinataire dans l’envoi d’un SMS » …

Certaines personnes cumulent, et il convient d’espérer qu’elles sont capables d’autodérision et donc de rire de leurs « maladresses ».

Quelles « victimes » de vos gaffes rencontrez-vous ?

Plusieurs typologies apparaissent selon les personnalités, le statut, les qualités humaines.

·      Les « Ayatollahs » (au sens figuré) sont outragés par toute gaffe les concernant qui surviendrait. Ils sont tout puissants, intolérants, souvent anachroniques, ne connaissent pas le pardon, encore moins la bienveillance et leur humour se cantonne au sarcasme. Leur émotion incontrôlée est la colère, leur propos sardonique et leur jugement sans appel.

·      Les « Majestés », tant que la gaffe ne remet pas en cause directement leur « importance », ils affichent un dédaigneux mépris. À l’inverse, comme les Ayatollahs, par colère, ils chassent de la Cour et exilent les infortunés gaffeurs. La lèse-majesté dans leur logique est impardonnable et justifie les plus lourdes sentences.

·      Les « Paranos », autrefois nommés simplement « suspicieux », instantanément imaginent que la gaffe est un acte volontaire de déstabilisation ou d’animosité à leur endroit. Ils ne peuvent concevoir la gaffe autrement que délibérée et hostile. Ils sont inspirés par un besoin de vengeance immédiate et les menaces pleuvent.

·      Les « Compassionnels » souffrent autant, voire plus, que le gaffeur, et vont jusqu’à présenter des excuses pour avoir inspiré la gaffe ou simplement en être l’affligé témoin. Envahis par une irrépressible empathie, la désolation inonde leurs propos.

·      Les « Indulgents » gardent bonne figure, passent à autre chose, estiment que toute gaffe est pardonnable et imaginent les excusables raisons de la gaffe avec bienveillance.

·      Les « Sages » quant à eux se souviennent instantanément de leurs propres gaffes, et comme les gentlemen regardent ailleurs, laissant brièvement un ange passer, et d’un sourire chaleureux, lancent une nouvelle conversation sur un autre sujet.

·      Les « Gentlemen », gouvernés par le tact le plus purement élégant, ne voient pas, n’entendent pas, ne se souviennent pas de la moindre gaffe chez autrui.

La bonne nouvelle pour les gaffeurs ?

Si vous faites partie de ceux qui ne se pardonnent jamais une gaffe, indépendamment du type de personnes témoins, qui s’en souviennent longtemps, la revivent avec une douleur teintée de honte, vous êtes très probablement un perfectionniste disposant d’une immense intelligence émotionnelle.

Quant à ceux qui réagissent de façon disproportionnée à votre gaffe, il vous appartient de les plaindre plus que de se sentir humilié ou coupable. Soyez indulgent, pardonnez à celui que vous avez involontairement offensé de réagir exagérément, et pardonnez-vous votre gaffe, vous en rirez probablement d’ici quelque temps lorsque vous aurez fait la paix avec vos imperfections.

 

Une petite anecdote pour finir…

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Lors d’une soirée chez Maxim’s, à l’époque où l’on s’habillait, Sacha Guitry, en smoking, arrive au premier étage par l’escalier. Un homme l’interpelle : « Loufiat, saurais-tu me dire où sont les toilettes ? » … « Tout à fait », lui dit calmement Sacha. « Descendez l’escalier, puis au fond à droite vous trouverez une porte sur laquelle est écrit « Gentlemen … Vous pourrez entrer quand même ».

En vous souhaitant des gaffes heureuses,

Très cordialement,

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Gérard-D Carton

Dominique Desjardin

Chargée de la sécurisation des contrôles de risques en assurance, toujours à l'affût et affûtée

1 ans

Je suis la reine de la gaffe, alors je pardonne bien volontiers ceux qui en commettent à mes dépends. Quant aux autres, je me mets à leur place et je les plains, mais très souvent, j'en ris !!!

Hélène lopes

Coach Manager chez Crédit Agricole Val de France | Certification RNCP I

1 ans

Excellent ! Cher Gérard-Dominique Carton ! Cela m"a bien fait rire ! Merci! 😀😀

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