La science du « photogénisme »
À défaut de le nommer correctement, il est un de ces problèmes récurrents avec lequel je dois souvent composer en photographie. Si j’avais eu un dollar chaque fois que quelqu’un qui se trouvait devant mon appareil photo m’avait dit : « Tu vas voir je ne suis pas photogénique » ; aujourd’hui, je ne serais pas les deux pieds dans la neige à attendre le printemps. Peter Hurley, sommité dans la photographie de portrait, ainsi que la psychologue Anna Rowley, en sont même venu à créer un terme pour décrire le problème : Psyphotologie (Psychologie et Photographie).
Ceci m’a amené à me poser la question suivante : « Comment atténuer ce problème affectant pratiquement 85 % des gens s’installant devant ma caméra ? ». En effet, il est un peu étrange de constater que dans un monde entouré de réseaux sociaux, où tout le monde ou presque a accès à une caméra et se prend constamment en photo (selfie), que ce problème soit toujours d’actualité.
Sans être un expert en psychologie, je peux affirmer avec une certaine expérience, que la confiance en soi, la capacité d’un individu à laisser-aller ainsi que celle de jouer un rôle, permettent à certains d’être photographiés sans difficulté. Pour les autres, il peut s’avérer qu’une séance de photo soit un véritable cauchemar.
La croyance populaire dans le monde des photographes est qu’il est du travail d’un photographe de mettre son sujet en confiance afin d’être photogénique. Je dois avouer que j’adhère peu à cette doctrine pour deux raisons. Premièrement, je désire vous offrir l’expérience la plus exceptionnelle que vous n’avez jamais vécu, mais malheureusement, l’humain étant ce qu’il est, si vous êtes de ses personnes qui fuient les séances photos, il est pratiquement certain que vous fuirez la mienne, peut-importe ce que je vous dirai. Deuxièmement, je veux photographier la personne qui est devant moi dans toute sa véracité. Si vous êtes une personne qui est craintive d’une séance photo, je veux cette personne, dans toute sa splendeur, sur ma pellicule. Je crois donc que le rôle d’un photographe soit de représenter le plus fidèlement possible la scène tel qu’il le perçoit.
Bien sûr, il existe quelques stratégies qui aident à diminuer la timidité d’une personne se trouvant devant la caméra. La première est la conversation. Habituellement, démarrer la séance photo par une conversation avec mon client/cliente permet de faire plus ample connaissance et de mettre à l’aise la personne se trouvant devant mon objectif. Deuxièmement, je cherche toujours à complimenter la personne devant moi dès que j’obtiens ce que je recherche. Des compliments subtils renforcissent la confiance du sujet et aident à atteindre une photographie au look naturel. Troisièmement, de loin ma stratégie préférée, laisser le temps au temps de faire son effet. Généralement, dans les premières minutes d’une séance, une personne installée devant une caméra va démontrer de la timidité. C’est pourquoi je réalise habituellement des clichés tests dès le départ. Les premières photos servent à briser la glace et permettent au sujet de réaliser qu’une caméra, ça ne mord pas.,
J’espère que ce cours texte vous a permis d’en apprendre un peu plus sur le « photogénisme ». Contrairement à votre prise de selfie, vous devez accepter que lors d’une séance photo, vous n’ayez pas le contrôle de l’image qui va ressortir de la caméra. Faites confiance en votre photographe et appréciez l’expérience ! Il en ressortira des images vraies et magnifiques qui combleront vos attentes !