la Simplexité, nouvel enjeu managérial

“Dans un monde qui change, il est indispensable de trouver de nouvelles voies pour appréhender la complexité. C’est le défi des entreprises d’y faire face, en luttant contre leur tendance naturelle à faire plus compliqué pour résoudre les nouvelles problématiques”, explique Geoffroy Bazin, directeur général de BNP Paribas pour la Suisse en introduction d’un ouvrage faisant la promotion du concept de “simplexité” (1).

Pour ses auteurs, Angela Minzoni et Éléonore Mounoud, titulaires de chaire “Efficacité professionnelle et systèmes de management” au sein de CentraleSupélec, la simplexité ne se résume pas à “l’art de rendre simple, lisible, compréhensible les choses complexes”. Elle est aussi une manière de faire et d’agir inspirée des organismes vivants qui, comme l’a démontré le physiologiste Alain Berthoz, préfacier de l’ouvrage, “trouvent des solutions élégantes pour résoudre des problèmes complexes”.

Cette conception n’est évidemment pas neutre au plan managérial. Elle conduit en effet à considérer l’entreprise non comme une structure mécanique mais comme un organisme vivant capable de s’adapter et de s’autoréguler de façon spontanée en misant sur la capacité de ses membres à interagir et se repositionner pour trouver ensemble des solutions rapides et efficaces aux nouveaux problèmes. Elle se défie des normes, des règles et des procédures rigides imposées d’en haut. Elle s’oppose résolument à la sophistication qui va de pair avec la prolifération bureaucratique.

La simplexité fait confiance à l’intelligence pratique et à l’expérience des acteurs. Elle se méfie aussi de la propension à théoriser de manière abstraite, détachée des réalités. “Le point de vue simplexe se développe au sein même de l’activité en train de se faire. Il ne se pose pas en œil extérieur au système ou détaché de l’activité, il est en revanche porteur d’un état d’esprit qui appelle à la réflexivité, à la responsabilité et à l’autonomie”, écrit Angela Minzoni. Les partisans de la simplexité jugent plus efficace les transformations accomplies, en souplesse, que les projets planifiés à l’avance.

Enfin, la simplexité répond au désir croissant de redonner toute sa place à l’humain. Comme l’écrit Alain Berthoz, “mon explication du succès de ce concept est que, dans tous les domaines, les opérateurs sont aux prises avec des processus, des réalités, des interactions qui rendent impossible la saisie de l’essentiel, et surtout, qui ont subi la dérive des modèles abstraits, inspirés d’une logique rationnelle qui a complètement oublié les individus avec leur cerveau, leur corps sensible, leurs émotions, leurs désirs et le sens de leur action.”

 

(1) Faisons simplexe de A à Z, par Angela Minzoni et Éléonore Mounoud, Presses universitaires de France, avril 2016, 117 p.

Excellent article : remettre l'Homme au cœur de l'entreprise et laisser place à une forme de pragmatisme.

Christophe Bourdeaux

Deputy Chief Sustainability Officer chez BNP Paribas Personal Finance

8 ans

Oui, cela ne se gèrera qu'en délégant de la confiance.

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