La taxe sur le travail des médecins retraités est en plein essor, or il existe des alternatives
Depuis plus d’une décennie, les medias nous présentent la possibilité de cumuler une activité libérale médicale avec une pension de retraite Carmf comme un progrès bienveillant. La réalité est toute autre : en ces temps de pénurie de médecins et sous prétexte de leur faire miroiter une augmentation de leurs possibilités de revenus complémentaires, ces mesures visent clairement le double objectif d’utiliser la force de travail et l’expérience de quelques milliers de retraités actifs pour l’offrir à la collectivité tout en remplissant un peu plus les caisses sociales de leurs cotisations sociales obligatoires, après qu’ils les aient déjà alimentées toute leur vie active durant.
Quel lecteur de bonne foi pourra nous expliquer pourquoi les médecins retraités actifs ont à payer des cotisations retraite non productives, c’est-à-dire ne leur apportant aucun droit, ce qui constitue déjà une notable exception dans notre paysage législatif puisqu’il s’agit dès lors d’une taxe sur le travail (et avec 25% de celui-ci ponctionné en moyenne…) ?
Jusqu’à en priver certains de leur pension en cas de dépassement de revenus ! Alors que la bienveillance voudrait qu’on leur donne plutôt une médaille (et la prime qui va avec) pour les services qu’ils continuent de rendre à la profession et à la communauté…
Comment le législateur a-t-il pu prendre une décision aussi inique ? Nous vous proposons d’observer le cas de la Carmf, dont les cotisations sont les plus lourdes. C’est une caisse autonome : elle l’a montré à maintes reprises. Lorsqu’il s’est agi par exemple d’assujettir aux cotisations retraite les dividendes des médecins exerçant en SEL, elle a pris une décision autonome de son conseil d’administration… alors que cette décision a battu en brèche, avec l’appui bienveillant du législateur, tout un pan de la législation concernant des millions d’entreprises commerciales.
Ou lorsqu’elle a redistribué quelques excédents du régime ASV aux médecins libéraux à revenus modestes, elle en a pris la décision de manière autonome en sachant se faire couvrir par son autorité de tutelle.
Pourquoi donc n’a-t-elle pas su ou voulu exonérer tous les médecins retraités actifs de ses cotisations sociales non productives du régime complémentaire et ASV ? Sans même leur ouvrir le choix d’une couverture en prévoyance décès ? Une réponse circonstanciée à cette question l’honorerait. Les rédacteurs de ce dossier l’attendent depuis maintenant plus de 15 ans, dans un silence assourdissant !
Et depuis 3 ans, la Carmf fait plus fort encore : elle met en avant ce qu’elle appelle le « temps choisi », alternative au cumul, solution qui serait plus avantageuse à long terme pour vous. Oups ! Je me pince.
Je rappelle pourtant la brutalité, l’absurdité de cette situation en mots crus : lorsque vous vous trouvez dans cette situation de cumul emploi/retraite, vous continuez de cotiser à votre caisse de retraite comme n’importe quel non-retraité et cela ne vous apporte aucun droit supplémentaire. Autrement dit, vous cotisez en pure perte. Et voici que la Carmf vous propose comme alternative de continuer de travailler sans demander le paiement de votre pension retraite.
Soyons sérieux : si vous avez entre 60 et 67 ans et que vous envisagez de continuer votre activité libérale (sous quelque forme que ce soit) durant au moins 5 ans en cumul emploi/retraite, je vous invite à nous interroger, à nous présenter vos projets, afin que nous puissions vous orienter au mieux de vos intérêts. Il y a de fortes chances que vous découvriez qu’il est tout à fait possible de baisser fortement le poids de vos cotisations sociales à venir… et donc de cesser de nourrir vos caisses sociales en pure perte. Car il existe des solutions alternatives très sérieuses et efficaces depuis, entre autres, les réformes Macron de fin 2017. Mais bien sûr, ces solutions alternatives très spécifiques ne sont pas connues, ou peu connues, et encore moins préconisées par vos conseils de proximité habituels et bien entendu par la Carmf.