La technique des mouvements oculaires

La technique des mouvements oculaires, bien que puissante et efficace, trouve ses origines dans le champ psychothérapeutique et nécessite une manipulation prudente. Elle peut susciter des réactions émotionnelles intenses, il est donc crucial de l'utiliser avec précaution. Si vous n'êtes pas sûr de vos compétences ou de votre capacité à soutenir quelqu'un dans un état émotionnel intense, il est préférable de ne pas utiliser cette technique sans supervision adéquate.

Exemple de mon livre :

Y a-t-il quelque chose d’autre qui te soulagerait si on pouvait en ventiler les charges émotionnelles ?

— Peut-être oui.

— OK.

— Je ne sais pas bien.

— Prends le temps de te poser la question.

— Peut-être oui.

— Prends le temps.

— Je crois que j’ai quelque chose.

— Laisse revenir ce souvenir de manière claire.

— Ça va, maintenant c’est très clair.

— Tu veux bien me le partager ?

— Oui, c’est quand j’ai annoncé la nouvelle à ma famille. Mon père qui était encore en bonne santé s’est contenté de dire : « Je te l’avais bien dit de ne pas l’épouser mais tu ne veux en faire qu’à ta tête, finalement tu n’as que ce que tu mérites. »

Je le laisse alors me raconter la scène avec des détails précis. Ce faisant son émotion est palpable, sa peau change plusieurs fois de couleur. Après qu’il a terminé de s’épancher, je décide d’aller plus loin en traitant ce souvenir par des mouvements oculaires (premier outil que je décris page 259). Je lui pose alors les questions d’usage :

— Tu vois ce mur blanc, est-ce que tu peux imaginer que c’est un écran ?

— Oui tout à fait.

— Est-ce que tu peux imaginer que l’échange avec ton père à ce moment a été secrètement filmé ?

— Oui.

— Très bien. Alors, est-il possible pour toi d’imaginer que l’on te projette ce film sur cet écran-là maintenant ?

— Oui, je le peux.

— Alors, dans ce cas, quand tu regardes ce film, qu’est-ce que tu ressens comme émotion ?

— Euh, essentiellement du désespoir.

— OK, si on tentait de chiffrer ton désespoir sur une échelle de 0 à 10 où 0 voudrait dire que tu ne ressens rien et 10 montrerait que tu serais au maximum du désespoir, à combien te situerais-tu ?

— Euh, je ne sais pas bien, je pense, 8.

— Très bien.

Je l’invite à regarder mes doigts que je fais bouger afin de faire osciller ses yeux de gauche à droite une trentaine de fois. À chaque réitération je lui demande à quel niveau est maintenant son désespoir. Il me répond 7 puis 5 puis 4 puis 2 puis 1 puis 0,5 puis 0,1 puis 0,000 01 puis 0. Je reprends alors le dialogue :

— Tu te sens mieux, j’imagine ?

Comment je m’y prends ?

1. Identification de l’émotion la plus intense :

Je cherche un moment particulièrement chargé émotionnellement dans le souvenir de mon coaché. Par exemple, le pire moment de l'annonce de son licenciement.

Je lui demande de projeter la scène sur le mur de la salle et d'identifier les émotions ressenties, en les quantifiant de 0 à 10. (par exemple : colère à 8/10, tristesse à 5/10).

2. Stimulation Oculaire :

Je lui demande de suivre du regard le mouvement de mon stylo que je bouge de gauche à droite, pendant environ trente allers-retours.

J'observe alors les réactions : l'intensité émotionnelle peut diminuer rapidement, ou bien rien ne se passe immédiatement.

3. Exploration des Besoins Insatisfaits :

Si l'émotion persiste, je demande à la personne quels étaient ses besoins insatisfaits à ce moment-là (par exemple, être compris).

Je lui fait répéter une phrase d’auto-soutien (par exemple : "c’est bien normal que je sois tellement en colère et triste car j’avais tellement besoin d’être compris à ce moment").

4. Techniques Complémentaires :

Lorsque l'émotion diminue, j’utilise le tapotement EFT autour des yeux en répétant "Je retire, relâche, efface et laisse partir tout ce qui reste de cette émotion".

Je continue de traiter les souvenirs liés jusqu'à ce que les sensations désagréables disparaissent complètement.

Dans quel cas je l’utilise ?

Quand un coaché est marqué par un souvenir spécifique. L'essentiel est que le souvenir soit distinct et singulier, plutôt que d'une séquence d'expériences.

Quand je pense intuitivement que son souvenir est une réplique d’autres expériences oubliées et que se les remémorer l’aidera à mieux se comprendre et à mieux se libérer.

Quand ce qu’il a traversé est particulièrement violent.

Dans certains cas de deuil, de perte ou lors de perte particulièrement forte de motivation.

Limites et précautions

Il faut être vigilant et capable de réagir si des souvenirs réprimés refont surface.

Il est crucial d'être une présence rassurante pour quelqu'un submergé par ses émotions.

Il faut sans cesse expliquer ce qui se passe, pourquoi ça se passe et en quoi c’est normal et positif.

Comment expliquer ce qui se produit ?

Bien que les explications scientifiques concernant les mouvements oculaires soient variées aucune à ma connaissance ne fait consensus. Par contre, il est largement constaté que les stimulations alternées de gauche à droite favorisent une sorte d'élaboration ou de digestion des moments difficiles. Ce mécanisme naturel semble être un moyen de nettoyage émotionnel.

Les personnes témoignent d’un vrai changement qu’elles ressentent physiquement. Certaines parlent de soulagement, voire de poids sur les épaules qui se serait envolé, parfois de détente musculaire ou de paix et de calme. Cette détente se couple avec une clarté mentale qui incite les personnes à déclarer qu’elles sont à présent en capacité de regarder leurs problèmes sous une toute nouvelle perspective.

C’est là que se trouve l’efficacité des mouvements oculaires. Ils donnent à la personne une détente physique hors norme qui engendre une nouvelle intelligence face aux vicissitudes de la vie.

Les avantages :

Lorsque d’autres souvenirs remontent, il est possible de faire un travail de changement et de libération bien plus exhaustif.

Après la procédure, il est possible d'apporter des ressources positives à la personne en utilisant la même méthode à l'envers (par exemple, pour renforcer l'estime de soi ou le courage).

Pour l’auto coaching :

Il existe des applis pour téléphone qui incitent au mouvements oculaires. S’il ne faut pas en attendre autant de libération que lorsque l’on est accompagné par un coach expérimenté, on peut néanmoins y trouver un peu de secours.

Il existe par contre une technique qui permet de retrouver seul les avantages des mouvements oculaires. Celle-ci s’appelle le “butterfly hug”. Il faut pour le pratiquer croiser ses avants bras sur sa poitrine de manière à ce que les doigts des mains viennent se poser sur les biceps opposés. Il convient alors de battre des mains de manière alternée en quinconce.

Le butterfly hug s’il est pratiqué pendant sept minutes peut atténuer beaucoup de ressentis éprouvants. Une manière de le rendre plus efficace est de répéter pendant tout ce temps la phrase : “même si (…la situation problématique…) je m’aime et je m’accepte complètement et totalement” (par exemple : “même si j’ai été viré, je m’aime et je m’accepte complètement et totalement”). Attention à respecter les 7mn car il n’est pas rare qu’au bout de 5 à 6 mn rien ne se soit encore produit puis que l’effet prenne place à la fin.