La tristesse
La tristesse est mal aimée.
Elle n'y est pour rien, mais personne ne l'aime.
On dit d'elle qu'elle n'est pas belle.
On dit d'elle qu'elle ne sert à rien.
On dit d'elle qu'elle rend faible.
Personne ne la comprend.
Nous apprenons donc très jeune qu'il n'est pas convenable d'être triste.
Alors, nous la combattons, avec un fer de lance appelé la volonté, et nous nous efforçons de lui barrer la route, de la tenir à distance, par tous les moyens. Nous la repoussons, invoquant des pensées positives, nous disant des formules magiques telles que "sois forte", "secoues-toi", "passes à autre chose".
Nous nous infligeons la question redoutable "mais pourquoi es-tu triste ?".
Parfois, nous avons une raison socialement acceptable pour autoriser sa présence. Mais rapidement des volontaires inquiets craignant qu'elle ne s'éternise nous rappellent à l'ordre pour nous intimer de l'expulser, toujours en utilisant les formules magiques : "cela a assez duré", "faut vraiment que tu te reprennes"...
La tristesse fait peur.
Nous percevons bien qu'elle est plus forte que nous. Nous voyons bien qu'elle ne nous abandonne pas si facilement, qu'elle revient à chaque fois plus puissante encore. Et plus nous luttons contre elle, plus nous avons l'impression qu'elle nous envahit et prend possession de nous. Tel un enfant délaissé, la tristesse est capable de s'irriter, de décupler sa vigueur, afin d'obtenir toute notre attention.
Eh bien, si nous lui accordions cette attention ? Une attention bienveillante, accueillante. Si, au lieu de nous battre contre elle, nous acceptions qu'elle fasse partie de notre vie, comme le rhume ou la gravité, en lui réservant une petite place. Si nous prenions du temps pour la regarder en face ? Nous nous apercevrions probablement qu'elle n'est ni laide, ni méchante, mais qu'elle nous permet simplement d'accentuer tous les moments de joie et de bonheur.
Et tel l'enfant qui demandait juste un moment d'affection, elle repartira peut-être sans avoir besoin de se fâcher, rassurée d'avoir le droit d'exister, par moment.
Susanne PETERS
Auteur indépendant en anticipation & Science-Fiction/ Intervenant Artistique/ Illustrateur
2 ansFranchement, je trouve que c'est particulièrement bien écrit ! 🤓 J'évite de lutter contre celle-là. Je perds toujours. Au contraire, je laisse sortir, comme ça, après ça va mieux. Hum... à moins que je ne confonde avec son frère, le chagrin ? 🙄 Heureusement, elle ne me tient jamais la main trop longtemps. 🤗
Infirmière 🌼
4 ansSarah V. beau texte
Commerce/vente
4 ansLa tristesse est nécessaire. C'est une belle émotion...on ne peut pas être "mono-émotion" : heureux. Ce serait triste! 😉
Integrierte Planung als Vertriebs-, Ressourcen- und Finanzplanung ist einfach.
4 ansSchön geschrieben. Das Gedicht auch (soweit ichd as verstanden habe).