La vérité sur... les pratiques de l'affacturage

Depuis quelque temps, des articles de presse* émettent l'idée que l'affacturage serait compliqué, contraignant, cher et avec une tarification opaque. Le Ministre des Finances lui-même s'en inquiète et a ainsi demandé au Médiateur du Crédit de faire un diagnostic! Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Les banques proposent depuis toujours différents types de financement court terme aux entreprises, quel que soit leur taille (découvert, escompte, dailly, affacturage). On constate une forte progression de l'affacturage au détriment des autres. On entend certains dirent que l'affacturage doit son développement aux circonstances réglementaires et à la crise durable. On dit aussi que le prix est très élevé (de 7 à 15% selon l'estimation de la CGPME). D'autres encore, notamment les FinTech, disent que l'affacturage est très contraignant, notamment pour les PME et les TPE.

J'en suis à me demander si l'offre des sociétés d'affacturage et son évolution depuis 20 ans ont été vraiment étudiées? Je vais tenter de répondre en restant factuel.

En ce qui concerne le prix, les banques facturent des intérêts sur les découverts accordés aux entreprises autour de 9,50% l’an (cf la Banque de France, le taux d'usure étant autour de 13,3%). D'après la CGPME, les Factors facturent entre 7 et 15%. Pour les TPE, il existe des contrats avec des forfaits mensuels afin de simplifier la lisibilité des tarifs. D’ailleurs, saviez-vous que le marché de l’affacturage en France est le moins cher du monde ?

En ce qui concerne le fonctionnement, tous les Factors mettent à disposition un site web où l’entreprise peut se connecter pour céder, de manière électronique, ses factures et obtenir le financement. Les contrats sont en général à durée indéterminée et résiliable à tout moment avec un préavis de 3 mois et une commission minimum annuelle (reste dû uniquement la différence entre la commission réellement payée sur l’année et ce minimum). Pour les TPE, il existe des contrats sans engagement et avec un forfait mensuel très bas (autour de 150 euros).

En ce qui concerne la prise de risque, seuls les Factors accompagnent les sociétés en création et les sociétés en difficultés (même en redressement judiciaire), sans parler des autres bien sûr, à partir du moment où l’activité est B2B.

En synthèse, je suis d’accord avec le postulat que le marché de l’affacturage peut et doit s’améliorer pour apporter encore plus de financement, d’innovation et de transparence tarifaire. Je trouve cette réflexion intéressante si elle s’inscrit dans une démarche constructive et positive. Par contre, je ne pense pas qu’aborder ce point par une « critique à charge » permettra d’aboutir à des avancées significatives. C’est certainement le lobbying de nouveaux acteurs de la FinTech qui fonctionnent bien grâce au relai des journalistes et à l’appui du gouvernement. Je ne critique en rien cette démarche. Chacun doit trouver sa place avec les moyens mis à sa disposition.

Par contre, il me semble que facturer 2,49% du montant d’une facture revient à faire payer à l’entreprise un taux d’intérêt de 15% l’an (si la facture est payable à 60 jours). Tout est donc affaire de marketing et communication. Et c’est pour cela que je voulais rester factuel.

* article CHALLENGES n°439 - 25 Juin 2015

 

 

Olivier Lène

Directeur de la Structuration - Directeur Adjoint du Marché Grands Comptes et International. Je co-dirige et développe avec nos équipes l'activité Grands Comptes & International de la filière affacturage du Crédit Mutuel

9 ans

Cher Fabien Un marché ou les 4 premiers acteurs on des parts de 25% à 15% ne saurait être qualifié d oligopole. Par ailleurs les prix on fortement baissés sur les 10 dernières années

David AYAULT

Directeur des Risques et de la Conformité

9 ans

Pour le TEG c'est deja, reglementairement, contractuel. Et je crois pouvoir dire assez largement que les sociétés d'affacturage ont été parmi les plus innovantes au sein des societes de financement spécialisées : innovation produits, innovation process, opérations structurées, syndication, reverse, etc... en permettant aussi bien au créateur d'entreprise...qu'à la société du CAC40 de se financer...Merci Gaetan pour ce post !

Eric Desquatrevaux

Directeur associé & fondateur @ Avizo | Reengineering your cash

9 ans

Soulager sa trésorerie en ayant recours à un factor présente un coût non négligeable : commission d'affacturage (avec minimum forfaitaire annuel), commission de financement (approximativement identique aux taux des crédits bancaires à court terme EURIBOR), fonds de garantie, plus de myriade de coûts annexes... Transparence vous disiez, opacité je confirmerais, à quand un TEG obligatoire pour l'affacturage ?

Fabien MICHEL

Fondateur PretUp - Directeur Général Plateformes PretUp & Unilend

9 ans

On reste quand même sur un marché tenu par un oligopole.. Qui dit oligopole, dit peu d'innovation et tarifs élevés

Fabrice Berté✨

Directeur administratif et financier 📈Groupe / CFO Group chez Weborama « L’alpiniste est un homme qui conduit son corps là où, un jour, ses yeux ont regardé… » Gaston Rebuffat

9 ans

Certes un travail pédagogique autour de l'affacturage est à faire et peut-être par les sociétés de factoring elles mêmes, car il existe de nombreuses formules, mais pour être complet les factors ne prennent pas toutes les factures en financement, le rating intervient et quand le client est étranger la documentation à fournir est à considerer.

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