« La vie dans les métropoles au XXIème siècle » Episode 17: Jour 6, Au sud-est, Montereau et la Bassée
Louis nous avait demandé: « on ne va pas dans le sud-est de la région ? La Bassée est un trésor de biodiversité. » Et il s’est proposé pour organiser cette dernière visite avant que les participants ne se mettent à produire.
En bus donc, direction Melun pour prendre les sudistes qui nous attendent à la gare. Puis direction Balloy, commune de 335 habitants où nous sommes reçus par le maire, le président de l’intercommunalité (24 000 habitants), celui de la réserve naturelle et Camille, sa directrice. Et aussi par la femme du maire qui a préparé le café et des gâteaux.
En quelques mots, le décor est planté : déficit d’emplois et d’attractivité de ce territoire rural, manque de formation de la main d’œuvre locale, peu de besoin de main d’œuvre agricole.
Ferme traditionnelle et port céréalier de Bray sur Seine/ photos jmv
Le projet de Seine à grand gabarit est majeur pour améliorer le transport de marchandise, fait aujourd’hui par camion : céréales et sablières. L’intercommunalité centre ses efforts sur Bray sur Seine et son port. En vue une usine de préfabrication pour le Grand Paris Express.
Engrais et paysages traditionnels/ photos jmv
La réserve, elle, est exceptionnelle : la forêt alluviale recèle un trésor, une vigne alluviale qui pousse dans la canopée ; l’ancêtre de la vigne domestique. Les prairies humides ont longtemps nourri moutons, vaches et … chevaux de la garde nationale de Paris. La réserve compte 834 ha,
L'entrée de la réserve naturelle et un joyau, la vigne sauvage, mère des vignes domestiques/ photo jmv et J Schwartz
Un sentier découverte, un observatoire à oiseaux, un festival, des formations, une appli éco-ballade, Camille expose le plan d’action à 5 ans de la réserve : apporter une expertise technique au delà de son périmètre. Puis, à défaut de voir la réserve, inaccessible par la route, Camille nous met l’eau à la bouche avec des photos qui donnent envie de revenir avec enfants et petits enfants, avec du temps pour la voir, à pied.
L’eau, ressource naturelle, y est pompée sans vergogne comme partout ailleurs, gratuitement, sans contreparties, nous dit le président. Cette attitude ne passe plus ici, ce sera désormais avec contreparties. Un plan local d’urbanisme intercommunal est lancé, chronophage mais arme de cette nouvelle attitude. Il visera à développer une première transformation des graviers et le chanvre, celui qui sert à isoler les bâtiments ; le tourisme aussi par exemple contre la retenue d’eau de 300 ha voulue pour réguler la Seine, la formation des populations avec. Il est tout autant hors de question de prendre des terres agricoles, une commission y veille, les débats y sont musclés. Quand aux néo-ruraux qui arrivent, ils ne se contentent plus de vouloir sauver les écoles, ils veulent des services, urbains… D’où la maison médicale à Bray sur Seine. Et le besoin de télétravail donc de fibre optique sur tout le territoire.
Un tour en car donne un aperçu du territoire, de ses paysages et de son patrimoine, de ses infrastructures et de ses productions, de sa vie. L’abbaye en cours de restauration par ses propriétaires privés, le silo qui va être démoli, la moissonneuse-batteuse qui a brûlé pour cause de canicule, la poste partie, (un employé de mairie fait fonction), le port et la maison médicale.
La moissonneuse batteuse a brûlé pendant la canicule/ photo jmv
A la question, l’INSEE estime à 3 millions le nombre d’habitants supplémentaires à venir en Île de France, vous en prenez un bout ou pas ? Le président répond : « nous ne souhaitons pas être une banlieue parisienne mais nous voulons rendre notre territoire attractif. »
Au retour, déjeuner sur l’herbe, sur le parvis de l’église Sainte Héracle/ photo jmv
Puis direction Montereau.
La Zac de la sucrière et une gravière/ photos jmv
Une halte technique à l’entrée de la ville donne l’occasion de voir la ZAC de la sucrerie, aujourd’hui disparue. Une traversée rapide du Montereau historique pour monter sur la plateau où la ZUP a été en son temps étalée, à 90 km de Paris. Choc. Bertrand a tenu à nous la montrer. C’est ce que le schéma directeur de la région parisienne de 1965 a arrêté.
Le château de feu, le centre commercial et le château d'eau
Un projet d’envergure qui a sombré, comme beaucoup d’autres, monté avec une mécanique infernale : le chemin de grue, le chauffage urbain, le centre commercial, pas d’emplois ni de moyens de transport et un vocabulaire délirant pour habiller le tout. Ce qui a conduit Delouvrier à faire confiance aux jeunes professionnels de l’époque pour dessiner leur propre avenir et mettre de côté les grands prix de Rome qui sévissaient.
A l'approche de Montereau et tour de ZUP/ photos jmv
Reste que depuis plus d’un demi siècle, les maires successifs ont du se mobiliser au delà du raisonnable pour réparer autant que faire se peut une faute ou vit le tiers de la population de Montereau : à l‘écart des aménités de la petite ville, de ses moyens de transport, sur le plateau, face aux champs.
Une route, une rue/ photos jmv