La voix de l’homme

Dans ce podcast, j’interroge les effets sur l’homme de l’usage des technologies numériques, en particulier l'altération des capacités d’appréciation de l’environnement. L’usage de la médiation d’outils technologiques conditionne notre perception du monde et peut l’altérer gravement. Dès 1993, Paul Virilio alertait sur « la dégradation de la relation qui vient de l’immédiateté de l’instantanéité des informations » ? Qui s’en soucie ? 

Toute personne assimile quotidiennement des paroles, en métabolise le sens afin d’élaborer une représentation du sens des êtres, des choses et du monde. Notre temps d’écoute de voix digitales et le temps du vis-à-vis homme-machine s’accroissent imperceptiblement. L’écoute de paroles prononcées directement par une personne humaine se raréfie aussi imperceptiblement. La pire des pollutions pourrait bien apparaître sur l’être humain lui-même, soumis à un environnement technologique dominant, régulant de plus en plus le flux des paroles qu’il assimile. Cette forme de pollution touche la vie psychique et cognitive, lorsque la machine prend la main sur toutes les représentations que l’homme se fait de sa personne et de son environnement.

Aurons-nous les moyens d’apprécier les effets de l’usage de la « parole-machine », des voix digitales sollicitant le psychisme humain dans une interaction verbale avec une machine ? Si nous ne protégeons pas dès aujourd’hui, l’authenticité des voix humaines et des textes ayant des auteurs humains, nous serons demain engloutis par le déluge de voix et de textes artificiels, qui n’auront pas la capacité de nourrir nos intelligences et notre psychisme. Plus encore que l’urgence climatique, nous sommes devant l’urgence d’une éthique de l’usage des techniques car elles s’attaquent au besoin humain le plus vital d’un point de vue psychique : la parole. 

A lire ici et à écouter ici :

https://www.serviceproinfo.fr/analyse-decryptage/article/la-voix-de-l-homme