L'actualité de la semaine du 14 au 18 novembre
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L’attente anxieuse du « pivot »
Partout, les marchés semblent lancés dans une quête effrénée de signaux susceptibles d’indiquer que l’inflation reflue vraiment et que le pic du resserrement monétaire est proche, voire atteint. Aux États-Unis, en particulier, toutes les indications, même infimes et éventuellement provisoires, signalant que l’inflation s’assagit et que le « pivot » se rapproche (voire est imminent pour les plus optimistes) sont abondamment commentées. Si le problème est certes celui du repli de l’inflation, il est surtout celui de son retour, non pas vers la cible des banques centrales, mais dans leur zone de confort : celle qui leur permet de remonter moins vigoureusement leur taux directeur avant, si ce n’est de les réduire, de les stabiliser sur un plateau fût-il élevé. À cet égard, il ne faudrait pas se réjouir trop vite.
💶 Inflation : inventaire des risques pour les ménages
L’inflation a marqué une nouvelle hausse en octobre à 10,6% sur un an dans la zone euro, tirée par une forte accélération des prix des biens alimentaires (13,1%) et un renforcement de l’inflation énergétique (41,5%). Ces deux composantes contribuent à hauteur de 68% à la croissance des prix dans la zone euro. L’inflation sous-jacente a aussi accéléré sous l’effet d’une hausse accélérée des prix des biens industriels non énergétiques (6,1%), tandis que l’inflation est restée stable dans les services (4,3%).
L’inflation a des effets significativement différents selon les niveaux de revenus. Une augmentation de 10% du coût de la vie de base se traduirait par une réduction du pouvoir d'achat d'un peu plus de 20% pour les ménages à faible revenu, contre environ 5% pour les ménages à revenu moyen, selon la BCE. L'effet disproportionné sur les ménages à faibles revenus pourrait limiter considérablement leur capacité à résister aux chocs et à constituer des coussins de sécurité financière.
Les ménages de la zone euro ont fortement accru leur richesse depuis la crise du Covid. L’inflation est venue éroder ce matelas financier en réduisant de moitié le surplus de richesse nette réelle accumulé depuis le Covid. Mais cette érosion de richesse s’est faite principalement aux dépens des ménages les plus modestes.
Du fait de profils de dépense différents, de leur propension à consommer une part plus élevée de leurs revenus, à épargner moins et à subir des contraintes de liquidité plus fréquemment que les ménages à revenus élevés, les ménages les plus modestes présentent un risque de défaut plus élevé. La combinaison récente d'une inflation plus prononcée, d'une forte incertitude économique et d’une hausse des taux hypothécaires pourrait mettre à l'épreuve leur capacité financière. Paola Monperrus-Veroni
🇪🇺 Zone euro
Les industries pharmaceutique et automobile tirent la production à la hausse
La production industrielle a augmenté de 0,9% en zone euro sur un mois en septembre, une performance essentiellement portée par la production de biens de consommation (+2,6% sur un mois) et de biens d’investissement (+1,5%), tandis que la production de biens intermédiaires a reculé de 0,9%.
La production industrielle en zone euro continue de croître grâce au sursaut du secteur automobile et à l’accélération de l’activité du secteur pharmaceutique. Elle est néanmoins freinée par le secteur de l’industrie chimique, plus vulnérable à l’inflation énergétique et plus durement touché par des arrêts ciblés de production. L’activité du deuxième semestre s’annonce néanmoins plus délicate avec le risque d’affaiblissement de la demande en raison d’une inflation plus élevée et du relèvement des taux d’intérêt à l’œuvre.
Au T3 2022, la première remontée importante des défaillances depuis la pandémie
Le nombre de défaillances a augmenté de 19,2% au troisième trimestre 2022 par rapport au trimestre précédent, marquant ainsi une nette accélération des destructions d’activité. Il s’agit de la plus forte augmentation depuis l’existence de la série, soit depuis 2015. Tous les secteurs à l’exception des transports et des entrepôts ont enregistré des hausses.
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La construction résiste
La production de la construction se redresse modestement (+0,1% entre septembre 2022 et août 2022) en zone euro. L’écart par rapport au niveau pré-crise sanitaire se réduit dans les grands pays de la zone, à l’exception de l’Espagne dont le niveau de production reste nettement inférieur à celui d’avant-pandémie. Les indicateurs de confiance du secteur en septembre 2022 sont positifs en France, en Italie et en Espagne. Les entreprises allemandes semblent, quant à elles, plus pessimistes quant à l’évolution du secteur, comme le souligne l’indice de confiance négatif de septembre. Philippe Vilas-Boas
🇧🇷 Brésil – Première épreuve : un nouveau budget pour 2023
Alors que le président « Lula » ne prendra ses fonctions qu’en janvier, l’équipe de transition (dirigée par le vice-président Geraldo Alckmin) travaille sur une version révisée du budget 2023 : une tâche ardue puisqu’il s’agit d’y inclure des charges supplémentaires, ce qui requiert une dérogation à la règle du plafond sur les dépenses et ce dans un cadre budgétaire déjà singulièrement contraint.
Une fois le nouveau budget 2023 adopté, il faudra entreprendre la révision de la règle du plafond de dépenses largement transgressée depuis la contre-offensive budgétaire mise en œuvre (légitimement) face à la crise du Covid. Les discussions sur un nouveau cadre budgétaire pourraient commencer en mars lors de la reprise de l’activité parlementaire pour une mise en œuvre à partir du budget 2024. Les avancées sur le plan budgétaire sont triplement importantes : elles sous-tendent la crédibilité de la signature du Brésil donc son image auprès des marchés et constituent la condition sine qua non (ou presque) d’un assouplissement monétaire. Catherine Lebougre
🇶🇦 Qatar : quel est ce pays qui accueille la coupe du monde de football ?
De création récente, le Qatar est devenu véritablement indépendant en 1971, année de sa reconnaissance par l’ONU, et est dirigé par la famille Al Thani depuis la fin du XIXe siècle. L’émir Tamim Al Thani, quarante-deux ans, dirige le pays depuis 2013, année où il a succédé à son père. C’est une monarchie absolue héréditaire où la famille régnante se partage les postes ministériels, mais qui est doté d’une Constitution depuis 2004 et d’un Conseil consultatif (Majlis Al-Choura) de quarante-cinq membres, dont trente sont élus depuis cette date. La stabilité politique est donc assurée par la transmission monarchique du pouvoir.
Il s’agit du pays le plus riche de la planète avec un PIB de 180 milliards de dollars (2021), soit un impressionnant PIB par habitant de 115 000 dollars en parité de pouvoir d’achat (estimation 2022). La richesse du pays est surtout issue du gaz et non du pétrole. Cinquième producteur mondial, mais premier exportateur de GNL (gaz naturel liquéfié), il bénéficie du troisième rang mondial en termes de réserves prouvées. Le pays a su également se diversifier dans les services et la construction au fil des années. Les services représentent 44% du PIB, tandis que l’industrie manufacturière plafonne à 6%.
Après une année de redressement économique post-crise en 2021, l’année 2022 s’annonce bien meilleure. Une croissance de 5,5% est attendue cette année. Depuis plusieurs années, c’est le secteur non pétrolier qui tire la croissance.
Dans l’environnement politique et géopolitique du Moyen-Orient et des pays du Golfe, le Qatar entend jouer sa propre partition d’ouverture au monde en assurant de gros investissements très visibles en Occident, comme par exemple dans des clubs de football ou des lieux culturels, par son media national qu’est la chaîne de presse Al Jazeera ou l’organisation du mondial de foot cette année. Enfin, sa volonté d’indépendance est très forte, tant dans ses relations avec le voisin iranien que pour son soutien à l’islam politique transnational. Olivier Le Cabellec
🇿🇦 Afrique du Sud : l’État au secours d’Eskom
Le ministre des Finances sud-africain, Enoch Godongwana, a affirmé, lors de sa déclaration sur la politique budgétaire à moyen terme de l’Afrique du Sud fin octobre, que l’État allait soulager l’entreprise publique d’électricité Eskom endettée à hauteur de 400 milliards de rands (22 milliards de dollars). Eskom fournit près de 95% de l’électricité en Afrique du Sud. Mais, depuis 2019, les inefficacités opérationnelles induites par la dette ont conduit Eskom à s’engager dans des coupures de courant allant jusqu’à dix heures par jour et à subir des pannes périodiques. Pour Enoch Godongwana, cet endettement – devenu insoutenable – est une véritable menace pour l’économie, les finances publiques, mais aussi les notations de crédit souverain, d’où la nécessité d’une intervention de l’État avant un éventuel défaut de paiement.
Les difficultés financières et opérationnelles des entreprises publiques, en particulier d’Eskom, représentent un risque majeur pour la croissance. Dans ce contexte, des mesures sont nécessaires pour réduire le déficit budgétaire, qui s’élevait, en 2021, à 6% du PIB. Cet allégement de la dette se manifesterait, dans le budget 2023/2024, par un accroissement des dépenses de l’État et un creusement du déficit, si la mobilisation des recettes ne s’améliore pas pour limiter ce nouveau dérapage budgétaire.
Par ailleurs, sur le long terme, cet allégement de la dette ne soulagera pas réellement l’économie, les fragilités structurelles persisteront. En revanche, la transition énergétique pourrait être une solution efficace pour sortir le pays de sa crise énergétique en réduisant sa dépendance au charbon. Pour mémoire, lors de la COP26 en novembre 2021, plusieurs pays développés (dont la France) se sont engagés à soutenir le pays dans sa transition énergétique avec une aide de 8,5 milliards de dollars. Et, à l’occasion de la COP27 qui s’est déroulée du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte, l’Afrique du Sud a dévoilé son plan d’investissement sur l’utilisation de cette somme, dont une majeure partie sera allouée aux investissements dans des infrastructures électriques. Aya Bensaid
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