L’agriculture urbaine, enjeux et projets
Quelle place l’agriculture urbaine a-t-elle aujourd’hui en France ? Quel est son avenir ? Les fermes urbaines sont elles l’unique réponse ?
L’agriculture urbaine et péri-urbaine représente déjà 15 à 20 % de la production agricole mondiale. Elle a une fonction pédagogique, alimentaire et paysagère. L’enjeu est fort avec 75% de la population qui vivra dans des agglomérations d’ici à 2050 et des légumes qui parcourt en moyenne 1 200 kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes.
Les visages de l’agriculture urbaine
Les approches de l’agriculture urbaine sont multiples, des plus simples aux plus techniques : des jardins partagés, la végétalisation de toits, l’élevage urbain à petite échelle comme avec les soixante-dix ruches parisiennes, la réintroduction de champignonnières intégrées dans des boucles vertueuses de recyclage, la pisciculture, l’aquaponie et l’aéroponie. L’hydroponie quant à elle permet d’économiser jusqu’à 90% d’eau grâce à un système de goutte à goutte précis et paramétré… et les plantes peuvent pousser deux fois plus vite comme l’a constaté la ferme lyonnaise « Refarmers ».
De plus, le gain de place en zone urbaine est un argument de poids pour l’agriculture urbaine, quand on sait par exemple qu’une colonne de salades de deux mètres permet de produire cinquante unités contre neuf salades sur un mètre carré au sol !
Pourquoi des fermes en ville ?
L’agriculture urbaine possède certaines contraintes notamment dans les projets d’élevage. Les fermes d’animaux nécessitent des infrastructures lourdes et créent des nuisances impossibles à gérer en ville. Les projets qui se développent sont donc plutôt pédagogiques et de petites envergures, ou concerne des ruchers aisément pouvant être installés sur les toits dans le cadre de leur végétalisation. De même l’éco pâturage est apprécié, ceci étant les moutons ont malgré tout besoin d’une certaine surface pour être épanoui. La question du bien-être animal est un aspect incontournable dans la mise en place de ces projets au risque de voir la population ou les associations de protection animale s’emparer du sujet. Il est donc peu probable d’imaginer de grandes fermes d’animaux en ville compte tenu de la lourdeur des unités de production, contrairement à l’installation de fermes pédagogiques.
Ceci étant la production d’insectes est un axe qui pourrait se développer car les besoins en terme d’espace sont faibles.
Enfin, l’intérêt de l’agriculture urbaine est aussi de décloisonner la ville, de lutter contre les îlots de chaleur en végétalisant. Elle est économiquement intéressante car elle permet de créer des boucles vertueuses locales et de limiter les intermédiaires tout en permettant aux acteurs locaux et aux producteurs d’augmenter leurs marges.
Les freins à l’agriculture urbaine
Les freins au développement de l’agriculture urbaine subsistent encore. L’investissement est élevé par rapport à l’agriculture traditionnel. Les outils sont extraordinaires mais encore chers notamment pour des producteurs de petite taille. Cependant, l’impact sur le produit est indéniable. La question du coût d’entrée et de l’investissement sont des points qui ne baisseront pas.
On ne peut pas non plus nier le coût du chauffage nécessaire à la production en agriculture urbaine, l’un des postes les plus importants après le personnel, mais sur ce dernier point, les robots cueilleurs attendent de réaliser leur percée. Une solution serait d’utiliser l’énergie fatale[1] des Datacenter pour des fermes urbaines à proximité afin d’allier production et développement durable dans un circuit d’économie circulaire.
De l’envie du consommateur… à la réalité
L’envie générale de l’urbain est de manger local, d’avoir un moindre impact environnemental sur la planète. Ceci étant le principe de réalité est de regarder le coût des produits et la production issue de l’agriculture urbaine reste cher. Pourrons-nous produire des fruits et des légumes sans pesticides en ville et à des prix accessibles à tous ?
Les urbains se sentent concernés par ce mode de production. Il est tendance, séduisant et il contraste avec le nombre de toits inutilisés. En ville, les habitants soutiennent la cause car l’impact est direct. Cela est différent à la campagne car les surfaces visibles sont des champs, il n’existe donc pas cette nécessité de récupérer de l’espace de production.
Mais la France a encore du mal avec le hors-sol. Le français aime la terre,elle le rassure. L’enjeu est donc aujourd’hui plutôt pédagogique en France ce qui n’est pas le cas dans les pays asiatiques. En Chine, où la confiance envers l’agriculteur est mise à mal ou encore au Japon suite à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, les citoyens sont plus enclins à faire confiance à la culture hors sol et en usine plutôt qu’à la pleine terre. De la même manière, plus personne ne désire travailler dans les champs au Japon compte tenu du risque sanitaire existant, il existe un vrai problème de main-d’œuvre dans ce pays et les solutions d’AgTech et d’agriculture urbaine y trouvent une vraie réponse.
Enfin, de l’agriculture urbaine à la production indoor il n’y a qu’un petit pas. Maîtriser sa production de champignons, de spiruline ou de tomates grâce à des potagers sous LED comme le propose la start-up Veritable avec des potagers sous LED de la taille d’une petite jardinière permettant de cultiver ses aromates en intérieur et sans lumière. Cette start-up présente son produit non pas comme un objet de jardinage ou de décoration mais se classe dans le petit électroménager de la cuisine. Un positionnement intéressant et judicieux à vocation nourricière et non pas décorative.
[1] Energie perdue
Extrait de la thèse professionnelle de MBA Digital Marketing & Business, Efap Paris de Camille Fenayrou.
Pour en savoir + ou avoir accès à l’intégralité de la thèse professionnelle contactez moi par Linkedin : cam-fenayrou