L’amour de la lecture

 

J’avais quatorze ans à l’époque et j’étais en troisième année de collège. Bien sûr, nous n’avions pas d’internet et l’une des seules évasions était le ballon avec les enfants du quartier. Pour ne pas dire la seule.

Mon professeur de français, dont l’image m’est restée encore gravée à l’esprit nous encourageait à être toujours meilleur dans sa matière .Un jour j’avais pris mon courage à deux mains et je lui ai dit après avoir demandé la permission de parler : « Monsieur que faut-il faire pour lire des textes comme vous, faire des productions écrites sans fautes, prendre la parole sans avoir peur des rires de camarades.

Il me répondit avec un regard malicieux sous ses lunettes : « il faut faire de la lecture mon fils. Voyez avec votre municipalité, elle possède en son sein  une bibliothèque ». Je me dois de rappeler qu’il n’existait pas de bibliothèque au niveau du collège. Toutefois, que veut dire municipalité pour un enfant de mon âge. Je n’osais pas demander une explication au risque de passer pour un imbécile.

Mon professeur, ne voyant rien venir, me relança deux ou trois fois : « Vous vous êtes inscrit à la bibliothèque » .J’ai répondu tout confus : « Non monsieur pas encore ». Et c’est à ce moment qu’il m’a donné un ultimatum pour y aller, au risque de me sanctionner. Et avec lui, ça ne rigolait pas.

Le soir même, j’ai dit à mon père qui était postier de m’expliquer ce que veut dire « municipalité » .Il me répondit : « les services communaux mon fils. Donc la commune. Mais pourquoi tu demandes cela ? ». « C’est pour voir si je peux emprunter des livres au niveau de la bibliothèque pour les lire ». « Justement, me dit –il, va voir la bibliothécaire de ma part. Je la connais car elle passe chaque mois prendre sa paye au niveau de la poste ; d’ailleurs je l’appellerai demain ».

Le lendemain, profitant d’une matinée libre, je me présente au niveau de la bibliothèque. Je frappe à la porte et j’entendis une voix féminine imposante  me dire : « entrez ! » Dès que j’ai fait mes premiers pas j’ai été d’abord frappé par la beauté de cette jeune dame, et ensuite par l’odeur que je ne pourrai décrire, mais qui était très agréable.

« Que voulez-vous petit bonhomme m’interpelle –elle ? » Tout timide que j’étais je balbutiais : « je voudrais emprunter des livres et je suis le fils du postier ». « Ah ! le fils de Monsieur M très bien. Alors, il faudra faire une carte que je peux vous confectionner tout de suite mais pour cela il me faut deux photos ». Je couru chez mon père qui me donna cinq dinars pour faire des photos minute chez le libraire du coin. Au passage à l’époque les six photos valaient un dinar donc par la force des choses j’en ai économisé quatre dinars.  J’ai eu effectivement ma carte le jour même. Ayant surement remarqué ma timidité la jeune dame m’a expliqué calmement le principe qui consistait donc à prendre deux livres en même temps de les lire, de les rendre et d’en reprendre à nouveau .Et c’est comme cela que l’aventure a commencé. Dois-je rappeler que les livres de cette bibliothèque étaient recouverts d’un très beau tissu bleu parfaitement entretenu. Et j’avais intérêt à rendre les livres dans l’état où ils étaient.

D’abord, adolescent que j’étais, je commençais à lire les romans policiers ; les polars comme on disait. J’ai lu les James Hadley Chase , les San Antonio , Albert Simonin et j’en passe .Je découvrais le monde à travers ces livres .Plus aucune chose ne m’intéressait , à part la lecture . J’étais sur un nuage et j’avais cette impression d’avoir une longueur d’avance sur tout le monde .Je découvrais les personnages, les villes, les régions, une autre manière de penser, d’autres cultures, d’autres civilisations.

La curiosité aidant, je passais à la littérature et je commençais à consommer les Balzac, Gustave flaubert,Victor hugo ,Mouloud feraoun pour ne citer que cela. Il est intéressant de dire que je pouvais, facilement lire un livre par jour. D’ailleurs, ma mère me grondait car, se levant la nuit, elle me trouvait toujours en train de lire à la lumière d’une bougie .En fait ,ce qui se passait dans ma petite tête est que je voulais à tout prix arriver à la fin du livre pour en attaquer un autre. J’étais insatiable.

Mes notes en langue française ainsi que d’autres matières s’en ressentaient et j’étais heureux.

J’ai oublié de vous dire que le professeur qui m’a encouragé à faire de la lecture est un français qu’on appelait à l’époque « coopérant technique ».Il s’appelle Mr VERGARA .Une pensée pour vous Monsieur.

Fettouma KHEMACHOU

Consultante Experte dans la formation et l'evaluation des compétences et du potentiel- Coach chez Activité liberale

4 ans

Merci M.MAHIOUT. C'est toujours Un plaisir de vous lire!

Fettouma KHEMACHOU

Consultante Experte dans la formation et l'evaluation des compétences et du potentiel- Coach chez Activité liberale

4 ans

J'ai adoré votre histoire M.MAHIOUT. En effet, la lecture est un trésor inestimable et les livres sont les meilleurs amis de l'homme. Quelle belle époque nostalgique ce fut. Merci pour ce clin d'oeil!

j'ai beaucoup aimé cette histoire. à méditer effectivement, si au moins nos enfants suivraient cette voie!

mourad MAHIOUT

Sales Manager Security Solutions

4 ans

Mes premières lectures étaient ce qu'on appelait les livres de bibliothèque qui allaient du Rose, au noir, ces couleurs déterminent le niveau du lecteur.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets