L'annulation des dettes publiques au bilan de la BCE serait moralement inacceptable
Supprimer la dette émise par les Etats pour faire face à la crise sanitaire est théoriquement possible - il suffit de rayer au Bilan de la BCE un montant à l'actif et la même chose au passif - mais moralement inacceptable.
A partir du moment où il y a eu un traitement différencié vis-à-vis des personnes ou structures qui ont bénéficié des soutiens publics, cela serait politiquement et sociétalement bien trop explosif, mettant en doute la crédibilité de l'Etat vis-à-vis de ses ressortissants (si ce n'est pas déjà le cas). Il aurait dans ce cas-là mieux valu faire comme les américains, à savoir faire un chèque de soutien à toute la population (les Etats-Unis l'ont déjà fait à 3 reprises depuis le mois de mars dernier), sans iniquité de traitement.
La question de l'aléa moral se pose également entre Etats membres. Si l'on annule les dettes publiques accumulées pendant la crise sanitaire, comment vont réagir les Etats qui ont moins eu besoin de recourir au financement de la BCE pour assurer leur fonctionnement ou qui seront excédentaires comme l'Allemagne dès 2021 ?
La réalité, c'est qu'il n'y a que deux solutions crédibles :
- la solution rose : les Etats définissent des pratiques budgétaires plus saines et font disparaitre le déficit public dans les années à venir (dès 2022) ; le stock de dettes ne pose aucun problème, la dette levée l'année dernière ne générant aucun frais pour l'Etat... les taux étant négatifs ! Nous vivrons alors avec un stock de dettes substantiel mais qui se gère tant que les charges associées ne sont pas élevées (le Japon affiche une dette publique de 250% du PIB...).
- la solution noire : les Etats considèrent l'argent gratuit, dépensent sans compter et poursuivent de creuser le déficit public (et donc la dette) en poussant la BCE à continuer à imprimer de manière démesurée. Cela serait terrible car entrainerait à terme une perte de confiance dans la valeur de la monnaie, le billet de banque n'étant pas autre chose qu'un contrat de confiance entre celui qui le possède et celui qui l'accepte et contre quoi il vous livre un bien ou un service. En imprimant de la monnaie sans créer plus de richesse, celui qui l'accepte finira par demander deux billets au lieu d'un... cela s'appelle l'érosion monétaire concomitante à l'hyperinflation. Le stock de dettes (nominale) ne posera alors plus de problème puisque les remboursements se feront en monnaie de singe ! En parallèle, cela signifierait la mort du rentier, seul le producteur étant en mesure de répercuter dans ses prix de vente l'hyperinflation.
La dette n'est pas un sujet tant que l'on s'endette pour construire un modèle qui soit rentable, profitable (sous tous ses aspects, économique, sociétal, environnemental) et pérenne. S'endetter pour refaire la même chose serait une folie, faisant porter un fardeau insupportable sur nos enfants.
On rentre dans l’épisode le plus difficile : après une première phase de sauvetage de toutes les entreprises, il faut aujourd’hui faire des arbitrages : dans quels secteurs, dans quelles entreprises, dans quels territoires investir pour reconstruire un nouveau modèle pérenne qui crée moins de tensions sociales et permette de retrouver le chemin de la croissance pour assumer nos charges. C'est le vrai défi auquel vont devoir faire face nos autorités publiques en 2021.
Associé gérant chez BAYARD Patrimoine
3 ansJe suis en total sidération sur la possibilité de supprimer les dettes!
Expert patrimonial : Famille & Entreprise / Conseil en stratégie patrimoniale transversale / Interprofessionnalité Vacataire / Président CNCGP Bourgogne Franche-Comté
3 ansUne 3ème solution ? En deux temps : - Un soutien "quoiqu'il en coûte" pendant la phase dure de la pandémie pour soutenir l'économie globale et ses échanges. - Ensuite, une politique monétaire et budgétaire combinée et concertée pour conserver la CONFIANCE qui restera toujours le levier de la future croissance.
Bonjour Pierre Sabatier, mais qui croit encore honnêtement à une quelconque possibilité de remboursement des dettes publiques ? C'est seulement du rêve d'utopiste ! Depuis tant d'années les budgets sont bâtis en déficit ! En même temps, vous croyez vraiment qu'une plus grande austérité puisse être la solution ? Nous avons déjà des services publiques en décrépitude, hôpital, école, sécurité... un pays obligé de se confiner puisqu'incapable de soigner ses concitoyens, et une croissance en berne...
Auto Entrepreneur Conseils en Gestion Patrimoniale
3 ansJe ravi que le sujet soit abordé... Trouver la solution miracle pour gérer l'endettement semble " mission impossible" ... rappelons nous que les mesures des mesures non conventionnelles date de ... JUIN 2014 Aussi des réflexions doivent nourrir le débat avant que nous "européens" soyons dans l impasse