L'entrepreneuriat c'est un état d'esprit et une vision collectivement portée
Selon moi il faut de nos jours repenser l’entreprise à travers le prisme de son rôle sociétal et de son insertion dans un cadre de vie global.
J’ai une vision large de l’entreprise qui n’est pas qu’un lieu où l’on travaille mais aussi où l’on s’épanouit, où l’on se développe, où l’on noue des relations et qui permet à des hommes et des femmes de s’inscrire dans la vie d’un territoire, de s’impliquer dans un projet de société, d’animer un écosystème.
L’entreprise doit fournir un travail, avec une utilité sociale et/ou environnementale, un salaire mais aussi un cadre de vie, ce qui suppose parfois de mettre à disposition un logement, des tiers lieux ou encore une crèche comme Michelin à l’époque, quand les acteurs publics et privés dédiés ne sont pas en mesure de fournir ces services vitaux pour les salariés et leurs familles.
A l’image de la fromagerie Agour à 50 km de Biarritz dans le Pays Basque et de son gérant Peio Etxeleku qui rénove une ancienne ferme pour la transformer en logements pour attirer du personnel et conserver ses salariés qui ne trouvent pas de biens immobiliers abordables face à l’explosion des prix dans la région.
C’est ainsi que je pense et développe mon entreprise PRIMEVIEW independent research : je viens d’acquérir une maison de maître chez moi en Auvergne qui permettra d’accueillir des séminaires d’équipe mais aussi d’héberger mes collaborateurs et leurs familles aussi souvent et longtemps qu’ils souhaiteront se mettre au vert dans ma campagne ! Avant peut-être qu'ils ne viennent s’y installer définitivement si l'envie leur en prend ! Et s'ils souhaitent s'implanter dans une autre région de France, je considère que ma mission de chef d'entreprise est de les accompagner dans ce projet pour qu'ils se réalisent pleinement et puissent exprimer tous leurs talents dans notre aventure professionnelle commune.
Le moteur de l’entrepreneuriat c’est une vision que vous avez envie de concrétiser à travers un projet collectivement porté.
L’entrepreneuriat c’est d’abord un état d’esprit, être curieux et ouvert aux opportunités, à la discussion et à l’échange. C’est être capable de regarder là où les autres ne portent pas le regard car on pousse tout le monde à créer aux mêmes endroits où de fait la concurrence est très forte et les prix sont élevés. Notre Far West n’est pas à l’autre bout du monde, il est à nos portes, dans nos territoires, qui recèlent de qualités qui ont été oubliées.
J’ai choisi de retourner vivre dans le village rural où j’ai mes racines pour offrir à mes enfants la qualité de vie dont j’avais bu bénéficier quand j’étais jeune. L’avantage des territoires pour entreprendre, c’est la proximité avec ses congénères, le fait de connaitre et de se connaître, à la différence de l’anonymat qui existe dans les métropoles.
L'entrepreneuriat aussi être ingénieux car il y a toujours une réponse pertinente à un problème posé. Un entrepreneur doit savoir s’adapter à ce qu’il a à disposition, être agile en fonction de l’évolution du contexte et de la situation.
Car pour vendre un produit ou un service, il ne suffit pas d'être intéressant, il faut être utile. Pour cela je préconise une approche itérative, c’est-à-dire de se lancer sur le marché avec un produit ou un service opérationnel mais de le développer sur la base des retours des utilisateurs, des besoins exprimés par les clients.
Pour entreprendre, il faut :
- une vision, une conviction
Recommandé par LinkedIn
- une valeur ajoutée, un savoir-faire, une compétence technique qui n'existe pas ou qui est à la pointe
- un investissement en temps, en énergie et financier
- un produit utile, qui répond aux besoins de ses clients (penser problème, pas produit)
- une adhésion collective
- une part de chance pour connaître une success story, faire une culbute financière telle que celles qui sont présentées par les médias (ces entreprises sont une infime minorité)
Il faut avoir conscience du caractère aléatoire du succès d’une entreprise afin qu’en cas d’échec, ce ne soit pas un fardeau trop difficile à porter.
La question du risque est un sujet majeur pour un entrepreneur. Dans son business modèle, le chef d’entreprise doit pouvoir anticiper et faire face au scénario du pire, à des changements de tous ordres, règlementaires par exemple, voire des ruptures comme la crise sanitaire ou une crise sociale type gilets jaunes. Il doit être en mesure d’être viable quel que soit l’environnement, aisé ou mal aisé.
C'est pourquoi il doit connaître son point mort pour savoir s’il peut assumer la matérialisation d’un risque ou si celui-ci le met en situation de tout perdre. Chuter ce n’est pas grave, il faut juste ne pas disparaître car il y aura alors de très belles opportunités à être l’un des seuls survivants.
Enseignant à Sciences Po Grenoble et Membre de la communauté Promising, Design Factory Grenoble Alpes
3 ansInesa Sahakyan