L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse

L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse

J’ai découvert ce proverbe africain il y a quelques années quand je dirigeais Uber au Maroc et il a tout de suite eu une forte résonance pour moi. Il m’a permis de rationaliser et de verbaliser ce que je vivais et pressentais intuitivement sans arriver à l’exprimer clairement.

Dans le contexte d’alors, les lobbys de taxis et détenteurs d’agrément faisaient grand bruit en dénonçant la mort annoncée d’une profession tandis qu’en silence, des milliers de femmes et d’hommes, dont d’anciens chauffeurs de taxis, retrouvaient leur dignité au travers d’un emploi plus rémunérateur et plus valorisant.

Aujourd’hui, je suis dans un contexte différent. J’ai quitté le Maroc, j’ai changé de métier et de secteur mais à la lueur de la crise du COVID et de mon engagement vis-à-vis de la Fondation Mozaik, j’ai retrouvé avec force l’essence de ce proverbe.

Les médias, les flux LinkedIn ou Facebook ou les messages Whatsapp nous abreuvent d’informations angoissantes sur la crise sanitaire en cours, la crise économique en gestation et le mur de la dette à venir. Et pourtant, tous les jours, je vois et j’entends les bruissements subtils d’une forêt qui pousse, celle de l’économie sociale et solidaire (« ESS »).

En premier lieu, je constate une forte mobilisation des acteurs de l’ESS. A la fondation Mozaik, j’ai été le témoin privilégié de l’énergie formidable qu’ont déployé les équipes dès le début du confinement. La plupart des formations et accompagnements de groupes ont été basculés du présentiel au digital, les coachings et mentorats individuels ont été renforcés, l’effort sur les projets spécifiques maintenu, dont l’ambitieux Plan 1000 Jeunes et l’équipe recrutement a mis les bouchées doubles pour mener la campagne alternance dans les meilleures conditions possibles, ce dispositif étant une passerelle essentielle vers l’emploi. En dehors de la fondation, je découvre tous les jours de nouvelles initiatives associatives : maraudes renforcées, paniers solidaires, initiatives collectives telles que « Inventons le Monde d’après » etc.

Ensuite, je vois une armée de bénévoles se lever, prête à combattre la crise par la solidarité : les bénévoles de la Fondation Mozaik se sont mobilisés davantage, de nombreux citoyens se sont engagés dans la réserve civique ou auprès d’associations locales. L’entraide s’est également organisée hors structures via des initiatives individuelles : coachings gratuits, cours et webinars en ligne, courses entre voisins. Une tendance de fonds s’est également confirmée chez les indépendants : l’alternance entre missions de conseil solidaires et missions plus traditionnelles.

Enfin, beaucoup de pourvoyeurs de fonds et d’entreprises hors ESS se sont montrés à la hauteur de l’enjeu. Les partenaires de Mozaik ont maintenu voire renforcé leurs engagements et plus largement, de nombreuses entreprises se sont mobilisées au travers de dons et de mécénat de compétences à l’instar d’EDF, de Suez, de KPMG, Caisse d’Epargne et bien d’autres.

Je crois sincèrement que ce changement est une tendance de fond et non une collection d’initiatives individuelles ou collectives éphémères et sporadiques. Pour ma part, je continuerai de planter des graines et d’essaimer pour contribuer à faire pousser cette forêt. 

Jamal Berrada

Consultant Expert Pharma

4 ans

Dans un tout autre ordre d’idée cela pourrait être l’arbre qui cache la forêt !

Yassine Chtioui

Service and Sales GM /Business strategist/Altruistic/Team for the planet

4 ans

Certes Très profond comme proverbe et ça illustre que la bienveillance fait moins de bruit...

Bravo chère Meryem pour ce fort engagement social

Mehdi Caillis - Menadjlia

Director of Public Affairs - Director of Urban Transport | Aspen Young Leader Engagé 2021 | Auditeur libre suppléant de la 31ème promotion de l'Ecole de guerre

4 ans

C'est tellement vrai chère Meryem Belqziz. Bravo pour ton engagement. En 2015 Le rappeur et slammeur Abd Al Malik utilisait déjà ce proverbe dans une interview pour pointer du doigt que: "La diversité, ce n'est pas une tare, mais un cadeau. On doit trouver ce qui nous rassemble. Pourquoi chercher tout le temps ce qui nous sépare ?".

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