Le personnel de première ligne va à la guerre sans arme

Le personnel de première ligne va à la guerre sans arme

Dans la gueule du loup, tu seras jeté, et des excuses te seront peut-être données, si tu t’en sors indemne. Reconnaissance, tu attends de nous, arme-toi de patience, car on s’en lave les mains avec complaisance.

D’un côté, on déplore l’inaction et les morts, de l’autre côté, on contribue à cette inaction, et les morts… eh bien ce n’est pas notre faute.

C’est ça le foutu système.

Non? Étant originaire de Granby, j’ai évidemment été touché par le meurtre sordide de la petite fillette de 7 ans par des créatures s’improvisant parents. La coroner Géhane Kamel, chargée de se pencher sur le décès dramatique a conclu qu’il n’y avait pas de fautif comme tel; que nous n’étions pas en mesure de blâmer une personne précise. Mettre un nom et un visage nous aurait surement fait du bien, mais ce n’est pas le cas, puisque la conclusion stipule que le fautif était le système.

Je suis convaincu que vous vous souvenez de ce terrible incendie en 2014. En janvier 2014, un violent incendie faisait rage à la Résidence du Havre à L’Isle-Verte, fauchant la vie de 32 personnes âgées. Plusieurs personnes ont été pointées du doigt, mais le fautif a été le système.

Cette tragédie est survenue à quelques mois seulement de la tragédie de Lac-Mégantic, qui avait enlevé la vie à 47 innocents à la suite de l’explosion d’un train. Aucune accusation, aucun coupable hormis le système défaillant en place, concluait un jury après neuf jours de délibérations.

Le système, toujours le système.

Rappelez-vous, lorsque vous aviez 15 ans, vous disiez « F**k le système ». Maintenant que vous êtes adultes, vous êtes en mesure de compléter cette même phrase, à une exception près en disant « F**k le système m’a eu ».

Revenons à nos fameux systèmes, car il y en a plus qu’un. Diviser pour régner ou bien diviser pour brouiller les pistes menant au coupable? Qu’importe, revenons à notre système de santé publique et privée, de soins et de services publics et privés.

La crise, nous la vivons tous, mais qu’on en commun les préposés aux bénéficiaires, les infirmières et les intervenantes de premières lignes en soins et services sociaux? Ce sont des femmes; des femmes présentement surchargées, en pieds de guerre sur la ligne de front, et nous sommes contents que ce ne soit pas nous.

Nous apprenions dans La Presse, le Devoir et sur le site de Radio-Canada ces derniers jours que ces femmes, sur le front, tombent infectées et malades. L’État dit les supporter, mais que fait le système?

Parfois il plante, comme ce fut le cas avec le système informatique du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, alors que des employés n’ont pas été payés comme prévu, au moment de la paie. Le syndicat des infirmières juge la situation « inadmissible » alors que l’employeur assure que tous les travailleurs ont finalement reçu leur salaire.

Qui perd présentement le plus son emploi? Les femmes. Qui forme le groupe majoritaire des personnes recevant des prestations d’assurance chômage? Les femmes…

Lorsqu’on ne veut pas le faire, eh bien, on paie une femme pour le faire à notre place, du moins c’est la tendance que l’on remarque présentement dans les CHSLD, CIUSSS et hôpitaux. Si c’est risqué, eh bien on donne 0.25$ de l’heure, une petite tape dans le dos, un rictus en coin, et on remercie ces bons soldats, ces anges gardiennes, de prendre le risque à notre place.

Assis dans mon salon, j’accueille la nouvelle favorablement pour ces travailleurs. J’imagine, que l’employeur, assis dans son salon apprécie aussi cette acceptation. Mais qu’en est-il des travailleurs?

Effrayés, pourquoi? Ces jours-ci, le gouvernement du Québec accorde une prime de risque de 8 % pour le personnel de première ligne en milieu hospitalier et dans les CHSLD, notamment. Une prime de 4 % est remise aux autres membres du secteur de la santé.

Pour illustrer ce transfert de risque sous le couvert de l’argent, 4 % du salaire de 13 $ l'heure d'un préposé aux services alimentaires ou à l'entretien ménager donne 52 cents d'augmentation par heure.

Allô la BMW!

Allô l’épicerie de 930$ chez Costco!

Le gouvernement et les représentants patronaux sont déconnectés de la vie, à moins que ce ne soit le système. Ces augmentations sont à peine suffisantes pour acheter une boite de Kleenex afin de sécher les larmes de ces travailleurs.

Le 12 avril matin, je lisais dans La Voix de l’Est.: « Des employés pleurent avant de rentrer au travail ou avant de sortir de la voiture, en parlant des travailleurs du CHSLD de Rimouski. Ces « anges gardiens » peinent à contenir leurs émotions parce qu'ils ont peur pour leur vie et pour celle des autres. ». Mais ce n’est pas si grave que ça puisqu’on va faire de la gymnastique administrative pour trouver 2% de plus à leur offrir.

On veut des masques, on veut des mesures sérieuses, comprises et respectées par tous, on veut que notre quotidien soit presque viable. Mais on vit l’enfer. D’un autre côté, on vote des budgets, accorde des mesures qui seront éventuellement gérées par le niveau national et les régies régionales, un jour les ressources arriveront au niveau local, là où les besoins sont criants, mais il sera trop tard, puisqu’il est déjà trop tard pour certains travailleurs.

Tout le monde a de bonnes intentions, agit et réagit du mieux qu’il peut dans les circonstances, propose, dispose, impose, et corrige le tir au besoin, puisque tout le monde est actuellement dans le besoin.

C’est pourquoi nous lisions sur le site de Radio-Canada, le 11 avril dernier que : « Le centre Participation House de Markham annonce que le salaire de ses employés sera doublé jusqu’à la fin de la crise causée par la COVID-19 … cet établissement pour adultes ayant des déficiences développementales et physiques a fait les manchettes cette semaine parce qu’il a été déserté par ses employés. Lorsque la directrice du centre a expliqué aux employés jeudi que 10 résidents et deux membres du personnel du centre, qui compte 42 résidents, avaient la COVID-19, 31 des 35 employés sont rentrés à la maison et ne sont pas retournés au travail depuis. ». Mais ce n’est pas si grave que ça puisqu’on va faire de la gymnastique administrative pour mobiliser ceux qui restent jusqu’à ce qu’ils tombent malades en leur donnant de l’argent.

Que vous le vouliez ou non, l’argent achète tout. Certains le pensent, donc le proposent. Certains y croient, donc acceptent. Que vous le vouliez ou non, ou bien que vous me croyiez ou pas.

Pendant que l’on s’obstine sur la valeur de l’argent et tout ce que nous sommes prêts à faire pour en avoir, ou bien prêts à payer le prix pour éviter d’avoir à le faire, les situations s’enveniment, nous nous éloignons des solutions et nous nous déresponsabilisons.

Radio-Canada nous informait le 13 avril que des employés du CHSLD du Manoir-de-Verdun, dans le sud-ouest de l'ile de Montréal, avaient été contraints de demeurer dans l'établissement pour prolonger leur quart de travail. La gestionnaire du centre d'hébergement, un génie, aurait ordonné de verrouiller les portes pour empêcher le personnel de quitter les lieux. J’imagine que pour les calmer, elle aurait dit de ne pas s’en faire, que 0.25$ d’ajustement salarial compenserait tout.

Le temps se fera juge des actions, mais faisant partie du jury, je peux déjà dire que ça regarde mal.

Mal comme dans le CHSLD Herron, une résidence privée pour personnes âgées. Rappelons que 31 des 150 résidents de ce CHSLD privé sont décédés jusqu’à ce jour. Je ne suis pas capable de me mettre dans les souliers des résidents survivants qui attendent leur ininvitable tour. Je ne suis pas en mesure de comprendre comment les travailleurs peuvent se rendre au travail sachant qu’ils tomberont malades aujourd’hui ou peut-être demain s’ils sont chanceux.

Le mandat de l’enquête du CHSLD Herron a été confié à la coroner Géhane Kamel, ce même coroner qui a travaillé dans le dossier de la fillette de Granby. Espérons seulement qu’elle ne conclura pas que le fautif est le système.

Système qui permettait au propriétaire de charger en moyenne 4 000$ par mois.

Question : les 31 personnes décédées dans ce CHSLD ont-ils payé pour le mort? JE veux dire, ils ont payé leur loyer en mars, sont tombés malades à la fin mars, certains sont décédés en mars. Idem pour les personnes atteintes du virus à la fin du mois de mars, qui ont quand même payé leur loyer pour avril, et qui sont décès au début du mois. Est-ce que le système permet au propriétaire de ce CHSLD d’effectuer la maintenance de sa Rolls-Royce?

Régis Morency

Retraité ouvert a de courts contrats chez A mon compte

4 ans

Ajoutons a cela DR Diane Francoeur qui se vante de participer a l'oeuvre humanitaire a 211$ l'heure. Moi qui ai toujours cru qu'une oeuvre humanitaire était accompli presque bénévolement. Et ce cher Dr Barette qui accepte de participer également si c'est a moins de 500km de sa maison et si les mesures sanitaires sont respecter. COVID 19 est partout, je sais je suis un travailleur expat et suis présentement en Guinée, Afrique et elle frappe. Tous nous y mettons l'épaule a la roue sans supplément. Je me limiterais a ce court commentaire mais ....... j'ai une crisse d'envie d'en dire plus long sur ces abuseurs de la misère des autres.

Melanie Phaneuf, CRHA - Formatrice certifiée PCM

Je mets de l'avant le plaisir et l'humain dans votre département ressources humaines

4 ans

Aucun commentaire... Étonnant. Parfois la vérité choque ou dérange. Merci pour cette belle réflexion!

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