L’argent des séniors et la dépendance : l’impossible équation… ?
POOL/AFP - YOAN VALAT / https://bit.ly/3xncdnf

L’argent des séniors et la dépendance : l’impossible équation… ?

Comme une vague qui inquiète les jeunes parents qui la voit gonfler du bord de la plage, la déferlante démographique du baby-boom des 30 glorieuses, de 1945 à 1975, a commencé à « sénioriser » la France depuis une dizaine d’années.

En effet, c’est environ 700 000 personnes qui arrivent chaque année à la retraite. Et ça va être le cas pendant au moins 30 ans avec une espérance de vie à 60 ans de plus de 20 ans.

Jusque-là rien d’anormal. Et une telle longévité est une aubaine pour nos parents et grands-parents. Et pour nous demain.

Qu’en pense Bernard Pivot…

Mais si nous sommes ravis de vivre plus longtemps, autant vivre en pleine capacité des ses moyens. Comme le dit Bernard Pivot, ce n’est pas la mort qui me fait peur mais l’éventuel délabrement du corps et de l’esprit.

Or on sait que vieillir va nécessiter de l’accompagnement léger ou plus conséquent en fonction des pathologies et troubles cognitifs déclarés.

Cet accompagnement via du service à la personne peut aller d’une heure de ménage par semaine jusqu’à la présence 24/24 au domicile d’un(e) auxiliaire de vie.

Et ces nécessaires prestations sociales, médico-sociales et de soins ont un coût. Et c’est sur ce point qu’aujourd’hui, tout le monde cherche la martingale.

Evidemment, comme toujours, point de réponse unique mais une myriade de solutions.

Les données du débat…

Pour faire simple, les séniors d’aujourd’hui c’est, en moyenne, un niveau de vie légèrement supérieur aux actifs. C’est également eux qui détiennent plus de 60 % des actifs financiers et du patrimoine foncier.

Le patrimoine financier est le plus souvent mis sur des livrets ou en assurance-vie obligataire pour ne prendre aucun risque boursier. Et le patrimoine foncier, la résidence principale majoritairement, est immobilisé le plus souvent jusqu’au décès du dernier vivant.

Tous les séniors souhaitent vieillir le mieux possible et pour une écrasante majorité à domicile.

Le domicile doit donc devenir un lieu de vie adapté préventivement puis médicalement si nécessaire pour permettre de ne quitter le domicile que par choix ou par extrême nécessité.

Mais qui paie pour l’aménagement du logement ? Pour l’auxiliaire de vie ? Pour l’hospitalisation à domicile temporaire ? Pour l’infirmière qui va venir tous les jours matin et soir pendant 10 ans ?

L’enjeu de la loi Gand-âge autonomie.

Qui peut en profiter ? Tout le monde de façon universelle ? Suivant un barême en fonction des revenus ? En fonction du nombre d’enfants ? En fonction de son lieu d’habitation car les prises en charge départementales varient ? En fonction de sa mutuelle ou de sa caisse de retraite qui vous donne accès à un volet d’assurance dépendance ? En fonction d’une contrepartie fiscale pour remettre dans l’économie les actifs détenus par les séniors pour financer les investissements d’avenir de notre pays ? En facilitant la circulation de l’épargne dans les familles sans attendre l’héritage souvent trop tardif pour les enfants devenus séniors ? En redonnant leurs lettres de noblesse au viager et au prêt hypothécaire ?...

1 000 solutions sont possibles. Mais a priori :

Elles devront se partager entre cotisations/allocations publiques et cotisations/épargne privées.

Elles devront tenir compte du déséquilibre démographique pour ne pas trop peser sur les actifs.

Elles devront permettre de « faire tourner la monnaie » pour l’avenir du pays.

Elles devront générer plus d’emplois et une meilleure rémunération pour les intervenants du domicile.

Dans tous les cas, le triptyque démographie-longévité-santé est un sujet politique nouveau et majeur. L’argent de la dépendance est encore à trouver et de cette dépendance à l’argent dépend la volonté de dessiner les contours de la société du « bien-vieillir ».

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