L'Arlésienne "Produits agricoles de terroir et labels en Algérie"

En Algérie, il y a certes un grand intérêt en matière de qualification – labellisation des produits de terroir comme les dattes, les raisins de table, les olives et l’huile d’olive, les figues, la viande d’agneau, les plantes aromatiques et médicinales… Les produits cités commencent à être pris peu à peu en charge, Les institutions, de leur côté, se mettent peu à peu en place et on voit apparaitre quelques textes réglementaires. Mais il y a manifestement un manque dans le domaine organisationnel ; les acteurs opérateurs étant encore peu au fait de l’intérêt à s’organiser pour défendre un produit spécifique et sa réputation sur un marché spécifique et/ou une zone géographique particulière.

La question de la qualification-labellisation des produits agricoles de terroir, même si elle intéresse divers acteurs, est encore peu approfondie. Ce processus a montré ses limites et les contraintes à lever pour développer une véritable économie rurale locale basée sur la valorisation des produits locaux à signes distinctifs tourne en rond et « ronronne ». Des travaux de recherche récents ont par ailleurs révélé la faible implication des pouvoirs publics dans la régulation des marchés et la construction d’un édifice solide visant la mise à la disposition des consommateurs (ou des marchés internationaux) des produits de qualité nouvelle (produits de terroir, produits biologiques…), comme il a montré désormais une faible implication des opérateurs économiques dans la démarche de construction de la qualité. En fait, le croisement « produit spécifique » ayant une réputation spécifique établie et « zone ou terroir spécifique» n’est pas aussi évident qu’on le pense, notamment au niveau des acteurs institutionnels (et même les opérateurs) dont une grande partie n’a pas encore pris conscience de l’enjeu économique et social et n’a pas encore mesuré les implications sur le développement local. L’administration, aussi bien à l’échelle nationale que locale, est, par exemple, peu ouverte sur les acteurs opérateurs sensibilisés et impliqués dans une démarche « qualité » et « produits de terroir ». Les autres acteurs (les associations et les professionnels), malgré des lois favorables, ne sont pas suffisamment organisés et peinent à trouver leurs marques lorsqu’il s’agit d’identifier et de valoriser des produits ou des services « spécifiques ». Par ailleurs, l'espace rural algérien n’a jusque là pas été encore assimilé à un territoire dynamique au profit duquel on pouvait allouer des ressources importantes pour le développement et la valorisation des ressources locales et surtout mises en œuvre par les acteurs locaux. Il n'a pas non plus fait l'objet d'un examen attentif en termes d'identification de ses potentialités et de ses ressources.

Soyons sérieux et réalistes !!!!

En réalité, peu de chose a été fait en matière de valorisation des produits de terroir, en relation avec le développement local. A l'intérieur de la plupart des zones rurales, on trouve peu de traces d'actions économiques où sont réellement impliquées les populations et les institutions locales. Les rares programmes dits de "valorisation des produits locaux" et de «développement local» ont été lancés uniquement dans une optique d'équipement matériel, sans démarche économique claire et sans implication des populations locales. Le développement et la revalorisation de l'important potentiel de production de produits de terroir doit passer donc d’abord par une revue complète de la situation de crise qui touche le monde rural. Ensuite, s’occuper de l’offre réelle et non « folklorique » de ces produits « magiques » et « spécifiques », avant de vouloir parler de leur qualité « spécifique ». Enfin, voir quel intérêt tire les principaux acteurs – opérateurs dont la plupart ne se soucie guère de s’aventurer dans un processus couteux et qui les oblige à investir dans la qualité, à respecter des cahiers de charge et surtout s’organiser. En fait, la question des produits de terroir et des produits à signe de qualité distinctive est basée exclusivement sur un système d’organisation professionnelle (OPA) qui n’existe par en Algérie (coopératives, associations des producteurs, groupements d’intérêts communs, mutuelles, organisations corporatistes etc…) ; un système dont personne chez nous ne veut entendre parler, y compris les producteurs ruraux eux-mêmes. ALORS  ALORS !!!! 

Je vous remercie pour cet article très réaliste sur le constat de ce dossier des produits de terroir algériens. Que proposez vous pour mettre sur rail ce processus qui doit absolument être considéré comme délicat à réussir et qu'il faut donc mettre toutes les chances du côté de l'Algérie pour qu'elle réussisse à promouvoir un développement local basé sur la valorisation des produits de terroir ? Enfin, pensez vous vraiment qu'il faille se diriger vers ce processus ? Est-ce vraiment utile de le faire ?

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