L’ARTÉMISIA, UN POTENTIEL À EXPLOITER
Depuis des lustres, les Malagasy ont utilisé le «raokandro» – usage de plantes médicinales – pour traiter des maladies. Alternative à la médecine conventionnelle, les « tambavy » ou tisanes font partie des traitements privilégiés avec une efficacité accrue lorsqu’elles sont testées et produites en laboratoire. Aujourd’hui, des plantes endémiques comme le « vahona » (aloe macroclada), le saro ou « mandravasarotra » (cinnamosma fragrans), et le «ravintsara » (Cinnamomum camphora) sont unanimement reconnues pour leurs vertus thérapeutiques : antibiotiques, anti-inflammatoires, immuno-stimulantes, cicatrisantes, etc.
Mais depuis la découverte du Tambavy CVO pour lutter contre le COVID-19, l’artemisia (artemisia annua) focalise toutes les attentions. Dans un communiqué en date du 4 mai 2020, L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a reconnu que : « La médecine traditionnelle, complémentaire et alternative recèle de nombreux bienfaits. L’Afrique a d’ailleurs une longue histoire de médecine traditionnelle et de tradipraticiennes de santé qui jouent un rôle important dans les soins aux populations. Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la COVID-19 (…) ». Principalement connue pour son efficacité dans le traitement du paludisme, cette plante originaire de la Chine a trouvé à Madagascar sa terre de prédilection.
« La Grande Ile possède probablement, la collection de matériel végétal la plus large avec des souches d’Artemisia provenant du monde entier. Et à partir de ce potentiel, on a développé un programme de recherche et développement pour faire une amélioration variétale », confie Charles Giblain, PDG de la société Bionexx.
Cette dernière a mis au point un procédé permettant l’extraction et la purification du principe actif de l’artémisia.
Introduite à Madagascar dans les années 70, cette plante a fait l’objet de recherches approfondies par les chercheurs de l’IMRA depuis de nombreuses années. Ce sont les fruits de ces recherches combinés à l’expertise de l’Institut dans la production des phytomédicaments à base de plantes médicinales qui ont conduit à la découverte du Tambavy CVO :
« Le CVO n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de 44 ans de recherches. L’artémisia a été introduite à Madagascar en 1975 par le professeur Albert Rakoto-Ratsimamanga. Les savants sont parvenus à en isoler le principe actif. C’est en le combinant à d’autres molécules de plantes médicinales malgaches qu’ils ont obtenu ce résultat, un produit aux effets secondaires maîtrisés », avait expliqué Andrianjara Charles, Directeur général de l’IMRA, lors du lancement du Covid-organics.
Au niveau mondial, l’intérêt pour l’artémisia se précise lorsque l’Institut Max Planck (18 prix Nobel), en Allemagne, a annoncé le 8 avril 2020 le lancement d’une étude cellulaire afin de tester les effets de l’Artemisia annua sur le Coronavirus. Pour ce faire, elle se fournira auprès de la compagnie américaine ArtemiLife qui possède des plantations dans le Kentucky aux USA. Cette dernière a développé des produits dérivés à base d’artémisia dont une gamme de thés (ArtemiTea) et de cafés (ArtemiCafe)
Dans la mesure où Madagascar possèderait le plus grand stock d’artémisia au monde (environ 3 000 tonnes cultivées par an), plus de 16 000 paysans impliqués dans sa production (25 à 30 ares de terrain cultivé par paysan) dans plusieurs régions (Antsirabe, Ambatofinandrahana, Fianarantsoa, Ambalavao et Toliara), elle a des atouts à faire valoir.
Nul doute qu’elle jouera un rôle majeur dans l’exploitation de cette plante incluant le développement de produits dérivés dans les années à venir. « Aujourd’hui, la société Bionexx accompagne l’Etat malgache dans la fourniture de matière première pour la fabrication du Covid-Organics. Madagascar a une opportunité d’approvisionner le continent et le monde entier » soutient Charles Giblain.