L'art : L'aiguiseur de nos sens de l'observation, d'analyse, d'ouverture d'esprit... apprentissage de notre libre-arbitre
En quatre parties...
Première Partie
Chacun réagit en vertu de sa personnalité qui s'est construite par un vécu, des expériences, un ou des environnements.
Or, nos perceptions sont de plus en plus biaisées par de fausses informations, des dérives qui touchent, jouent avec l'émotionnel, le passionnel plutôt qu'alimentant la raison. Certains détruisent la libre-pensée, imposant un point de vue, en faisant appel au pathos.
"À défaut de la raison qu'on ne peut convaincre, on cherche à soulever les passions; au délit de la loi qu'on ne peut établir, on s'efforce de substituer le délit d'opinion. Ce n'est point ainsi que procédera la défense (Pamphlets politiques de Paul-Louis Courier 1821).
Je vous invite à lire Edgar Morin et la pensée complexe :
"Il nous faut comprendre que la révolution d’aujourd’hui se joue non tant sur le terrain des idées bonnes ou vraies opposées dans une lutte de vie et de mort aux idées mauvaises et fausses, mais sur le terrain de la complexité du mode d’organisation des idées"
Le sport, l'art nous aident à dépasser ce clivage relationnel, à nous concentrer sur l'essentiel. Ils stimulent notre prise de conscience, notre imagination, la connaissance de soi et de la société qui nous entoure en nous apprenant le lâcher-prise, la prise de recul.
Au fil du temps, de la patience et du travail, ils nous entraînent vers une meilleure compréhension de l'instant présent conduisant vers une population éclairée contrairement à l'obscurantisme. Les représentants de ce dernier s'opposent aux Lumières en prenant le contre-pied via l'idéologie, la politique, le religieux.
Ouvrons le domaine de l'art, en particulier celui de l'architecture qui bâtit un monde, une perception de notre environnement, un émerveillement ou un basculement..
Comme la peinture, l'architecture est un art visuel.
Notre civilisation contribue à son écroulement par la disparition du plaisir et des valeurs esthétiques. La mauvaise utilisation de la "machine" contribue à une figuration schématique des bâtiments et à une perte des "figures de l'art" pour une urbanisation déraisonnée et incohérente marquée par des erreurs dramatiques pour notre environnement.
Le contemporain a rompu le lien qui unissait les différents styles de nos Illustres depuis la Grèce antique avec la nature et les Hommes. Traversons les "âges" et les "mers" pour comprendre.
Parler de l'Egypte, c'est parler de la présence de l'Homme dans un espace sans limites. Des Pyramides surgissent du désert comme elles le firent pour la première fois il y a 4 000 ou 5 000 ans.
De sa forme se dégage une impression de stabilité liée par l'ampleur écrasante de son assise.
Les pyramides de Guizeh (Khéops, Kréphen, Mykérinos) de pures formes géométriques. Et pourtant..
Parler de la Grèce, c'est parler d'un art social, de la diversité de la vie reflet d'une société hellénique empreinte de Liberté, d'Egalité, d'amour des arts et du théâtre.
La rigueur esthétique prit modèle sur la législation qui respectait à la fois l'individu et la communauté : L'évolution de l'habitation privée reste en retrait par rapport à l'architecture publique sur laquelle se concentre l'énergie des urbanismes grecs : Agora, Temple, salle de réunion, gymnase, palestre, stade. La colonnade établissait un rapport entre des structures de dimensions, de fonctions différentes.
Parler du monde romain, c'est discuter de complexité et d'évolution. A l'univers essentiellement hellénique, les Romains font succéder un empire technologique : Aqueducs, installation de chauffage central, de thermes.
Parler de Byzance, c'est aborder la liberté de culte. Au début du IV° siècle l'empereur Constantin accorde à l'Eglise une reconnaissance officielle. Le symbole de la croix joue un rôle décisif dans l'architecture byzantine.
Il faudra attendre la construction de Sainte-Sophie pour que soit résolu le passage du soubassement de plan carré au plan circulaire de la coupole.
Parler de l'architecture islamique, c'est se tourner vers Dieu et la Mosquée qui influencent toute l'architecture musulmane qu'elle soit ou non religieuse : Parure polychrome des façades, des coupoles mêlée aux formes géométriques et arabesques.
Ce génie est emprunt d'héritage culturel des pays que l'Islam conquit pourvus d'argile qui sert à la fabrication des briques : la Syrie, le Liban...
Parler de l'Amérique centrale, c'est témoigner de la grandeur d'une civilisation liée à l'appui des divinités : Superstition, crainte, gratitude à l'égard des forces de la nature.
L'aspect monumental des pyramides nous le démontre : Empire Maya (III° s av JC), Teotihuacan (150 av - 750 après JC), Aztèques (1325-1519 ap JC).
Contrairement aux édifices égyptiens, l'extérieur des pyramides sert de chemin de procession.
"View of ancient Babylon, originally founded in 2300 BC. It grew into one of the largest cities of the ancient world and was capital city of Mesopotamia from the 18th to 6th centuries BC. It's remains are located in what's now Iraq".
Deuxième Partie
Hier nous nous étions quittés avec l'Amérique centrale et l'effet divinité.
Aujourd'hui commençons par un envahisseur de l'Europe : L'art roman qui s'est nourri de nombreuses influences.
L'Eglise des Apôtres à Cologne (Allemagne 1190 - 1220), Saint-Jacques de Compostelle (Espagne 1075 - 1211), la Cathédrale de Durham (Angleterre 1095 - 1133) témoignent de cette propagation dans la diversité.
Le plan quadrilatère couvert d'une coupole du style byzantin cède la place au plan en croix latine qui s'étire, s'allonge, se rétrécit pour accueillir une tour de la croisée et rendre un équilibre à l'architecture.
Parler de l'art roman en France, c'est parler de vie éducative et culturelle.
Au début du X° s l'abbaye de Cluny rayonne sur toute l'Europe. Ce renouveau atteint une ampleur inégalée avec la basilique Madeleine de Vézelay (Yonne) et la cathédrale Saint Lazare d'Autun (Saône-et-Loire).
L'art roman annonce le Gothique.
Parler de l'art Gothique, c'est mystifier une époque dans laquelle l'Eglise domine l'architecture et l'univers.
Les images de cathédrales, d'abbayes, de chapelles, d'églises abbatiales se mélangent aux tours, aux flèches qui s'élancent vers le ciel élevées de hautes fenêtres que remplissent des milliers de morceaux de verre colorés des vitraux. L'iconographie varie à l'infini au même titre que les sculptures. Ce sublime, cette richesse obligent le site à s'adapter en fonction de la cathédrale et non l'inverse. Notre attention se concentre sur un édifice d'une magnificence qui dépasse l'échelle humaine.
Ici se termine la grande création spontanée du Moyen-Age, expression d'une énergie collective.
Entrons dans la recherche de l'individualisme dans un esprit humaniste qui marque l'architecture de la Renaissance.
Tandis que le maître-d 'œuvre gothique cherche à enfermer son rêve d'infini dans un espace construit, l'architecte de la Renaissance veut définir des espaces à la mesure de l'homme. Les bâtiments de la Renaissance sont petits, soumis à des impératifs d'esthétisme et de pragmatisme.
Parler de Renaissance, c'est humaniser avec des valeurs humaines au centre de la pensée. C'est aussi l'histoire de grandes découvertes : l'imprimerie, la poudre à canon, la découverte de nouvelles terres.
Filippo Brunelleschi (Le premier architecte au sens moderne 1377 -1446), Léonard de Vinci (Génie universel 1452 - 1519), Pierro della Francesca (Géomètre mathématicien, maître de la perspective 1415 - 1492) sont tous des chercheurs.
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Les rapports entre l'homme et l'Eglise sont remis en cause entraînant le dépassement des théories architecturales.
La personnalité de Brunelleschi domine. Il épure les structures romaines pour n'en garder que le squelette. Une légèreté pleine de grâce et d'élégance s'en échappe.
En Italie, les frontons, les balustrades de pierre, les corniches sont déposés au gré du climat.
Parler de Renaissance en France, c'est parler de châteaux de la Loire en l'occurrence.
Dans les premiers siècles du Moyen Âge, les puissants de l'Europe étaient les nobles, les féodaux, les propriétaires terriens. La terre était le bien fondamental, à une époque où l'agriculture était l'activité prédominante. Dès le XVe siècle, de nouvelles formes de puissance débordent : celles qui dépendent de la possession de l'argent, du patrimoine. Les nouveaux maîtres sont désormais les grands marchands et les banquiers.
En attendant, quelques livres de Sophie Chauveau dont ...... que vous pourriez compléter avec LE REVE DE BOTTICCELLI et L'OBSESSION VINCI pour accompagner vos vacances...
Troisième Partie
Nous nous étions quitter avec la Renaissance, aujourd'hui débutons par le mouvement des formes de la peinture de Rubens, les effets de lumières et l'organisation des masses dans l'oeuvre de Rembrandt, l'ordre et l'équilibre dans la musique de Bach expriment à leur manière l'esprit du Baroque.
Aborder ce style, c'est faire preuve d'exubérance, d'orgueil, l'ego dans toute sa splendeur.
Un moyen d'impressionner, d'exprimer la puissance triomphante de l'aristocratie. Grandeur encouragée par l'Église catholique romaine.
Dès le XVI° s, Saint Pierre de Rome prépara la rupture avec l'austérité générée par la Renaissance en "baroquisant". Emploi d'un style volumineux, mouvementé. Les formes "bougent", un réseau de cercles, d'ovales, de coupoles se chevauchent pour animer une structure qui se voulait rigide.
Cette exubérante volupté sera contrecarrée, au XIX° s, par le retour aux styles du passé.
Le néo-classicisme, c'est le retour de l'étude de l'Antiquité, de la raison. Il s'agit de s'opposer au baroque mais aussi au rococo synonyme du triomphe de la fantaisie et de l’imagination.
Pour la petite histoire, le roi Frédéric II, roi de Prusse de 1740 à 1786 et ami des Arts, aimait à s'entourer d'architectes, de peintres ou de sculpteurs comme Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff, Antoine Pesne ou encore Friedrich Christian Glume. Il demanda à ces derniers de créer un nouveau style qui connut ses plus belles concrétisations avec le château de Sans Souci le rococo.
Le néo-classicisme, c'est la traduction du mélange d'un académisme et de l'innovation. Des confusions, des copies remettent en cause le talent des architectes de l'époque considérés pour certains comme des imitateurs.
Pour autant, ces pastiches révèlent un sentiment d'orgueil national démontrant une authenticité artistique. Ainsi en est-il de l'Opéra de Charles Garnier à Paris (1836-1860), de style baroque, du Parlement à Londres (1836-1860), de style gothique.
Un peu de lecture ?
Quatrième Partie
Je vous invite à vous propulser des années plus tard. Entrons dans une nouvelle ère, celle de l'épuration. La froideur accompagne les principes d’une hyper optimisation fonctionnelle. Il sera aussi question de l'art moderne avec une opposition à la standardisation, au conformisme.
Tout en offrant de nouveaux procédés de construction, la révolution industrielle permit d'envisager des solutions audacieuses aux problèmes de structure et de gain de temps.
Au XIXe siècle naquit un nouveau mode de production : l’usine. Son développement progressif est fortement influencé par la naissance de l’entreprise d’Henry Ford et du concept de production à la chaîne.
L’objectif : La réalisation de tâches répétitives par les ouvriers le plus rapidement possible. Le périmètre de travail doit donc être optimisé pour accroître la fabrication en série et faciliter l’installation des machines qui l’assurent.
Le fer, l'acier dès 1860 permirent d'atteindre des portées beaucoup plus grande et plus haute.
Abraham Derby construisit le premier pont métallique à Coalbrookdale dans le Nord de l'Angleterre en 1779.
Le verre donnait la possibilité de réaliser des toits et des murs transparents.
La construction de la serre de Kew à Londres en 1848 fut un véritable défi lancé par la technique de pointe à l'architecture :
"Turner pris un morceau de papier. Il le plia en deux, puis, avec un crayon il traça rapidement un profil vertical sur la première moitié de la future serre, sur l'un des côtés de la pliure ; Ensuite, il replia l'autre moitié de la feuille sur la partie encrée, puis l'ouvrit, et obtint ainsi un fragment de la longueur totale du bâtiment tel qu'il fut érigé par la suite".
Ce fut en ces termes que l'ingénieur irlandais, Richard Turner s'expliqua sur son projet de Palm House à Kew Gardens. Décimus Burton en fut l'architecte.
Les gares furent les premières constructions tout en verre et en acier : Gare de King'Cross (1851-1825).
Les années 1860 marquèrent la consécration du chemin de fer qui représentait la modernité, une technique de pointe au service de la société. Le bâtiment gare qui en est l’abri doit être à son image.
C’est dans ce contexte que l’actuelle gare du Nord à Paris prit forme : des halles d’une grande légèreté et d’une prouesse technique. La gare se compose d’un squelette de fer qui est caché par une façade décorative.
Cette gare fut considérée comme l’une des plus belles de France à l’époque de sa construction.
Parler d'un style industriel, c'est aussi préciser le "fonctionnel". élimination des murs, cloisons porteurs devenus inutiles, d'ornements superflus.
Trois architectes se servirent de cette technologie en ajoutant le béton à l'acier. Ils eurent une influence décisive sur le renouveau architectural après la Première Guerre Mondiale : Le Corbusier qui aimait les villes, Franck Lloyd Wright qui les détestait et Mies van der Rohe qui influença les Etats Unis.
En 1919, Walter Gropius fondit l'Ecole d'architecture du Bauhaus en Allemagne. Mais un an après, c'est vraiment l'arrivée de Le Corbusier à Paris qui donna le départ du style moderne.
Il fit remarquer "qu'"une habitation est une machine à habiter" en fonction d'un environnement. Il s'inspira des Grecs tout en utilisant les progrès technologiques pour libérer l'espace, passionné des formes cubistes : Toit terrasse, introduction du pilotis, plan ouvert .. L'unité d'habitation de Marseille "Cité radieuse" ou "La Maison du fada" est une résidence édifiée entre 1947 et 1952 par l'architecte Le Corbusier tout comme le Centre de Zurich (Image 2).
En 1930, aux Etats Unis, l'architecte Franck Lloyd Wright s'inspira des formes naturelles pour obtenir un équilibre entre l'architecture et le paysage environnant.
Il fut influencé par des architectes européens qui, fuyant l'Allemagne nazie, vinrent se réfugier aux Etats Unis : Mies van der Rohe, Breuer, Gropius.
Le style euro-américain prit son essor avec notamment les constructions de verre et d'acier de Mies van der Rohe pour l'institut de l'Illinois (1940), les gratte-ciel de Chicago (1948-1951).
Détestant la machine qui détruit la qualité, l'Anglais William Morris jeta une lumière nouvelle sur l'architecture en défendant la tradition artisanale.
Malgré qu'il eut compris avant tout le monde que la machine annihile les droits de l'individu, son refus du machinisme voua son entreprise à l'échec. Seule la standardisation autorise une réduction du prix de revient et donc du prix d'achat.
Parler de l'architecture moderne, c'est parler de l'arrivée d'un individualisme architectural influencé par la mécanisation. L'architecture moderne fut représentée par des réalisations isolées, d'une qualité rare face à la naissance d'une société de consommation et donc d'une standardisation des comportements.