L'asservissement progressif du personnel et du client
Dans la quasi-totalité des secteurs de l’activité économique, tant aux États-Unis que dans le reste du monde, on assiste à une surconcentration de la propriété des entreprises. En d’autres termes, la maturité des secteurs fait en sorte que s’instaurent dans le marché des oligopoles, lesquels ont le don de se comporter ensemble comme le font normalement des monopoles.
Le propre des oligopoles est de contrôler l’ensemble des facteurs qui d’ordinaire doivent prévaloir dans le marché, pour que l'offre diversifiée assure la concurrence la plus saine qui soit. L’offre étant limitée, la concurrence diminue, et l’innovation en fait fatalement les frais, qui représente pour les entreprises des dépenses d’opération additionnelles à compenser par le capital versé restant sur leurs opérations courantes. Le client s’en trouve plus mal servi, que s’il avait la liberté pleine et entière d’exercer un choix multiple, à compter d’une brochette élargie d’offrants en quête de ses achats.
Ce que l’on tend à oublier, en ne mettant le focus que sur le seul marché des biens et services (fin de l’entreprise), en dictant que les oligopoles (comme les monopoles) servent mal le client au chapitre des avantages que lui procurerait une innovation aussi récurrente que complète, c’est le marché du travail (voies et moyens de l’activité et des affaires de l’entreprise) que représente le personnel de l’entreprise.
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Or, les oligopoles ont tendance, avec le temps (qui se comprime à mesure qu’ils deviennent des monopoles en puissance), à devenir toujours plus étroits. C’est-à-dire, qu’ils comptent de moins en moins d’offrants, ce qui élève, entre leurs mains, leur pouvoir de contrôle sur toute la chaîne de valeur de l’entreprise. En d’autres mots, il y a asservissement graduel du client comme du personnel, entre leurs mains, puisque la concurrence sur la demande en biens et services et sur l’offre de travail ne permet plus aux deux marchés que sont le client et le personnel d’exercer normalement leur libre choix.
Ajoutons, que les oligopoles ont, depuis des décennies, exercé un pouvoir croissant sur les gouvernements, asservissant du même coup, par leurs exigences goinfres, les sociétés civiles les unes après les autres (et leur chantage vaut en démocratie comme en autocratie à l’heure de la mondialisation des économies).
L’argument généralement invoqué par les oligopoles, auprès des gouvernements nationaux, concerne la perte de capacité concurrentielle des petites entreprises face à la montée en puissance de plus grandes économies étrangères. Le malheur, c’est qu’avec la mondialisation des économies, le marché ne fait plus qu’un seul et même espace à l’échelle de la planète. Et donc, pour sortir de l’ornière du contrôle absolu de la liberté de choix des uns et des autres (personnel et client d’abord), encore faudrait-il que les citoyens se réveillent et somment leurs gouvernements de casser le mouvement de surconcentration de la propriété, lequel donne très nettement dans la voie de l’asservissement final des marchés et des personnes.
Dirigeant-entrepreneur, conseiller sénior en management, innovation et neuromanagement, formateur au MBA de l'UdS, mentor au Réseau Mentorat. Franchement passionné par les humains et leurs paradoxes.
8 moisTout à fait d'accord M. Tardif, d'ailleurs, l'économie canadienne (productivité, investissements et innovation) stagne depuis 20 ans par ce phénomène de concentration (détaillants alimentaires, Banques et assurances, grands industriels, Télécoms et ne pas oublier, l'État), c'est pire qu'aux USA.