Le principe de l'obsolescence
Flaherty[1] nous signale que Peter F. Drucker[2] a dit que « le principe de l’inévitable obsolescence s’appliquait aussi à la mission des entreprises »[3]. Par contre, la mission implicite de création (satisfaction de la demande) du client, qui est permanente, n’a de pertinence, en termes de service-marché optimal, qu’à raison de la continuité de l’utilité concurrentielle des biens et des services offerts et dispensés par l’entreprise. Et comme la demande finale varie, au fil des ans, à cause de la pression exercée sur elle par des rivales de marché, l’offre de l’entreprise doit être ajutée pour que se crée le client par la transaction prochaine. Or, la mission ne peut devenir obsolète dans le vacuum absolu des modes, méthodes et pratiques de gestion de l’activité et des affaires de l’entreprise. Et, le retard à améliorer son cadre global de référence managérial signifie que l’entreprise accusera déjà un recul de fait sur la concurrentialité de ses capacités, potentialités et opportunités propres. En somme, l’obsolescence de la mission renvoie à celle plus large de l’ensemble des dispositifs de management de l’entreprise. Ce qui ne peut que comprendre, à l’égard des acteurs-preneurs premiers à son activité et à ses affaires, ses mécanismes de réponse au marché (la demande-client). Autrement dit, le rendement de l’activité et des affaires retardera grandement sur la valeur ajoutée au client, puisque la mission effective[4] de l’entreprise, qui est braquée sur ces premières, est d’abord accomplie par son personnel.
Drucker a mentionné, de surcroît, que « le mal dégénératif (de l’entreprise) ne se soigne pas par la procrastination. « Il requiert des actions décisives. » Or, les modes, méthodes et pratiques de gestion de l’activité et des affaires n’ont d’utilité qu’à raison des décisions d’application et de changement que leur vaut l’entreprise concurrentielle. Le fait pour ladite entreprise de demeurer sur ses positions antérieures, soi-disant parce que celles-là auront signé son succès de marché, ne tient pas compte de la seconde loi de la thermodynamique[5] qui s’applique également à son activité et à ses affaires. L’entropie[6] s’installera fatalement en son sein, et le désordre entraînera obligatoirement, dans l’ensemble de son système fonctionnel et opérationnel, la perte de son contrôle sur l’accroissement du rendement sur son activité et sur ses affaires menées. En conclusion, l’entreprise, par pans successifs d’activité et d’affaires, deviendra un jour ou l’autre entièrement obsolète. Il ne suffira plus de réparer les volets les plus inopérants du système global qu’elle est, mais de changer l’entièreté du système qu’elle sera devenue (en jetant le tout plutôt qu’en le restaurant partie par partie).
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[1] Flaherty, J.E., (199), Shaping the Managerial Mind: How the World’s Foremost Management Thinker Crafted the Essentials of Business Success, Jossey-Bass, p. 150, 151.
[2] Drucker, P.F., (1995), Managing in a Time of Great Change, Truman Talley Books, p. 38.
[3] Drucker parlait non pas de la mission implicite de création du client, mais de l’énoncé de mission adpté par l’entreprise, lequel est braqué sur l’activité et les affaires propres de l’entreprise.
[4] Celle énoncée par l’entreprise.
[5] Le deuxième principe de la thermodynamique (également connu sous le nom de deuxième loi de la thermodynamique ou principe de Carnot) établit l'irréversibilité des phénomènes physiques, en particulier lors des échanges thermiques. C'est un principe d'évolution, énoncé pour la première fois par Sadi Carnot en 1824. Il a depuis fait l'objet de nombreuses généralisations et formulations successives par Clapeyron (1834), Clausius (1850), Lord Kelvin, Ludwig Boltzmann en 1873 et Max Planck (voir Histoire de la thermodynamique et de la mécanique statistique), tout au long du xixe siècle et au-delà jusqu'à nos jours.
Le deuxième principe de la thermodynamique énonce que :
« Toute transformation d'un système thermodynamique s'effectue avec augmentation de l'entropie globale incluant l'entropie du système et du milieu extérieur. On dit alors qu'il y a création d'entropie. »
[6] L'entropie est une grandeur physique qui caractérise le degré de désorganisation d'un système. Introduite en 1865 par Rudolf Clausius, elle est nommée à partir du grec ἐντροπή, littéralement « action de se retourner » pris au sens de « action de se transformer ».