L'automne : une transition
L'Automne est un espace de transition nécessaire à la mise en route d’un temps de reconstruction solide.
Que vous le vouliez ou non, si vous vivez dans l’hémisphère nord de notre planète Terre, vous êtes depuis le samedi 23 septembre 2023 08h49 entrés en automne :-). Dans son étymologie latine, on y trouve la notion « d’augmenter » partageant racine commune avec « auteur ». Étrange me direz-vous peut-être à une saison où les feuilles ont plutôt tendance à se perdre et le temps de soleil diminue. Et pourtant c’est bien ce que nous allons voir, entendre et re-sentir ici : comment rester en lien avec soi, récolter les premiers fruits de son chemin de reconstruction et se faire l’écrivain-e de son futur chemin professionnel en se consacrant à cette étape importante.
Lorsque la tempête burn-out a tout dévasté sur mon passage sans que votre esprit et votre corps n'aient eu la possibilité de connecter avec la pleine mesure qu’elle allait les traverser brusquement parfois avec violence, la phase d’après, celle de la reconstruction, s’en vient après. Et si plusieurs étapes sont incontournables et communes à chaque personne touchée par le burn-out comme l’a modélisé Sabine BATAILLE Réseau RPBO© Europe au travers du processus RPBO©, elle indique aussi que leur contenu, la façon et le rythme auquel vous allez traverser chacune d’elles et les façonner vous sera propre.
Alors à quoi peut correspondre cet automne dans vos étapes de reconstruction, comment savoir que vous y-êtes et comment l’aborder au mieux?
C’est un temps hybride, un entre-deux pas forcément confortable où s’entremêlent encore éclaircies et pluie avec le bonheur de quelques arc-en ciel. Un temps nécessaire à vous ouvrir un espace qui répare pour permettre de former votre précieux équilibre à mi-chemin entre ce qui est à préserver précisément et ce dont il va être bon de s’alléger - un peu, beaucoup, voir complètement.
La proposition principale dans ce temps-là est de vous concentrer sur ce qui vous est bénéfique au présent et de mettre à distance - autant que faire ce peut - tout ce qui peut représenter un frein à retrouver durablement votre énergie et votre bien-être afin de libérer un espace suffisant pour engager une réflexion aussi sereine que possible et préparer le terrain des prochaines étapes à venir.
En effet, en octobre l’été indien est bien là, ces quelques périodes très ensoleillées et aux températures douces pour la saison, après les premières gelées de l’automne et juste avant l’hiver. Pour autant le soleil s’est déjà raréfié dans sa durée pour permettre doucement à l’hiver qui lui succèdera de faire son travail de mise en sommeil, le temps d’aérer la terre, de la régénérer, et se défaire de ce qui lui est nuisible. Il se peut que dans ce temps-là vous alterniez entre moments d’espoir, de mieux avec ceux de doutes et de peurs. D’ici-là, pour donner toutes les chances à la saison d’après de faire à son tour son oeuvre de façon optimale, permettre une floraison au printemps et récolter vos fruits d’été vers un retour à l’emploi, c’est au présent que ce cycle est à vivre pleinement.
Vous savez que vous y êtes lorsque ces premières lueurs d’énergie vitale sont en résurgence de plus en plus régulièrement et viennent enfin vous réchauffer : vous pouvez de nouveau les percevoir avec soulagement. Et cela, bien que vous sentiez qu’elle n’est pas encore en quantité suffisante pour que tout re-fonctionne de façon fluide durablement et qu’il lui faudra encore du temps pour revenir complètement avant la venue de votre nouveau printemps. Certaines de vos fonctions peuvent encore être affectées à ce stade (cognitives (concentration, mémoire, …), émotionnelles, physiques (tensions, douleurs, …), etc. …). Pour autant vous ressentez l’envie de faire ces premiers pas en vous engageant sur le chemin de votre reconstruction et vous vous en sentez la capacité.
En cette saison d’automne, vous avez donc déjà refait un tout premier pallier de réserve d’énergie pour commencer à comprendre ce qui vient de vous arriver et amorcez un premier point - voir une première mise au point - en ajustant l’objectif de votre appareil prêt à capturer les transformations qui sont déjà à l’oeuvre. Arrivé-e-s à cette étape, vous savez et avez compris au plus profond de votre chair et de votre esprit que votre corps, votre tête et votre coeur fonctionnent - depuis toujours - de concert et que cette triade indissociable vous accompagne en tout temps et en tout lieu, elle s’invite donc aussi sur votre lieu de travail. Reconstruire leurs harmonies vous permettra de trouver la mélodie du futur chemin de vie professionnelle qui vous animera le plus lorsque le moment sera venu - ce qui n’est pas encore le cas à cette étape.
Pour vivre cela du mieux possible, je vous invite à une balade en forêt pour observer ses camaïeux de couleurs avec une attention portée à quatre dimensions. Le tout en restant vigilant-e à parcourir seulement ce qu’il vous sera possible dans chacune d’elles et à votre propre rythme. À cette étape, vous allez apprendre fabriquer votre nouvelle boussole en autodidacte pour vous repérer dans cette forêt et y trouver votre propre chemin. Ce premier prototype vous sera utile pour poser les premiers jalons de ces nouveaux repères et de votre repaire sur lesquels prendre appui pour les autres étapes de reconstruction qui suivront.
Les premiers pas du lâcher-prise pour…
Lâcher-prise : c’est le premier point cardinal de votre boussole. Et, au-delà de l’énoncer, comment le permettre? Continuer de composer avec cette nouvelle réalité qui est la vôtre actuellement, qui a impacté et continue d’influencer l’ensemble des sphères de votre vie et aboutira à terme - le moment venu - au réajustement ou à la nouvelle définition de votre identité professionnelle va vous y aider. Tout comme choisir consciemment de ne pas s’engager sur des chemins qui deviennent des impasses en direction des extrêmes dans le fait par exemple de se résigner complètement ou à l’inverse de s’acharner, et/ou de considérer que le burn-out est devenu votre identité. Et ce, même si cette sensation de vide vertigineux et de silence se présente et qu’elle est souvent à contre-courant du rythme effréné cadencé de notre société actuelle. Car c’est précisément ce vide-là qui va progressivement vous permettre de ramener du plein et devenir fertile dans cette reconstruction dont vous êtes l’auteur-trice.
Votre priorité dans ce lâcher-prise va être de préserver l’énergie regagnée et de continuer à refaire vos stocks avec des temps de repos et de ressourcement. Chaque fois que des pics de fatigue se feront sentir, c’est à eux que vous répondrez en priorité quitte à dire non et à reporter ce que vous aviez prévu. Parfois, ce n’est pas parce qu’on en a la forte volonté que toutes les pleines capacités sont toutes redevenues opérationnelles et c’est aussi un temps à accueillir. Le repos va être directement lié au sommeil et dans les temps d’éveil au savoir ne « rien faire ». Si nous prenons la métaphore de la châtaigne : ces premiers fruits d’énergie ont muris lentement bien protégés dans leur bogue et ne s’ouvre pour les libérer que lorsque le temps est venu. Ce sont ces châtaignes nourrissantes qui tiennent au corps, et leurs voisines les noisettes que vous allez mettre précieusement en réserve pour vous permettre de parcourir plus sereinement votre chemin de résilience. Faire griller trop vite toutes vos châtaignes si précieusement regagnées vous exposerait à un risque de re-puiser dans ce stock d’énergie qui n’est qu’en cours de réapprovisionnement : il est urgent de doser et … de prendre le temps qu’il vous sera nécessaire dans cette reconstruction.
Tout l’enjeu va alors résider dans la stratégie de construction de votre garde-manger. Avec une priorité pour permettre tout le reste : la pierre angulaire c’est un temps de qualité pour votre repos afin de continuer de recharger vos batteries - voir de les restaurer en premier avant la recharge si elles ont été abimées.
Pour favoriser ce lâcher-prise, voici quelques propositions de pistes à tester et à ajuster au fil de l’eau qui peuvent vous aider à vous mettre sur la voie pour composer avec cette situation, avec vous-même et avec celles et ceux qui vous entourent.
Par exemple, cela peut être de faire le point sur :
• de quel temps de repos ai-je impérativement besoin au quotidien actuellement?
• qu’ai-je besoin en priorité de mettre en place / aménager / modifier etc. … pour m’assurer que mon repos soit de qualité?
• quelle alimentation je choisis?
• quelles sont mes limites dans ce que je suis en capacité de faire au quotidien?
• qu’est-ce que je peux déléguer et à qui?
Recommandé par LinkedIn
…observer tomber les feuilles…
Laisser-tomber : c’est un deuxième point cardinal dédié à ce que vous puissiez dores et déjà identifier ce qui vous prends définitivement beaucoup trop d’énergie pour arpenter le chemin et vous concentrer sur les essentiels dans lesquels vous recentrer en fonction de vos besoins et de vos envies. C’est faire le tri des coquilles de noisettes vides pour garantir des provisions durables et nutritives, c’est contempler les feuilles qui chutent au sol en résistant à la tentation de les ramasser toutes. Vous êtes a priori toujours hors de l’espace et du temps de l’entreprise à cette étape. Cela peut encore s’avérer frustrant et vous allez pourtant aussi apprendre à y développer une compétence précieuse - et jusque-là probablement inhabituelle pour vous - : faire « rien » car vous avez en octobre pris toute la mesure des risques que vous persisteriez à vous faire encourir dans le cas où les choses resteraient comme « avant ». Pour ce faire, vous pouvez vous demander : qu’est-ce qui m’aiderai à apprendre à m’accorder des temps pour ne rien faire dans l’optique de permettre à mon corps et à mon esprit de se relâcher et de se recharger pour de vrai? Qu’est-ce que j’ai besoin de « laisser-tomber » pour diriger mon attention sur ce que cela va venir faire fleurir ensuite?
Lutter renforce souvent ce contre quoi nous luttons et, surtout, représente une perte d’énergie conséquente alors qu’elle vous est plus que précieuse à cette étape. Et, lorsque vous faites cesser cette lutte, en laissant tomber ce qui vous est énergivore, cela vous permet de laisser la place pour autre chose de plus utile pour vous.
Pour plusieurs des personnes que nous accompagnons dans leur chemin de reconstruction, ce terme « laisser-tomber » peut être délicat au premier abord car il fait écho à un vécu encore récent dans leur histoire professionnelle. Il est fréquent de rencontrer une forte conscience professionnelle combinée à des exigences élevées parfois accompagnés de leur acolyte - la culpabilité - qui ont pu complexifier pendant un bon moment l’acceptation d’un arrêt nécessaire des activités professionnelles. Et ce en dépit parfois des quelques alertes lancées par des personnes attentives et sincèrement bienveillantes à leur égard que cela soit dans l’entourage professionnel, personnel ou même le médecin traitant, qui était difficilement entendue du fait d’un phénomène de déni inhérent au processus de burn-out. « Comment est-il possible que cela ait pu m’arriver alors que j’ai mis tant d’ardeur et un point d’honneur à être un-e professionnel-le exemplaire, efficace, accompli-e, reconnu-e, sur tous les fronts, etc. …? » Je ne peux pas « les » laisser tomber. Mettre derrière « les » - au choix : mon entreprise (si vous être votre propre chef-fe), l’entreprise qui m’emploie, mes collègues, l’équipe dans laquelle je travaille, ma famille, le-s proche-s dont je m’occupe, mon projet / mes objectifs / mes ambitions professionnel-s, etc. … ». À tout cela des faits parfois très concrets : ils sont déjà eux-mêmes « sous l’eau » selon l’expression sous-marine consacrée en milieu du travail, ils ont « besoin de moi », je ne peux pas « leur en rajouter » ni « échouer » après « tout ça ».
Pourtant, il va être déterminant de déposer tout cela et de remettre aussi toutes ces pensées à la terre pour alléger votre sac à dos et vous permettre de poursuivre cette acceptation de ce qui est, que vous n’avez pas choisi de rencontrer ces problèmes de santé-là. Au contraire, vous avez souvent été forts-tes sur de trop longues durées en étant confronté à répétition a des situations de stress chronique et intense. Continuer de vous accorder in fine - y compris dans le temps de votre reconstruction - le droit d’être humain-e - en intégrant que votre énergie - aussi conséquente qu’elle ait pu être - n’est pour autant pas illimitée. Cela signifie par exemple, pour les personnes qui étaient dans la suractivité, d’accepter que cette étape de reconstruction se fasse sur un mode différent sans être dans une surenchère de moyens multiples déployés mais davantage en allant à l’essentiel, en se délestant pour n’utiliser que le nécessaire et d’entrer dans une stratégie d’économie et d’optimisation de votre énergie.
…baliser votre chemin…
Ancrer est le troisième point cardinal de votre boussole en cette saison. Au cours de cette marche douce au vert et au grand air d’octobre, vous allez aussi commencer par vous remettre au centre de vos préoccupations, (ré)apprendre à devenir pleinement votre premier soutien et vous accorder un espace pour ce faire et du temps consacré à cela avec des temps de pause.
Comment construire ces nouveaux repères qui vont jalonner votre chemin de reconstruction?
Vous pouvez amorcer un mouvement naturel en refaisant progressivement alliance avec votre corps : chaque activité qui l’engage va favoriser et stimuler toute sa sensorialité au travers de ses cinq sens et va ainsi favoriser vos ancrages. Au-delà du repos c’est se fier à ses envies qui émergent et tester ses capacités à faire des petites choses - dans une durée et avec une intensité raisonnable (les vôtres) - qui vous ressourcent et dans lesquelles vous retrouvez peu à peu plaisir puis en instaurer progressivement une régularité. À savoir que ces temps dédiés à vous ressourcer vont demander quand-même un minimum d’énergie même si elles vous redonnent du baume au coeur et un élan de motivation. Pour certains-nes ce sera faire une courte marche et si l’on prend le thème de notre balade cela pourrait donner : qu’est-ce que je vois? quel paysage j’apprécie particulièrement? quelles odeurs me sont agréables? quels sont les sons me parviennent? quelle sensation me procure de tenir ce cailloux dans ma main que j’ai ramassé sur le chemin? Tiens je sens un pic de fatigue, je fais une pause, etc. … . Pour d’autres ce sera jardiner, une activité manuelle, écouter de la musique, chanter, etc. … .
Vous pouvez en parallèle poursuivre en vous réservant un lieu rien qu’à vous, qui soit un refuge pour vous et dans lequel vous vous sentez en sécurité. Par exemple : y-a-t-il chez vous un espace dont vous êtes seul-e à disposer et dans lequel vous pouvez vous rendre au besoin pour vous permette de vous retrouver, de vous recentrer, pour vous reposer, de vous ressourcer et qui soit l’écrin tranquille de vos réflexions? Si non, quelles sont les possibilités de vous l’aménager? Ou de trouver un endroit qui ait une fonction similaire?
…et choisir vos compagnons de route…
Faire vos réserves est le quatrième point cardinal de votre boussole et pour ce faire, choisir vos compagnons de route pour cette balade en forêt va en renforcer la sauvegarde.
Dans cet automne-là, bien vous entourer vous permettra de refaire efficacement vos stocks. Ces personnes ressources sont précieuses sur votre chemin de reconstruction et ce même-si vous aviez auparavant des difficultés à savoir demander de l’aide.
Les professionnels de santé - et particulièrement celles et ceux qui ont une bonne compréhension de ce qu’est le burn-out - sont vos premiers repères et ce tout au long de votre reconstruction, à commencer par votre médecin qui a posé le diagnostic et pris la décision de vous arrêter. Ce peut aussi être votre kinésithérapeute pour soulager vos douleurs physiques, votre psychologue pour cheminer sur les aspects émotionnels et psychiques et éventuellement en complément quelques thérapeutes de votre choix - en veillant à doser cela aussi pour ne pas vous retrouver dans cette reconstruction sur tous les fronts en même temps non plus.
Les personnes ressources peuvent également se trouver au sein de votre entourage familial, amical, ou social au sens large et vous commencez à avoir suffisamment d’énergie pour apprécier de re-commencer à partager quelques bons moments et à y voir plus clair sur:
• quelles sont les personnes qui me soutiennent dans ce chemin? qui, même si elles ne comprennent pas toujours ce qui m’arrive, sont réellement présentes à mes côtés? sur lesquelles je peux compter? qui me laissent aller à mon rythme dans cette étape, sans y porter de jugement?
• et/ou à l’inverse, avec qui aurai-je besoin dans l’intérêt de ma reconstruction de temporairement prendre de la distance?
Au milieu de ce cycle d’automne, vous êtes donc davantage en capacité de vous écouter, de renouer avec vos émotions, d’approfondir votre connaissance de soi et du cheminement que vous avez parcouru jusque-là et de faire des prises de consciences utiles pour bâtir la suite. Tout ceci étant un terreau favorable pour nourrir votre réflexion et faire le tri de ce qui vous convient ou ne vous convient plus, d’identifier et ce qui constitue votre singularité mais aussi ce qui vous met en risque. Écrire pourra enfin être un compagnon de route efficace pour noter votre cheminement et les réflexions qui en ressortent. Vous pouvez alors commencer à percevoir cette prise de distance et renouer avec votre bon sens pour voir les prémices des premières idées qui s’enclenchent comme : à quoi je vais particulièrement être vigilant-e à l’avenir et particulièrement sur le plan professionnel? quelles particularités dues à mon contexte précédent m’ont mis en difficultés? qu’est-ce qui serait plus juste, meilleur pour moi et plus en adéquation avec la préservation de ma ma santé et de mon épanouissement?
Le réseau RPBO© et l’ensemble de ses consultants-tes sont à vos côtés aussi en octobre pour vous accompagner dans ce cycle-clé et déterminant de votre futur professionnel.
Isabelle
1 ansTrès bel article. Félicitations. Utiliser l'automne pour nous expliquer la reconstruction après un burn out est une très bonne idée.
𝗗𝗥𝗛• Manager de Transition • Consultante RH & Coach Professionnel accréditation EMCC • Consultante RPBO© • Certifiée Moteurs SISEM
1 ansbravo SAINBIOTE • Fanny Matournaud 👍